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"L'affaire Bandazhevsky"penochet, Viernes, Agosto 30, 2002 - 17:59
joëlle Penochet
« Le problème de Tchernobyl est le problème du monde entier. » Le professeur biéolorusse Yuri Bandazhevsky, auteur de rapports inquiétants sur les conséquences de la catastrophe de tchnernobyl génant l’oms et l’aiea, reste emprisonné malgre les protestations grandissantes de la communauté scientifique. « L’AFFAIRE BANDAZHEVSKY » LE PROFESSEUR BIEOLORUSSE YURI BANDAZHEVSKY, AUTEUR DE RAPPORTS INQUIETANTS SUR LES CONSEQUENCES DE LA CATASTROPHE DE TCHNERNOBYL GENANT L’OMS ET L’AIEA, RESTE EMPRISONNE MALGRE LES PROTESTATIONS GRANDISSANTES DE LA COMMUNAUTE SCIENTIFIQUE « Le problème de Tchernobyl est le problème du monde entier. » Le PR Yuri Ivanovitch Bandazhevsky, 43 ans, anatomopathologiste de renommée internationale pour la qualité de ses travaux sur les conséquences sanitaires de la catstrophe de Tchernobyl, avait été condamné le 18 juin 2001 à huit ans de goulag par le tribunal militaire de la Cour suprême de Biélorussie. En outre, il lui sera interdit de reprendre ses recherches pendant les cinq années suivant sa libération. Accusé de concussion, son véritable crime est d’avoir découvert de nouvelles maladies liées à la contamination radioactive, et d’avoir dénoncé la dilapidation des fonds alloués aux études sur les conséquences sanitaires de la catastrophe. L’ancien recteur de l'Institut d'État de médecine de Gomel, avait été arrêté et incarcéré le 13 juillet 1999 , et démis de ses fonctions, à la suite d’une machination rappelant les pires heures de l'époque soviétique. Il a été reconnu comme « prisonnier d’opinione » par Amnesty International. Le 20 novembre 2001, le président de la Biélorussie a rejeté sa demande de grâce « en raison de la brièveté de la peine purgée, de la gravité et de la dangerosité sociale du crime qu’il a commis. ». Le 25 mai dernier, une manifestation internationale s’est déroulée à Genève devant le siège de l’ONU pour exiger une intervention en vue de sa libération. Les découvertes du chercheur sur les conséquences sanitaires de Tchernobyl, et le rapport qu’il venait de publier sur la dilapidation par son Ministère de la santé des fonds alloués par l’Etat (près d’un quart du budget national) et l’Occident aux études médicales sur les conséquences de la catastrophe, expliquent l’acharnement du président de la République de Biélorussie, Alexandre Loukachenko, contre lui. D’autres chercheurs ont également été jugés, comme le PR Okeonov, dont l’Institut qui étudiait l’épidémie de cancer chez les liquidateurs , a été démantelé depuis, pour faire disparaître des données dérangeantes. Le Pr. Bandazhevsky avait créé ce centre destiné à former des médecins parmi les habitants de cette zone hautement contaminée : il n'y avait pas de volontaires pour venir y exercer la médecine. Pendant dix ans, il a dirigé trente thèses de doctorat sur le sujet. En montrant les effets nocifs sur l'organisme de l'incorporation chronique de radionucléides, les travaux du Pr. Bandazhevsky et de son équipe allaient à l’encontre de la politique du gouvernement de liquidation des conséquences de la catastrophe. Et l'autosuffisance alimentaire imposée par l'état contraint la population biélorusse à consommer les produits radioactifs produits dans le pays. La plus grande catastrophe technologique de l’histoire de l’humanité « Chez nous, tout se passe de façon différente. Nous vivons de façon différente, nous mourrons de façon différente. » (une habitante de la région contaminée citée in La supplication, p. 247). Les Nations Unies ont été obligées de reconnaître, certes tardivement, que l’accident de Tchernobyl représentait une catastrophe écologique planétaire. La résolution du 21 décembre 1990, adoptée à l’unanimité, a reconnu dans la catastrophe de Tchernobyl un « désastre écologique sans précédent ». Les experts indépendants prévoient jusqu’à un demi-million de morts, voire davantage, au cours des prochaines décennies. Sur plus de cinq cent mille soldats-liquidateurs, près de quatre mille ont pénétré dans le réacteur ; certains ont été utilisés comme des « robots biologiques » pour plonger dans l’eau lourde. Si l’incendie, qui a duré onze jours, n’avait pas été maîtrisé par ces hommes qui ont sacrifiés leur vie ou leur santé, l’Europe serait devenue inhabitable. Aujourd’hui encore, des aérosols radioactifs continuent de s’échapper du « sarcophage » en béton bâti par les liquidateurs pour contenir les radiations du réacteur accidenté. Il contient toujours 60.000m2 de matériaux radioactifs, 1.000 tonnes d’eau radioactive et une cinquantaine de tonnes de fragments du cœur et du combustible de la centrale susceptibles de provoquer une nouvelle catastrophe, dont les conséquences seraient beaucoup plus dramatiques que celles de 1986. « …nous habitions Pripiat, tour près du réacteur. Je revois tout cela de mes yeux : une lueur framboise, flamboyante. Le réacteur semblait être éclairé de l’intérieur. Ce n’était pas un incendie ordinaire, mais une luminescence. C’était très beau. Je n’ai rien vu de tel, même au cinéma. Le soir, tout le monde était à son balcon. Ceux qui n’en avaient pas sont passés chez les voisins. On prenait les enfants dans ses bras pour leur dire : « Regarde ! Cela te fera des souvenirs ! ». Et c’étaient des employés de la centrale… Des ingénieurs, des ouvriers, des professeurs de physique… Ils se tenaient là, dans la poussière noire… Ils parlaient… Ils respiraient… Ils admiraient… Certains faisaient des dizaines de kilomètres en bicyclette ou en voiture pour voir cela. Nous ignorions que la mort pouvait être aussi belle ». Nadejda Petrovna Vygovskaïa, évacuée de Pripiat, citée par Svetlana Alexandrovitch, pp. 153-154. La situation sanitaire ne cesse de se dégrader dans les zones contaminées Contrairement aux affirmations officielles tant à l'Est qu'à l'Ouest, les radioéléments dispersés dans tout l’hémisphère nord par l’explosion de la centrale le 26 avril 1986 vont continuer de faire de plus en plus de victimes dans tous les pays touchés par le nuage pendant des décennies. Projetés à haute altitude, cinquante millions de tonnes de radionucléides se sont propagés d’abord en Europe de l’Est, de l’Ouest, puis au Moyen Orient, en Inde, au Japon, en Chine, aux Etats-Unis et au Canada. En France, où les « taches de léopard » sont toujours présentes, les plaintes de malades atteints de cancer de la thyroïde se multiplient (53 en 2001), malgré le déni des pouvoirs publics français. Le Belarus a absorbé 70% des radionucléides dispersés par l’explosion de Tchernobyl La Biélorussie, pays qui ne possède pas de centrales nucléaires, a été deux fois plus touchée par les retombées radioactives que la Russie et l’Ukraine réunies. Ce pays de massifs forestiers, qui compte dix millions d’habitants pour une superficie de 210.000 km2, connaît un désastre à l’échelle nationale : près d’un quart de son territoire (moins de 5% en Ukraine et 0,5% en Russie) a été contaminé par des radionucléides de longue durée, en particulier le strontium 90 (Sr90), ce qui correspond à 37 milliards de becquerels (Bq) par km2 . La région de Gomel (à 120 km de Tchernobyl), qui rassemble un quart de la population du pays, a été la plus touchée. 70% des déchets radioactifs ont pénétré le sol biélorusse. Un habitant sur cinq, soit près de deux millions de personnes, dont plus d’un quart d’enfants, population la plus vulnérable aux effets de la radioactivité (moindre poids du corps, métabolisme plus rapide), consomme de l’eau et des aliments contaminés. En outre, pour des raisons économiques (le pays n’a touché aucune aide internationale), les normes en vigueur sont beaucoup plus élevées au Belarus que dans les pays voisins. Le préjudice économique serait équivalent à trente-deux budgets annuels du pays en 1986. Extraits de Svetlana ALEXANDROVITCH, La supplication, 1999 « L’homme que j’aimais… se transformait devant mes yeux en un monstre (…). On lui a enlevé les ganglions lymphatiques, mais, sans eux, la circulation sanguine s’est déréglée. Et son nez a bougé sur le côté, pour devenir trois fois plus gros qu’avant. Ses yeux aussi sont devenus différents. Ils se sont écartés et une lumière inconnue y est apparue, une expression différente, comme si ce n’était pas lui, mais quelqu’un d’autre qui regardait avec ses yeux. Et puis l’un d’entre eux s’est fermé complètement. » Valentina Timofeïevna Panassevitch, épouse d’un liquidateur, citée p. 241-242 « Vous ne devez pas oublier que ce n’est plus votre mari, l’homme aimé, qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination. » Le césium 137 provoque des pathologies cardio-vasculaires graves
Organe du Groupement des scientifiques pour linformation sur l'énergie nucléaire
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