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Post 11 septembre 2001 : mise d'Internet en liberté surveillée

Nicole Nepton, Miércoles, Septiembre 18, 2002 - 14:54

Nicole Nepton

Un an après les attentats de New York et de Washington, Reporters sans frontières (RSF) regrette la dérive sécuritaire généralisée.

L'espionnage et la conservation des données du Net - courriels reçus et envoyés, sites consultés - par les services de sécurité sont particulièrement inquiétants. Quelques jours avant la commémoration des attentats du 11 septembre, RSF publiait un rapport destiné à alerter le public sur les dérapages que la croisade anti-terroriste a engendrés, avec un constat accablant : les libertés numériques fondamentales ont indéniablement été amputées.

Le rapport épingle les pays où la liberté d'expression est traditionnellement bafouée; en premier lieu la Chine, le Vietnam, l'Arabie saoudite, la Tunisie, où les cyberdissident-es sont pourchassés et les cybercafés, surveillés. Mais ce sont les démocraties occidentales, bastions des droits humains, qui représentent une nouvelle menace pour Internet. RSF constate que, dans les mois qui ont suivi le 11 septembre, de nombreux pays, parmi lesquels les États-Unis, le Canada, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Inde, ont modifié leur arsenal juridique dans le sens d'une mise sous tutelle d'Internet.

Aux États-Unis, c'est l'utilisation par le FBI du système de surveillance électronique "Carnivore" que dénonce RSF. Carnivore est un logiciel qui permet aux services américains de "scanner" l'intégralité des données qui transitent entre les ordinateurs des abonné-es et les serveurs des fournisseurs d'accès à Internet. Avant le 11 septembre, le système n'était utilisé qu'avec l'accord préalable d'un juge. Depuis, les services de sécurité sont exemptés de l'aval de la justice.

Le rapport pointe également les mesures pour lutter contre la cryptographie, technique qui permet de chiffrer des messages et de leur assurer ainsi une totale confidentialité. Le FBI a mis au point "Magic Lantern", un mouchard informatique qui, sous forme de virus, permet de récupérer les mots de passe et les clefs des programmes de cryptage.

Dans les autres pays, les parlements ont aussi voté des lois s'en prenant aux libertés numériques : ces lois anti-terrorisme ont organisé la conservation généralisée des informations relatives aux courriels reçus ou envoyés et aux sites consultés sur la toile. Mesure extrêmement grave, puisque ces données sont confiées avec une déconcertante aisance aux services de police et de renseignements, ce qui revient à suspecter a priori tous les citoyen-nes.

RSF s'interroge enfin sur la réaction des citoyen-nes si on leur annonçait qu'une loi permettant de contrôler en toute impunité le courrier qu'ils confient aux services postaux a été votée et qu'en vertu de ce texte, les services de police peuvent à tout moment prendre connaissance de leurs échanges épistolaires? RSF appelle donc à une vigilance accrue de la part des internautes. Elle vous propose aussi de télécharger gratuitement le logiciel de cryptage Open PGP.

Internet en liberté surveillée : La croisade antiterroriste menace la cyberliberté dans le monde, RSF, 5 septembre 2002


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