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Une image vaut mille mots...ou plus

Mario Cyr Graffici, Miércoles, Octubre 9, 2002 - 15:21

Mario Cyr

Il est maintenant question d'un nouveau genre d'analphabétisme au Québec. L'analphabète médiatique. Le journal GRAFFICI s'est attardé à cette question dans son éditorial du mois d'octobre.

Tranche de vie. Je suis seul dans le petit chalet de bord de mer que j’habite. La radio «joue» les informations. Un reportage nul concernant le virus du Nil débute «C’est confirmé! Le virus du Nil est mortel pour les humains (…) une seule solution, évitez les moustiques à tout prix!!!» Je mets trois points d’exclamation car le ton était particulièrement dramatique. Ce qui est rigolo, c’est qu’au même moment, je suis en pleine bataille contre un moustique fou qui n’a décidément pas l’intention de me laisser écouter les informations tranquille. Quelle sale bête! En plus d’être franchement désagréable, voilà maintenant qu’elle est mortelle. «Évitez les moustiques à tout PRIX! ». Maman! Que dois-je faire? Brûler le chalet, me jeter à la mer et nager jusqu'à Bathurst?

Vous savez, les médias me passionnent. J’adore ce que je fais. Cependant, j’ai avec mon métier, un peu le même rapport qu’avec la chasse!?! (Nous sommes en octobre après tout) J’aime bien la chasse, mais je n’aime pas les chasseurs. J’adore l’information, mais le traitement qu’on en fait –par moment- me donne vraiment le goût de me cogner la tête contre une tour à bureau. Si on me montre une photo ensanglantée dans Photo-Police, c’est correct. Je sais de quelle genre d’information il s’agit. No hay problema! Ce qui me dérange plus, c’est lorsque les médias, faisant traditionnellement preuve de plus d’éthique, jouent aussi ce manège. Si ce jeu débute, laissez-moi vous dire que nous ne sommes pas sortis de l’auberge. C’est déjà assez compliqué comme ça. Tellement compliqué, qu’il est maintenant question d’un nouveau genre d’analphabétisme : les analphabètes médiatiques. Un analphabète médiatique est une personne pouvant lire le journal, mais sans en saisir les nuances. Exemples : faire la différence entre un article de fond et un publi-reportage; comprendre que La Presse est résolument fédéraliste et Le Devoir beaucoup plus nationaliste; comprendre que si Pierre-Karl Péladeau se retrouve en première page du magazine untel plutôt qu’un autre, il y une raison; comprendre que l’objectivité journalistique dans le traitement n’existe pas. Pour vulgariser, c’est comme un analphabète faisant son épicerie. Il voit bien qu’il s’agit d’huile, mais il sera difficile pour lui de savoir s’il y a des arachides dans la préparation. Un détail qui peut avoir son importance s’il souffre d’allergie aux arachides.

Selon certains médias, 35% de la population serait médiatiquement illettrée. Personnellement je trouve ce chiffre un peu élevé, mais il est certain que le problème existe. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à améliorer la situation. Évidemment, le climat familial y est sûrement pour beaucoup, mais ceci est un autre débat. Je n’ai pas d’enfant, je ne vous dirai surtout pas comment élever les vôtres…et ça, c’est parce que je vous aime bien. Par contre, je crois qu’il est facilement possible d’accroître sa compréhension des médias écrits. La première étape serait tout simplement de se poser les trois questions suivantes : 1. À qui s’adresse le journal que je suis en train de lire? Car entendons-nous, il n’y a pas vraiment de mauvais ou de bon journal. Il y a des différences entre les publics visés. La réponse à la première en est une de bon sens. Si le public visé recherche des «pitounes couchées sur des hoods de chars» et bien si la lectrice est une féministe, son haussement d’épaules sera très justifié. Un petit détail qui peut changer radicalement votre opinion sur tel ou tel magazine. 2. De quelle façon l’information est traitée? Exemple: le Journal de Montréal couvrait le 11 septembre avec un cahier de plus de quarante pages de photos. Conclusion : le lecteur visé n’est pas intéressé par de longues lectures fastidieuses. Il veut être informé, mais plus rapidement…en gros. Rien de mal là-dedans. 3. Qui est le propriétaire du média en question? La réponse à cette dernière question expliquera pourquoi -exemple- la baisse de la cote de Québécor était à la une de quelques papiers et très loin en cahier «D» dans d’autres publications. Ce n’est pas un hasard, ça. Et un certain questionnement sur la propriété pourrait peut-être FINALEMENT provoquer un vrai débat sur la concentration de la presse.
Trois petites questions toutes simples.

Bien sûr, un tel sujet pourrait facilement remplir plusieurs bibliothèques. C’est un vaste monde que celui des médias. Mais pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus, il existe, depuis 1998, un organisme qui, selon sa propre définition, «cherche à sensibiliser le grand public à la lecture et à la gestion critique des médias». Il s’agit du Centre de ressources en éducation aux médias (CREM). C’est un organisme très intéressant qui offre de la formation au grand public et aux écoles. L’an passé l’organisme a visité pas moins de quarante écoles dans quatorze régions du Québec, pour ainsi donner de la formation à 150 enseignants. Donc le CREM travaille à éveiller l’esprit critique de la jeunesse québécoise. Un travail que je qualifie sans ambages d’essentiel pour l’avancement d’une société.

Elle est loin l’époque du «c’est dans le journal donc c’est vrai», mais plusieurs questions subsistent toujours (concentration de la presse, absence du journalisme d’enquête etc). Le gouvernement regarde le train passer sans rien faire…ou presque. Un peu comme une grosse vache ruminante dans les prairies de l’Ouest. Heureusement des organismes comme le CREM et la presse alternative existent. Mais nous, le public, oserons-nous nous poser ces questions? Car les poser, c’est aussi y répondre…

Mario Cyr



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