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Les autochtones en colère

tartosuc, Jueves, Septiembre 5, 2002 - 13:16

A.-Cécile Fouvet et P. Beaudoin

Le sommet international des peuples autochtones sur le développement durable, organisé à Kimberley (Afrique du Sud) du 19 au 23 Août 2002, a rassemblé plus de 300 personnes représentant des communautés du monde entier : Massaï du Kenya, Khoisan d'Afrique du Sud, Maori de Nouvelle Zélande, Nouba du Soudan, Twa du Rwanda, Sami de Norvège et peuples de Russie, de l'Arctique, d'Asie, d'Amérique du Sud, Centrale et du Nord, des Indes…

Déjà présents à Rio en 1992, ils avaient obtenus dans la déclaration de l'ONU et dans l'agenda 21 la reconnaissance de l'importance de leurs cultures, de leurs savoirs traditionnels et du rôle qu'ils jouent pour la conservation de la nature.

Pourtant, le bilan des 10 années passées est affligeant : malgré les engagements pris par les différents Etats, l'exploitation forestière et minière, les émissions toxiques, la surpêche des fonds marins, les grands barrages, continuent à ravager leurs territoires et la "Terre mère" ; seuls le profit et les intérêts économiques immédiats prévalent, aux dépens des générations futures. "La pression exercée sur notre environnement par les décideurs d'aujourd'hui conduira à la mort de nos descendants ; c'est criminel. Les dirigeants sont criminels." S'exclame Oren Lyons, chef spirituel des Onondaga (Amérique du Nord).

De fait, les peuples autochtones sont les plus sensibles aux effets du développement incontrôlé et de la dégradation de l'environnement. Ils subissent de plein fouet la déforestation, la pollution des rivières, les extractions minières qui détruisent leurs milieux, destabilisent leurs sociétés et leur interdisent souvent l'accès à leurs territoires ancestraux. Forcés de se déplacer dans des banlieues anonymes, voire hostiles, ils sont alors confrontés à la misère et à la promiscuité.

Ainsi, à l'occasion du sommet de Johannesbourg, ils demandent à nouveau que les gouvernements inscrivent une référence aux peuples autochtones dans la déclaration politique finale sous la forme suivante : "nous réafirmons le rôle crucial des peuples autochtones dans le développement durable".

Cette référence à minima est loin de traduire l'ensemble de leurs revendications légitimes :
droit d'accès et d'usage de leurs territoires ancestraux et de leurs sites sacrés ;
droit à l'auto-détermination ;
droit à une éducation respectueuse de leurs cultures, de leurs traditions, de leurs valeurs, de leurs langues et de l'expression de leur spiritualité ;
reconnaissance de leur relation privilégiée avec la "Terre Mère", durable depuis des millénaires.
Malgré les efforts de nombreuses ONG qui soutiennent financièrement les peuples autochtones pour leur permettre de faire entendre leur voix, il est malheureusement prévisible que ce "sommet", soumis essentiellement à la pression des institutions commerciales, soit un retour en arrière par rapport aux avancées obtenues à Rio.

Les peuples autochtones, particulièrement sensibles à la pression des intérêts privés et des concessions de territoires consenties par leurs gouvernements, s'appuient sur leur sagesse ancestrale et spirituelle. Cela sera t-il suffisant pour les protéger de l'extinction… l'UICN faisant déjà la prévision de publier le "livre rouge des peuples menacés". Pourquoi cette anxiété de voir la diversité des hommes de plus en plus menacée ne suscite-t-elle pas l'intérêt des soit-disant responsables ?

Anne-Cécile Fouvet - Pierre Beaudoin- 30 aout 2002

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