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Presse morose pour fin de sommettartosuc, Jueves, Septiembre 5, 2002 - 11:43
Emmanuelle Piron
... Durant les deux dernières journées du sommet, les séances plénières ont été consacrées aux allocutions le plus souvent lénifiantes des chefs d'Etat et de gouvernement. A chacun-e, une durée égalitaire de 5 minutes par pays représenté... « Les politiciens arrivent, mais rien ne change » Durant les deux dernières journées du sommet, les séances plénières ont été consacrées aux allocutions le plus souvent lénifiantes des chefs d'Etat et de gouvernement. A chacun-e, une durée égalitaire de 5 minutes par pays représenté. Faisant référence au discours de Tony Blair, le quotidien anglais The Independant souligne avec ironie le choix qui s'offre à un représentant d'Etat lorsqu'il prend la parole : « il peut utiliser son précieux temps pour faire le point avec force sur un ou deux points sensibles, ou il peut essayer de couvrir l'étendue des problématiques par d'insipides banalités ». « Malheureusement, Mr Blair a choisi hier la deuxième possibilité au sommet de Johannesburg ». « Le sommet de la Terre s'achève sur de timides avancées » A l'instar de ce titre du Monde, le plan d'action signé par les participants du sommet fait les titres des gros tirages quotidiens à l'international, le plus souvent affublé d'un qualificatif négatif ('timide', 'faible', 'maigre', 'vague', etc.). Libération pousse la métaphore : « La montagne Johannesburg a accouché d'une souris ». Dans un autre article, le Monde épluche un « plan d'action aux objectifs vagues et non contraignants » en reprenant un à un les thèmes principaux de discussion : eau, énergie, climat, biodiversité, pêche, subventions agricoles, mondialisation et OMC, principe de précaution, principe de responsabilité, Afrique, consommation, droits humains, droits sociaux, responsabilité des entreprises. La grosse majorité de ces thèmes en reste aux belles déclarations d'intentions. Certains bénéficient de promesses d'aide chiffrée qui sont en fait pour la plupart des réallocations de déblocages de fonds déjà annoncées par le passé. « Sur le climat, les Etats-Unis ont échoué. Le protocole de Kyoto est nettement rappelé dans le texte », nous apprend Hervé Kempf. La Russie, la Chine et le Canada ont d'ailleurs profité du sommet pour annoncer leur ratification prochaine. Mais les Etats-Unis ne perdent pas sur tous les fronts, loin de là. Par le jeu des alliances entre pays, « tout s'est passé comme si l'énergie avait été échangée contre l'eau : le Canada, qui exporte plus de pétrole vers les Etats-Unis que l'Arabie saoudite, a soutenu Washington contre les énergies renouvelables, tandis que les Etats-Unis étaient assez isolés dans leur refus d'objectif de réduction de moitié, d'ici à 2015, du nombre de personnes sans accès à l'épuration des eaux usées ». Le Monde qualifie de « passe d'armes majeure » la relégation de la question des subventions agricoles, dénoncées à corps et à cri par les pays du G-77, au cadre de l'OMC par l'Europe, France en tête, appuyée en cela par les Etats-Unis. Il mentionne enfin dans un article spécifique l'accord de dernière minute sur la mention des droits des femmes, entre autres à la santé reproductive, défendue par le Canada. « Révolte africaine au sommet de la Terre » Le Courrier International a consacré sa revue de presse électronique du 2 septembre à l'écho du sommet donné dans les journaux africains. Les deux phrases d'introduction résument les messages compilés : « Après dix ans de discours creux sur le développement durable, Johannesburg confirme que les pays du Nord sont toujours aussi égoïstes. Seul avantage pour l'Afrique : ce sommet lui offre une tribune sans précédent ». Le Sud Quotidien, au Sénégal, accuse en effet le sommet d'être un « rendez-vous d'experts et d'ONG tapageuses, un sommet pour rien ». D'autant que l'Afrique est marginalisée dans le débat en raison de sa « sous-représentativité en nombre de délégués et d'experts ». Plus tranchant encore, le Quotidien d'Oran en Algérie dénonce « des nantis qui ne semblent pas prêts à céder une once de leurs privilèges exorbitants ». Le Journal du Jeudi, au Burkina Faso, fait une synthèse du sommet en quelques phrases désespérées. « Ce sommet laisse un sentiment d'amertume indicible. Car les enjeux c'est d'abord la bonne gestion d'un patrimoine commun essentiel : la Terre, qui nous profite inégalement. Ceux qui en profitent le plus, au point de la mettre en péril, refusent de consentir à des sacrifices à la hauteur de leur profit. Mais le drame, c'est qu'en dehors des coups de gueule le reste de l'humanité est impuissant. La fameuse théorie du pollueur-payeur ne peut pas s'appliquer ici, parce que celui qui pollue est aussi le plus fort ». Les multinationales se sont imposées, les ONG ont été écartées Deux articles du Monde soulignent l'importance que les multinationales, « championnes du profit durable », ont prises dans les négociations de Johannesburg. Invitées au sommet sous l'étiquette fourre-tout de « société civile », aux côtés –ironiquement- des ONG, elles ont gagné du terrain institutionnel en hissant les partenariats public-privés, aussi appelés « initiatives de type 2 » et chères à Kofi Annan, au rang de thème central du sommet. Sans parler de leur présence dégoulinante d'argent et de communication grandiloquente dans tous les lieux officiels du sommet. « Nous assistons au contraire à une soumission irresponsable des états à la globalisation menée par les multinationales ». Le Monde donne la voix au Collectif Joburg 2002 : « Il n'y a pas d'avancées par rapport au sommet de Rio, pas de dates, pas de chiffres, pas d'objectifs concrets, ce n'est pas Rio plus dix, c'est Rio moins dix ! », et, pour finir, à un militant anonyme : « je ne sais pas qui est vainqueur ou vaincu dans ces négociations, la seule chose sûre, c'est que la Terre a perdu ». Emmanuelle Piron - Pénélopes - 4 septembre 2002 |
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