Prisonniers. Voilà ce que sont les socialistes québécois. L’alternative socialiste n’a jamais eu voix au chapitre politique en Québec. La révolution tranquille ? Projet libéral, promu par le Parti libéral, animé par les valeurs libérales dont les plus grands bénéficiaires ont été les membres de la bourgeoisie québécoise. Le Parti québécois ? Ce sont des libéraux indépendantistes qui l’ont fondé.

Il ne faut pas voir ici une intention de démolir la révolution tranquille de laquelle sont issues de grandes réalisations notamment aux chapitres de la santé et de l’éducation. Il ne faut pas voir non plus le dédain du nationalisme que promeut le Parti québécois : les Québécois ont tout à fait le droit à l’autodétermination. Seulement, il me semblait opportun de replacer ces quelques faits dans leurs contextes alors que les uns sont présentés comme des libéraux démolisseurs d’un socialisme qui n’a jamais existé par d’autres libéraux opportunistes qui ont besoin des voix des gagne-petits pour assurer leurs sièges.

Certes, le présent gouvernement a su parsemer son mandat de mesures progressistes, encore que le terme progressiste, fourre-tout, soit plus un piège qu’un idéal. Politique familiale, entente avec quelques nations autochtones, équité salariale font probablement partie des bons coups du présent gouvernement d’un point de vue socialiste mais il n’y a pas lieu, absolument pas d’appeler cela une social-démocratie. Le PQ n’a jamais tenté de remettre en cause la main-mise de la haute finance et du capital sur notre société et ne le fera jamais…

Le Parti libéral, lui, n’est certainement pas moins libéral que le PQ. C’est pourtant à lui qu’on doit la majorité de ces «acquis» auxquels Mario Dumont veut maintenant s’attaquer. Voilà pourquoi il faut prendre avec un grain de sel ces attaques que les vieux partis lancent aujourd’hui au nouveau. Notre système de santé est DÉJÀ financé à 33 pour cent par le privé ! Ça va des assurances collectives aux tests sanguins, en passant par la location de chambre à l’hôpital où le placement des vieux parents dans un centre d’accueil privé.

Moi, ce qu’ils me disent les vieux partis, lorsqu’ils stigmatisent l’ADQ, c’est qu’eux-mêmes ont lamentablement échoué. Pragmatiquement parlant, c’est sûr, l’ADQ est plus menaçante mais j’en ai marre du pragmatisme.

Je veux un Québec socialiste. Où les travailleuses et travailleurs ont le droit de s’organiser. Où leurs droits sont protégés. Un Québec qui se tient debout et qui refuse qu’une entreprise sacre son camp vers des cieux plus radieux, en emmenant avec elle ses moyens de production. Un Québec qui se décide enfin à développer des infrastructures vertes… et ce maudit char électrique dont on nous parle si souvent que Ford, GM et cie produiront, eux, dans dix ans pour empocher tous les profits.

Je veux un Québec où ce n’est pas un fardeau d’avoir une grande famille. Je veux un Québec où je peux vivre décemment en travaillant 30 ou 35 heures par semaine.

Je veux un Québec où les baisses d’impôt pour les riches passent après une augmentation de l’aide à ceux que l’économie capitaliste a besoin d’exclure pour carburer. Je veux un Québec qui va dire au peuple de se prendre en main et dire aux milieux d’affaires de se la fermer. Je veux un Québec où on peut se faire élire député sans avoir des amis qui ont leur bureau coin McGill et René Lévesque.

Ce n’est pas un rêve utopique tout ça. Ou alors il y a beaucoup d’utopiques partout dans le monde qui essaient d’atteindre des objectifs semblables et qui réussissent à se faire élire parce que la population leur fait vraiment confiance. Ça l’air utopique au Québec, parce qu’ici, les délires socialistes n’ont pas leur place. On est libéral de droite, de centre ou de gauche.