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Quand le rêve se mue en cauchemar...

Anonyme, Domingo, Octubre 27, 2002 - 14:34

Olivier Roy

Je devais séjourner en Palestine pedant un mois pour aider les Palestiniens à cueillir leurs olives, mais les autorités israéliennes en ont décidé autrement et c'est sous escorte policière que j'ai été expulsé du pays.

Dans le cadre de la Campagne de solidarité avec le peuple palestinien, organisée par l'Union des Comité de Travailleurs Agricoles (UAWC), je devais séjourner en Palestine entre le 23 octobre et le 24 novembre. Ma participation à cette campagne représentait pour moi la réalisation d'un très grand rêve, peut-être le plus grand de ma vie. J'aurais enfin la possibilité de poser des gestes simples mais concrets pour aider les Palestiniens, abandonnés de tous. Aller dans leurs oliveraies, les aider pour la cueillette, vivre avec eux, vivre leur réalité quotidienne, et non pas en entendre parler dans les médias occidentaux. J'avais une chance de voir par moi-même, mais aussi de comprendre. Comprendre humainement la situation de ce peuple. La veille de mon départ, j'ai lu l'article de Silvia Cattori "Ils nous donnent plus que ce que nous ne pourrons jamais leur donner" (voir lien). C'était comme si j'y étais déjà. Quelques heures plus tard, j'ai lu le communiqué du Palestinian Agricultural Relief Comitee(PARC), concernant l'interdiction faite aux paysans palestiniens de cueillir leurs olives (voir lien); Ce fut le début de la fin, si je peux m'exprimer ainsi.

Le lendamain matin, j'ai donc embarqué dans mon avion à Paris avec un mélange assez peu compatible de grand enthousiasme et de véritable angoisse. Le rêve opouvait-il vraiment tourner en cauchemar? Qu'arrivera-t-il pendant que j'y serai? Il venait d'y avoir un attentat plutôt meurtrier. Il y avait (et il y a encore...) cette situation irréelle où les puissances de ce monde négociaient sur les modalités d'une future guerre contre l'Irak. Et tout le reste...

Lors de ma correspondance à Vienne, j'ai été interrogé pendant une demi-heure par deux agents de sécurité. Ils ne comprenaient pas que je veuille faire cela. Ils ne comprenaient pas que je fasse confiance à une ONG que je ne connaissait que par le biais d'Internet. Mais ils ont fini par me laisser passer. Laissez-moi vous dire que, pendant les trois heures de vol entre Vienne et Tel-Aviv, je ne me sentais vraiment pas bien. La fièvre succédait aux frissons et vice versa. Je voyais mon rêve s'estomper devant moi. Je savais que le pire était à venir: les agents de sécurité à l'aéroport Ben Gourion. J'avais déjà fait leur connaissance il y a trois ans pendant un court voyage dans la région. Je n'en avais pas gardé un bon souvenir...

Mes deux pieds étant maintenant sur le tarmac de l'aéroport, je vois cet agent de sécurité qui s'avance vers moi et me dit qu'il n'a que quelques questions à me poser. Dès lors, j'ai compris que mon séjour en Palestine se terminerait ici. Restait à savoir comment cela se passerait. Je ne m'attendais pas à cela. Ce premier agent m'a laissé prendre l'autobus pour me rendre à l'aérogare, mais pendant que j'entrais dans l'autobus, je le voyais parler dans son "walkie-talkie". Comme je m'en doutais, à peine franchi la porte de l'aérogare, une agente de sécurité s'avança vers moi. Elle aussi avait des questions à me poser. Curieusement, ils posent tous les mêmes questions. Pourquoi ne pas aller au Tibet si tu veux aider un peuple? Probablement parce que le Chine ne me laisserait pas entrer! Elle m'a amené au guichet de contrôle des passeports pour le personnel des avions. Quelque chose n'allait pas. L'employée qui y était a estampillé mon passeport, mais je n'ai pas pu voir ce qui y était indiqué, car une policière est entrée dans le guichet et a pris mon passeport en m'indiquant de la suivre. Devinez? Elle avait des questions à me poser! Elle est ensuite entrée dans un bureau, en me disant d'attendre à l'extérieur. Une dizaine de minutes plus tard, un homme ouvre la porte et m'appelle? J'entre. Ils étaient deux dans le bureau, du Ministère de l'Intérieur, et ils avaient des questions à me poser. Ils ont fini par me dire qu'ils me renverraient dans le premier avion. On m'a interdit l'entrée dans le pays. Elle m'a expliqué qu'ils avaient reçu l'ordre d'expulser tout étranger qui venait en Palestine pour aider spécifiquement à la cueillette des olives. On m'a alors trimballé de bureau en bureau. J'ai particulièrement aimé leur carte géographique, sur laquelle il n'y a aucune délimitation ou démarcation entre Israël et les Territoires occupés... Ensuite, ça a été le tour de la fouille de mes bagages et de moi-même, avec un policier continuellement à mes côtés. Je dois être plus dangereux que je le crois! Je ne m'attendais pas du tout à ce qui allait suivre.

Toujours escorté de mon policier, on m'a amené dans la "prison" de l'aéroport. J'y ai passé 22 heures en garde-à-vue, dans cette "cellule-dortoir" où je ne pouvais faire que six pas, avec ses deux fenêtres à barreaux et la petite fenêtre dans la porte pour que le policier puisse vérifier de temps en temps que je ne m'étais pas échappé. Bien sûr, ce n'est rien à côté de ce que vivent les centaines de prisonniers politiques palestiniens dans les geôles israéliennes, mais c'est tout de même dur à vivre quand mon seul "crime" a été de vouloir aider les Palestiniens. Le lendemain après-midi, ils sont venu checher mon sac à dos pour l'enregistrement. Peu avant que ce soit à mon tour de partir, le policier a laissé la porte ouverte, me disant que je n'étais pas en prison, m'offrant une cigarette, me laissant regarder le bulletin de nouvelles de CNN (je ne me demande pas pourquoi les Etats-uniens sont si paranoïaques et ignorants) et allalnt même jusqu'à me montrer un tour de magie! Non!non!il n'a pas fait disparaître Sharon ni Bush... Il semblait plutôt fier de m'annoncer que le sniper suspecté de Washington s'appelle Mohamed et que des Tchétchènes détenaient des otages à Moscou. "Partout où il y a des musulmans, il y a des problèmes!" C'est comme avec les colons juifs, que je lui ai répondu. Il a baissé la tête en marmonant je ne sais trop quoi.

Le moment du départ était maintenant venu. J'espérais qu'il m'escorterait à travers l'aérogare, pour que les gens puissent voir. Mais non, les yeux israéliens doivent être trop délicats pour voir cela. Ils m'ont transféré dans une voiture de police, conduit jusqu'au pied de l'avion à bord duquel je suis monté avant que les passagers arrivent, escorté par un officier, sous les regards interrogateurs du personnel de bord. L'officier a remis mon passeport au commandant de bord, et ce n'est qu'à Vienne que j'ai pu le récupérer, après un cafouillage qui m'a presque fait perdre ma correspondance pour Paris.

Mon rêve s'est bel et bien transformé en cauchemar. Je m'attendais à y trouver un peu d'espoir pour cette humanité malade, en côtoyant les Palestiniens. Je n'y ai trouvé que de la fange, de la pourriture qui n'a rien de noble, en côtoyant des agents de sécurité, des policiers, des automates à peine pubères pour la plupart, qui sans leur arme ne sont rien. C'est peut-être là le problême. C'est peut-être pour ça que les Israéliens s'imaginent que c'est par la force seulement qu'ils peuvent faire plier les Palestiniens. Il fut un temps au cours duquel les Juifs, peuple sans armes vivant dans des ghettos, ne se sont pas défendu devant son oppresseur, son bourreau. Aujourd'hui, ils pensent qu'en faisant de même avec les Palestiniens, ils en viendront à bout. Ils sont largement sans armes, vivent dans des villes et villages qui ressemblent drôlement à des ghettos, et font face à un adversaire infiniment plus puissant. Mais les Palestiniens ne se laissent pas faire et ne se laisseront pas faire.

Malheureusement, j'aurais voulu être de ceux qui ont la chance de vivre l'ardeur, l'intensité de ce peuple. Je ne peux donc qu'essayer de m'imaginer à la place de ces volontaires, en sachant que ce n'est pas demain la veille que je pourrai remettre les pieds dans ce pays... Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à ces paysans Palestiniens, qui ont reçu l'interdiction de cueillir leurs olives, fruit qui représente tout pour eux en plus d'être une de leur dernières sources de revenus. Ces paysans qui tenteront peut-être de défier cette interdiction, s'exposant à être tué par des colons qui parasitent leur terre ou même par des soldats. Ces paysans qui verront peut-être leur terre détruite par les chars israéliens. Ces paysans pour qui la présence de volontaires est souvent le seul moyen de défense en plus d'être une lueur d'espoir dans leur monde fait de destructions, de pillages, de blessures et de morts.

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