|
Victoire du colonel Lucio Gutierrez en EquateurRoberto, Lunes, Noviembre 25, 2002 - 22:12
indymedia Équateur
«En Equateur la démocratie a été réduite aux élections; les candidats trompent les gens avec toute leurs fausses promesses qu'ils n'accomplissent jamais. Une fois que les candidats arrivent au pouvoir, ils oublient le peuple et ils utilisent leur puissance à leur propre avantage personnel.» Lucio Gutiérrez, 17 mai 2000 Ces mots ont été prononcés il y a deux ans par Lucio Gutiérrez, élu hier comme président de l'Equateur, propulsé au pouvoir grâce à l’appui d’un réseau de groupes populaires, d’organisations paysannes et d’officiers militaires autochtones. Alors que ses supporters venaient célébrer cette victoire au centre des expositions de Quito dimanche soir, des questions restaient en suspens : est-ce que la prophétie de Lucio hantera sa propre direction du gouvernement ? Lucio doit sa présidence à la confiance et au support des groupes sociaux longtemps sceptiques de la politique institutionnelle. Il a gagné par 54.3% contre 45.7% pour l’opposition du président millionnaire sortant, Alvaro Noboa. Qui vivra verra s'il mérite cette confiance. Pour le moment, les pauvres de l'Equateur (qui constituent presque les trois quarts de la population de 12 millions) peuvent savourer leur victoire. Ils ont mené au pouvoir un ancien colonel de l'armée qui a participé à la tentative de coup d’état populaire de janvier 2000 qui avait été fortement appuyée par les secteurs autochtones du pays dégoûtés des politiques de rationalisation (suivant le modèle du FMI) qu’appliquait le gouvernement équatorien. Le soulèvement a renversé la présidence de Jamil Mahuad, qui a fui le pays, pour amener le gouvernement temporaire de Alvaro Noboa qui était alors vice-président. «Pendant les quatre années du gouvernement nous avons la possibilité de commencer à construire une démocratie participative, qui radicalisera la démocratie que nous avons maintenant», dit Jose Encalada, directeur des relations internationales de la CONFEUNASSC, la Confédération nationale pour la sécurité sociale des campesinos (paysans), un défenseur de Lucio. Le parti de Lucio, le mouvement patriotique du 21 janvier, a fait campagne en alliance avec Pachakutik, le bras politique pluri-national des campesinos de l'Equateur, avec l'aide de groupes autochtones ayant une présence forte au congrès. Au centre de cette alliance se trouvent 16 groupes de travail, auxquels participent 1 000 personnes, qui ont travaillé quotidiennement sur un plan de gouvernement que Lucio présentera à la mi-Décembre. C’est à ce moment-là que les gens de l'Équateur en apprendront plus sur l'ordre du jour de Lucio. Son attitude changeante a récemment rendu des observateurs impatients. Bien que le modèle pour le mouvement patriotique du 21 janvier exige le rejet «de la globalisation néolibérale, et de n'importe quelle forme d'intervention externe par des puissances étrangères», le nouveau président a semblé mettre de côté son radicalisme entre le premier et le second tour des élections. En début novembre, Lucio a enlevé son habit militaire (ou son équipement de safari, comme le dit son rival, Alvaro Noboa, un entrepreneur du secteur des bananes), mis un costume cravate et voyagé dans trois villes des États-unis, rencontrant des fonctionnaires du FMI, assurant un groupe d’investisseurs à New York qu'il n'était pas «un populiste, mais plutôt populaire.» Ce qui est sûr c’est que Lucio doit sa popularité et son appui à sa condamnation des réformes du FMI qui ont estropié l'Equateur, appauvri 65% de la population, laissant 32% sous-employés et forçant un exode de 2 millions de personnes, qui sont allé chercher du travail dans d'autres pays. L'amitié de Lucio avec les «gardiens» du néolibéralisme (il a promis pour travailler avec le FMI pour fixer un module d'aide de $240 millions) peut le rendre populaire à Wall Street, mais pourrait diminuer sa capacité de réaliser des promesses de campagne. «Je pense que dans quelques mois, peut-être quelques semaines, les gens seront trompés», remarque Simón Pachano, un politologue du FLASCO (un groupe d’analystes et de chercheurs) de Quito. Il a dit à Indymedia Équateur la semaine dernière : «je pense que le conflit principal pour Gutiérrez sera avec ses propres supporters.» Lucio a professé le désir d'amplifier le secteur pétrolier de l'Equateur, ce qui pourrait lui aliéner l’appui des groupes autochtones déplacés par les projets en cours, comme celui de l’OCP, qui est supposé doubler les exportations de pétrole de l'Equateur, détruisant des écosystèmes amazoniens et des terres indigènes dans le processus. À la télévision locale, Lucio s’est montré ferme dans son but de solidarité nationale : «mon gouvernement va en être un d'unité nationale. Il inclura les hommes d'affaires honnêtes, les banquiers honnêtes et les mouvements sociaux.» Si tout va bien, la gestion de Lucio l'aidera à honorer son engagement avec les groupes du parti Pachakutik. Au centre des expositions de Quito dimanche, des douzaines de supporters ont amené la bannière colorée de Pachakutik, dansant avec des centaines de fêtards. Dans une plus petite salle prévue pour une conférence de presse avec Lucio les organisateurs se sont soudainement aperçu qu’ils avaient oublié quelque chose : ils avaient seulement placé sur les murs le drapeau de l’Équateur et le drapeau vert et rouge du mouvement patriotique du 21 janvier. Quelques heures plus tard, une bannière de Pachakutik a été ajoutée au mur. Pour le moment, les groupes tels que la CONFEUNASSC sont compréhensifs des concessions internationales de Lucio. «Nous savons que le colonel Gutiérrez a certains engagements avec différents groupes économiques puissants. Et bien que certains de ces groupes économiques puissent être plus modérés que d’autres... nous savons également que nous ne pouvons pas nous convertir en île isolée», dit Encalada de la CONFEUNASSC. Pour Encalada, la présidence de Lucio fait partie d'un processus historique qui est simplement un autre pas dans une logique prudente et électorale. C’est seulement en 1995, après une réforme constitutionnelle qui a tenu compte de la création de partis indépendants, un mouvement menant à la naissance de Pachakutik, que les groupes campesinos et autochtones de l’Équateur ont décidé d’adhérer à la politique électorale. «C'était alors que nous avons décidé que le but était d'être, et d’être réellement, le gouvernement. Pour assurer le gouvernement», dit Encalada. Sept ans après, ce but a été accompli. Un homme appuyé par les plus pauvres de l'Equateur est devenu président. Ils lui ont donné sa puissance, et s'il écarte du chemin il peuvent lui enlever cette puissance.
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|