Le 5 octobre au soir, le 4 octobre ainsi que samedi 26 septembre, des citoyenNEs concernéEs ont immobilisé et décoré plusieurs camions-pub dans le centre-ville de Montréal. Une des personnes a malheureusement été arrêtée sur la rue St-Denis, vers 21h30 samedi dernier.

Voici pourquoi nous posons ces gestes. Les camions publicitaires, appartenant à des compagnies comme Impact Media et Euromobile International, polluent (pollution de l’air, pollution visuelle, pollution idéologique).

La première des trois formes de pollution que nous dénonçons est un problème bien d’actualité : le smog et la pollution de l’air en général. « Si les gouvernements sont incapables de trouver des moyens de réduire l’émission de gaz à effets de serre (GES) dans nos villes, nous nous voyons contraintEs de le faire nous-mêmes », a dit une des membres du groupe. Il est paradoxal qu’à l’heure où l’État canadien se range derrière l‘Accord de Kyoto et où, plus près de nous, la Société de transport de Montréal installe au centre-ville ses autobus au biodiésel, le nombre de publicités motorisées lui soit en augmentation constante. Nous le croyons, il est pressant d’agir de façon directe et autonome pour freiner la multiplication de ces camions-pub. Et aujourd’hui nous l’avons fait.

Une autre forme de pollution s’abat comme jamais sur notre ville, c’est la pollution visuelle. Les entreprises achètent nos espaces intimes (les toilettes), les trottoirs, les stations de métro pour tous les couvrir de pub. Elles achètent aussi le ciel pour y faire défiler leur message en avion. Les MontréalaisEs sont cernéEs de tout bord tout côté, et c’est pourquoi nous « implorons » les gouvernements de créer des zones de protection des espaces vierges, tout comme il existe des zones de protection des espèces menacées. En attendant une telle mesure, nous devons agir dès maintenant sur une base directe et autonome. Et aujourd’hui nous l’avons fait.

Troisièmement, les camions-pub et autres supports publicitaires vont au-delà de la simple promotion d’un produit ou d’un service. Ils polluent et colonisent nos esprits. Ils bombardent la population de valeurs et de comportements individualistes et matérialistes. Et du coup on se demande pourquoi les jeunes filles pour Noël demandent de nouvelles paires de seins et les gais de nouveaux muscles, ou pourquoi les consommateurs continuent à acheter de gros véhicules polluants en dépit des avertissements maintes fois entendus sur le réchauffement de la planète. En 2002, les trottoirs, les murs et le ciel diffusent partout le même mot d’ordre : ACHETEZ. Posez-vous la question : y avait-il jadis autant de slogans autoritaires dans les rues de l’URSS ou de l’Italie de Mussolini? Les panneaux publicitaires sont effectivement des panneaux autoritaires. Nous voulons leur résister. Et aujourd’hui nous l’avons fait.

Et nous allons continuer à nous amuser avec leurs camions. Avis à la population: il y a surement un camion-pub qui passe près de chez vous!

Signé : Les décorateurs-trices engagéEs

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