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Le Citoyen comme sentinelle du système capitaliste ?

stirnerfreuk, Viernes, Noviembre 29, 2002 - 13:49

stirnerfreuk

Le citoyennisme peut-il réellement représenter un réel rapport de force face à l'hégémonie du capitalisme ? L'omniprésence et l'omnipotence d'un système aux mille visages (publicitaire, démagogique, voire militant) peut-il être combattu avec une force intégrée, un mouvement prenant naissance en son sein, grâce à ce dernier ?

Ce texte n'a d'autre but que d'analyser un problème d'actualité, soit celui du citoyennisme. Ce mouvement prolifère à une vitesse phénoménale et se présente comme étant la seule alternative réaliste pour faire front à l'exploitation capitaliste et l'assaut néo-libéral. Cependant, le citoyennisme prends racine à l'aide des armes et outils du capitalisme moderne, soit le droit, la justice, l'État, etc. Il revendique sa légitimité au nom d'un idéal de représentation universelle. Le Citoyen est ce personnage qui joue au porte-parole, à l'avant-garde conscient et pleinement informé des problématiques socio-politiques. Le Citoyen va même plus loin. Il récupère tous les débats afin de fabriquer un melting pot d'idées éparses, un amalgame syncrétique, qui, par la suite, fera figure de discours absolu et crédible. Le Citoyen construit sa légitimité sur l'ambivalence, l'ambiguïté et l'équivoque. Le citoyen - militant incarne la conscience éclairée et il devient le symbole de l'individu responsable et modéré. Il est politically correct et négocie avec les représentants politiques dans le but de se faire une place au sein du jeu politique démocratique. Le citoyen n'ébranle pas les structures répressives d'une société à caractère totalitaire (en l'occurence toutes les sociétés capitalistes), il s'insère dans la logique même de celle-ci en gravissant les échelons de l'hiérarchie pour devenir un personnage crédible et écouté. Le citoyennisme prône la tempérance et la modération, le compromis et la négociation. Cependant, ce même citoyen ne représente aucunement la voix du prolo, la voix du clodo, la voix du lumpen, bref, la voix des classes surexploitées de cette société exclusive. Donc quel genre de négociation peut exercer un Citoyen si ce n'est celle de la collaboration ? Le Citoyen est un parvenu, un petit-bourgeois qui joue la carte de la responsabilisation et de la sensibilité pour arriver à ses propres fins (améliorer ses conditions de vie matérielle, se hausser au-dessus de la "masse", se démarquer, se faire remarquer par ceux qui peuvent lui procurer une ascension quelconque, etc.) Le Citoyen est un arriviste qui se sert de l'apparente misère et pauvreté pour se faire du capital politico-social. Son but n'est pas d'enrayer vraiment les inégalités et de modifier les bases du système qui en est la cause, mais bien plutôt de se frayer une place sur l'échiquier socio-culturel. Le Citoyen prétends détenir le monopole de la contestation, il connaît les dossiers et sait à qui s'adresser "pour faire bouger les choses". Le citoyen utilise la réthorique pour paraître légitime, il crée des polémiques sur des détails pour montrer qu'il s'active. Le citoyen récupère, recycle, consomme bio, juge ceux qui ne le font pas, stigmatise les déviants, fait peser tout son poids moral sur les exclus, etc. Attention, je ne dis pas que récupérer, recycler, consommer bio, etc. sont des choses mauvaises en soi. En fait ce sont au contraire, dans le type de société surconsommatrice dans laquelle nous vivons, d'excellentes habitudes à prendre. ce que je veux dire c'est que le citoyen en fait ses principales armes, il expose son mode de vie responsable comme étant l'exemple à suivre, il s'offre en modèle. Le citoyen ostracise les immatures, il est adulte et responsable et désire faire parvenir les autres à son niveau d'élévation personnelle. Il est un standard, la norme, La SOLUTION. Enfin, on voit que ce texte n'a d'autre utilité que cerner les principaux éléments du citoyennisme et critiquer l'attitude condescendante, prétentieuse, pédante, complaisante et conre-révolutionnaire du personnage supposément conscient et éclairé que l'on nomme citoyen. Ma critique ne sert, je crois, qu'à remettre les pendules à l'heure et démontrer que le citoyennisme ressemble à une forme de sectarisme et adopte une attitude plutôt réformiste et anti-radicale. Le citoyen exclue en effet plusieurs personnes de sa lutte puisque n'est pas citoyen qui veut. Une éthique du citoyen existe informellement. Un bon citoyen consomme de manière responsable, travaille assidûment pour sa cité, investit temps, énergie et $ à renforcer le système en faisant mine de le critiquer, etc. Dans le contexte social actuel (atomisation, narcissisme généralisé, médiatisation de tout et de rien, etc,) il est normal de voir grandir un mouvement citoyen pacifiste, car les individus ont besoin d'approbation dans leurs styles de vie respectifs, de se sentir impliqué, engagés dans quelque chose de plus large que la sphère privée, de se sentir appartenir ;a quelque chose de plus en plus fuyant (la société). Cependant, Les égos trips des citoyens et les récupérations du mouvement militant par certains citoyens hyper-narcissiques (ex:P.Duhamel) contribuent à faire stagner la protestation plus radicale et pro-active. Le mouvement citoyen est réactif (donc réactionnaire) et, lors de manifs de toutes sortes, discréditent et blâment les "extrémistes" (comme ils appellent ceux qui s'attaquent directement à la propriété privée et aux symboles de domination - Mass medias -). Ils s,approprient les débats, les enjeux et freinent ainsi l'élan d'une plus radicale mobilisation, d'un mouvement, qui lui, tente d'éradiquer le capital, de déstabiliser les moeurs capitalistes et bourgeoises, de contrer la marchandisation du monde, etc. Bref, c'est pourquoi je suis convaincu que si quelconque action ou mouvement a des chances de créer un sentiment révolutionnaire et de vraiment s'imposer comme force réelle face au capitalisme oppressant, ce n'est pas le citoyennisme, qui est plutôt un agent du système, une sentinelle qui veille au maintien de l'esclavage industriel et à la survivance de l'État et du système économique néo-libéral dans lequel nous nous noyons chaque jour.

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