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Gestion participative des ressources forestieres

tartosuc, Jueves, Septiembre 5, 2002 - 11:46

Jean-Philippe Biard

L'origine de l'ASETECO (Aides techniques aux communautés de Oaxaca), créée en 1991, remonte à 1982, au moment où la concession d'exploitation des forêts de la région va être renouvelée par le Gouvernement fédéral à deux sociétés (publique et privée) qui viennent d'exploiter pendant 25 ans le meilleur du bois sans partager les bénéfices avec la communauté indigène.

Sous l'impulsion de ceux qui vont créer plus tard l'association, les communautés indigènes de la région se mobilisent, refusent qu'une nouvelle concession soient accordée aux mêmes entreprises, demandent et obtiennent que la terre soit rendue aux paysans.
Aux mains des communautes
L'idée de Rodolfo Lopez, l'un des fondateurs et aujourd'hui président d'ASETECO, est alors d'insuffler une culture d'entreprise forestière dans la région de Oaxaca afin que les paysans gèrent eux-mêmes leur entreprise, depuis la coupe des arbres à la vente, en passant par la maintenance des forêts. Il défend l'idée "d'autonomie des communautés" et notamment de leur droit à disposer de leurs terres comme un axe fondamental du développement durable : "Ce sont les paysans qui doivent savoir gérer leurs terres, pas les gens du Gouvernement Fédéral par décret. Les causes principales de la disparition des forêts au Mexique ne viennent pas des entreprises mais des besoins des communautés, qui ici possèdent 80% des bois. Dans l'Etat de Oaxaca, 95% des bois et forêts sont aux mains des indigènes car il y une population indienne importante. Alors quand les entreprises forestières sont aux mains des communautés, le bois se conserve bien. Quand ce n'est pas le cas, les incendies et les coupes de bois sauvages se multiplient en raison des besoins des habitants qui se servent eux-mêmes."

Information, education et autonomie financiere
En 20 ans, près de 70 entreprises forestières ont été créées dans l'Etat de Oaxaca. Leur production représente aujourd'hui 50% de la production de l'Etat de Oaxaca, qui représentait lui-même 6% des 7,5 millions de m3 annuels débités au Mexique en 1997 (Source : Secrétaire d'Etat à l'Environnement).Cette production n'empêche cependant pas d'agrandir les zones de reforestation là où les communautés gèrent leur entreprise forestière.
Selon Rodolfo, le seul moyen de lutter contre la disparition des forêts à long terme est de créer dans les communautés et au-delà, un large processus qui associe information et éducation pour tous ainsi que l'autonomie financière des communautés indigènes. Ceci doit s'inscrire dans un cadre le plus large possible visant à économiser et sauvegarder les ressources naturelles. "Si le Gouvernement avait un véritable projet pour les forêts, la première priorité serait d'apprendre aux jeunes dans les écoles à connaître leur forêt. Or les programmes scolaires sont les mêmes dans les états désertiques que dans les forêts de Oaxaca. C'est pourquoi nous avons créé un projet éducatif spécifique qui n'empiète pas sur le programme officiel mais qui permet aux enfants de connaître leur environnement mais aussi les activités de la communauté au quotidien, grâce à des applications aux matières enseignées en classe." Car il s'agit aussi d'intéresser les jeunes à leur patrimoine culturel afin qu'ils ne partent pas pour Mexico ou les Etats-Unis. Comme les distractions pour les jeunes sont assez rares dans la région, l'ASETECO a développé des ateliers vidéos et internet pour que les jeunes participent à la création d'archives dynamiques de leur culture et bâtissent la mémoire des anciens.

Une absence de volonte politique
Devant la vitalité des programmes et leur efficacité locale, un programme pilote de la Banque Mondiale a été mis en place pour la période 2000-2003. Mais Rodolfo ne comprend pas la logique de ces aides qui pourraient être structurelles et demeurent financières : "Pourquoi recommencer à donner à manger dans la main à ceux qui ont acquis une autonomie financière ? Les communautés ne vont pas comprendre..." Devant la pauvreté générale, "la corruption institutionnalisée", le manque de coordination, de volonté et de moyens politiques, Rodolfo est très pessimiste.

Selon, lui la forêt va continuer de disparaître, il ne restera bientôt plus que quelques foyers de verdure au Mexique protégés par des volontés locales. "La solution pourrait pourtant être simple mais il y a une absence totale de volonté."

Jean-Philippe Biard - 4 septembre 2002

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