Un débat au sujet de la décriminalisation de la prostitution anime le mouvement féministe du Québec depuis un bon moment. Il a pris une nouvelle tangente à la suite de l'Assemblée générale annuelle de la Fédération des femmes du Québec, dont le déroulement démocratique a été mis en cause.

Le débat se poursuit présentement sur le site internet Sisyphe, où Élaine Audet et Micheline Carrier ont publié un article, s'interrogeant sur le processus de réflexion et de formation mis en place par la Fédération des femmes du Québec (FFQ). Selon les témoignages que les auteures ont obtenus après l'Assemblée générale annuelle de la FFQ, le 22 septembre dernier, un groupe minoritaire favorable à la prostitution aurait imposé son point de vue au détriment d'autres groupes de femmes membres de la FFQ.

La présidente de la FFQ, Madame Vivian Barbot, a démenti ces allégations et affirmé que tout s'était déroulé dans le respect et l'harmonie. Tout le monde a pu s'exprimer librement, dit-elle, ce qui a favorisé le consensus sur certains points. À l'issue de l'AGA, la FFQ a émis un communiqué qui laissait croire, en effet, que tout baignait dans l'huile.

La chercheuse Yolande Geadah, présente à l'AGA et qui suit le processus de réflexion de la FFQ depuis ses débuts, ne partage pas tout à fait cet avis. Elle explique que toutes les étapes de ce processus n'ont pas été démocratiques, parce que la position pro-prostitution était sur-représentée. Ce processus s'est déroulé, dit-elle, au détriment des groupes et des personnes qui refusent d'accepter la prostitution comme un travail ordinaire ainsi que l'appellation «travailleuses du sexe». Dans une lettre ouverte adressée aux membres du C.A. de la FFQ , Y. Geadah analyse longuement les failles de ce processus et conclut que les dés étaient pipés d'avance.

De son côté, Françoise David répond aux questions que se sont posées Élaine Audet et Micheline Carrier quant à l'orientation de la tournée de formation qu'elle a présidée au cours de la dernière année. On peut lire les interventions de Mme David et de Mme Barbot, et les réponses d'É. Audet et M. Carrier, à la suite de l'article
"Prostitution : Un consensus à l'arraché".