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L'agriculture biodynamique, une solution aux équilibres naturels menacésAnonyme, Miércoles, Julio 24, 2002 - 10:43 (Ecologie)
Ilse DEMAREST-OELSCHLAGER
Un tiers de la richesse naturelle de la planète a disparu depuis 1970, sous la pression de l'augmentation rapide de la consommation humaine qui menace de rompre les équilibres naturels. Dans un rapport, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a établi un indice qui mesure, pour la première fois, la préservation des milieux (écosystèmes) forestiers, marins et d'eau douce dans 152 pays. Il a observé en parallèle la pression exercée par la consommation des hommes, notamment de céréales, poissons, viande et ciment. Globalement, cet indice a baissé de 30 % depuis 1970. La détérioration s'est accélérée au cours des dernières années, avec un recul de 3 % par an. Dans le même temps, la consommation humaine s'emballait et croît désormais à un rythme de 5 % par an. Elle a doublé pour le poisson depuis 1960, avec quelque 110 millions de tonnes pêchées par an, doublé aussi pour les céréales, et progressé des deux-tiers pour le bois. La consommation de ciment, indicatrice de l'urbanisation de la planète, a quadruplé, tandis que les prélèvements d'eau douce doublaient, de même que les émissions de dioxyde de carbone, responsables des changements climatiques. Les pays industrialisés sont bien évidemment en tête du mouvement, consommant en moyenne 2,5 fois plus que les habitants des pays en développement, avec des écarts considérables d'un pays à l'autre. Le résultat de cette consommation en croissance exponentielle est une "détérioration très nette des écosystèmes naturels", note l'un des auteurs du rapport, Jonathan Loh. "Et le plus inquiétant est le déclin des milieux d'eau douce, qui ont jusqu'à présent beaucoup moins préoccupé les esprits que les forêts et les océans." Ainsi, la moitié des écosystèmes d'eau douce sont en déclin depuis le début des années 70, souligne le rapport, qui a étudié quelque 227 espèces de poissons, reptiles, oiseaux et mammifères vivant dans ou autour des lacs. Dans les mers et océans, 40 % des espèces déclinent, tandis que les forêts ont perdu, entre 1960 et 1990, 13 % de leur superficie globale, l'équivalent d'une zone un peu plus grande que l'Espagne. L'Asie et ses forêts tropicales ont été les plus touchées par les incendies et la déforestation, causée notamment par l'exploitation agricole des sols et industrielle du bois. Aujourd'hui, seuls le Canada, la Russie et les bassins de l'Amazone et du Congo restent relativement épargnés. L'agriculture biodynamique est née en 1924, à une époque où la campagne possédait encore son aspect pour ainsi dire millénaire. Cependant, l'utilisation de la fertilisation en chimie minérale était déjà largement répandue et on commençait à se rendre compte que les aliments perdaient peu à peu leurs qualités nutritives. En cette période de la Première Guerre mondiale et de l'après-guerre extrêmement difficile en Allemagne, les consommateurs n'étaient peut-être pas trop attentifs à la lente dégradation de la nourriture, mais les paysans s'en alarmèrent fortement, sans pour autant trouver le moyen de remédier à cet état de fait. Parmi eux se trouvaient des anthroposophes qui demandèrent conseil à Rudolf Steiner, fondateur de la science de l'esprit. Dans le cours qu'il put alors leur donner, il faisait comprendre la véritable nature du monde organique dans lequel l'agriculture est insérée et les interactions qui y sont à l’œuvre. En plus de cet enseignement dense et d'accès difficile car il fait appel à une pensée plus vivante que celle que nous cultivons aujourd'hui, il donna des conseils et des indications pratiques. Ces derniers ont rapidement été expérimentés sur différentes fermes. De là est issue la méthode biodynamique qui a largement fait ses preuves au cours des soixante-dix années qui se sont écoulées depuis et ceci dans plus de cinquante pays répartis sur tous les continents. Le mouvement biologique A cette époque, on ne parlait pas encore de méthode biologique. L'agriculture était traditionnelle ou moderne quand elle faisait appel à la fumure et aux traitements à base de produits chimiques de synthèse. Bien des paysans, lorsqu'ils voyaient comment les biodynamistes conduisaient leurs cultures avec cette méthode toute nouvelle, leur donnaient pleinement raison de travailler ainsi dans le respect de la nature et de concert avec elle. Eux aussi refusaient de contrarier la nature par des méthodes qui la traitaient comme si elle se réduisait au domaine de l'inorganique et comme si on pouvait la manipuler à volonté. Ils se méfiaient cependant de la source spirituelle à laquelle avait été puisée cette façon de conduire cultures et élevages et ne voulaient agir qu'avec du bon sens et conformément aux traditions dans la mesure où l'on se souvenait encore de celles-ci. Ce fut le début du mouvement biologique. Le concept biodynamique L'agriculture biodynamique part de ce point de vue que tout ce qui fait partie du monde se trouve en interaction. Pour comprendre un élément de la nature quel qu'il soit, il ne suffit pas de le considérer en soi, mais il faut le voir englobé dans tout ce qui, de près ou de loin, vit autour de lui, donc finalement tenir compte du cosmos dans sa totalité. Quand on a saisi la cohésion de l'ensemble du cosmos, on s'aperçoit rapidement qu'il est constitué d'unités qui s'englobent les unes dans les autres. Nous y trouvons d'abord la planète Terre, puis les continents, les régions, les contrées, les écosystèmes et jusqu'au simple "coin" de nature. Ces unités, ce sont toujours des sortes d'organismes, aussi réels que ceux qui constituent les végétaux ou les animaux. Placé au sein de la nature où tout se trouve en relation et en interdépendance, un domaine agricole, pour garder santé et fertilité, doit lui aussi être conçu comme un organisme clos en lui-même, bien que restant ouvert à son environnement. Il doit avant tout posséder son propre circuit fermé de forces et de substances (essentiellement d'azote). Ce circuit s'installe lorsque les animaux d'une ferme se nourrissent de la végétation que celle-ci produit et lorsque cette végétation reçoit en retour le fumier des animaux qui s'en étaient nourris. Tout apport extérieur de fumier ou de fourrage doit, de ce point de vue, être considéré comme une sorte d'injection qui peut certes être nécessaire et bénéfique, mais dont un organisme sain ne devrait pas avoir besoin. Si cet idéal d'une ferme en polyculture-élevage tout équilibrée ne peut pas être entièrement atteint, il est toutefois recommandé d'y tendre le mieux possible. L'individualisation des mesures agricoles Mais il ne suffit pas de concevoir un domaine agricole comme un simple organisme. Une ferme a, bien entendu, toujours un caractère individuel du fait de son sous-sol, de la nature de son sol, de la présence ou de l'absence d'eau et de forêts à proximité, de sa situation géographique, de l'inclinaison du terrain, des conditions atmosphériques, de l'ensoleillement. L'agriculteur doit naturellement agir en fonction de ces facteurs s'il veut que son domaine se développe au mieux selon le caractère qui lui est propre. C'est en traitant un domaine agricole comme une sorte d'individualité que sa santé et sa fertilité seront d'année en année mieux consolidées. Alors la production d'une telle ferme pourra aussi refléter la qualité spécifique de cette "individualité agricole". N'est-ce pas là le principe qui était à la base de la grande diversité et de la richesse de terroirs que la France a connues jadis ? L'influence des planètes Bien que toutes les notions brièvement présentées ci-dessus soient loin d'avoir pénétré dans la manière courante d'aborder l'agriculture, il y a tout de même aujourd'hui déjà une grande ouverture pour les effets que produit sur la végétation le mouvement des planètes, du soleil et de la lune, lorsque ces astres passent devant les douze constellations du Zodiaque. La raison en est que ces effets ont pu être constatés par bien des jardiniers et des agriculteurs, amateurs ou professionnels, comme en témoigne aujourd'hui le nombre phénoménal de calendriers lunaires vendus tous les ans en France. Consulter leurs indications pour semer, planter, biner, récolter, est entré dans les pratiques courantes du jardinage, alors qu'il y a une petite vingtaine d'années personne n'osait encore affirmer publiquement que la lune, pour ne parler que d'elle, pouvait avoir une influence sur la végétation. Au nombre de ceux-ci se trouve le calendrier des semis édité par Maria Thun. Il a été le premier à fournir des indications précises sur les influences cosmiques en s'appuyant sur plus de quarante années d'essais et d'observations méthodiques en culture biodynamique. De nombreux conseils, résultats de ces expériences, enrichissent cette publication annuelle. La réaction des végétaux Curieusement, il s'est avéré que lorsqu'on veut mettre en pratique les indications du calendrier Maria Thun sur une terre fertilisée par des produits chimiques de synthèse, on n'observe chez les végétaux aucune réaction aux influences du cosmos, alors que sur une terre fumée avec un compost à base de végétaux ou de fumier animal, leurs effets sont indéniables. Il ne suffit donc pas qu'il y ait des influences, il faut aussi que la plante y soit réceptive. Cette réceptivité peut être améliorée en utilisant des préparations conseillées par Rudolf Steiner dont les unes sont introduites dans le compost et les autres répandues sur le sol ou pulvérisées sur les plantes. On constate que ces préparations, à base de plantes et de minéraux, stimulent les végétaux de telle sorte qu'ils s'ouvrent davantage à ce qui se passe autour d'eux. C'est de là que les plantes tirent leur grande richesse de goût. Lorsqu'au contraire leur nature est contrariée par les conditions de vie qu'on leur impose, elles ne peuvent tirer aucun bénéfice de leur environnement. La réponse des animaux aux mauvais traitements qu'ils endurent Personne ne contestera que pour tout être humain un environnement sain et gai aura un effet bénéfique sur son moral et sa santé tandis que des conditions de vie pénibles et attristantes ne pourront que le déprimer ou le révolter. Pour les animaux, qui possèdent autant de sensibilité que nous, il n'en va pas autrement, et leur seul moyen d'échapper à de telles conditions de vie est encore de tomber malades. Dans ce sens on peut se demander, par exemple, si les prions, que l'on trouve chez les vaches atteintes d'encéphalopathie spongiforme bovine, sont réellement la cause de cette terrible maladie ou plutôt la conséquence des traitements qu'on fait subir à des millions de vaches et de la nourriture qu'on leur sert ? Si ces vaches pouvaient paître tranquillement dans des prés à la flore variée et trouver, en hiver, du bon foin, la maladie de la vache folle s'éteindrait peut-être d'elle-même. S'il est indéniable que les richesses que recèle le "cours sur l'agriculture" de Rudolf Steiner sont encore loin d'être perçues dans toute leur portée, les résultats de cette pratique s'étalent aujourd'hui au grand jour. Toute personne qui a l'occasion de visiter une ferme en biodynamie y verra la vie s'exprimer avec une vigueur qu'on ne rencontre plus que dans des contrées particulièrement favorisées par la nature et protégées de toutes les nuisances actuelles. Pour un observateur attentif, cette qualité de vie s'exprime aussi dans les aliments qui proviennent d'un tel domaine et que l'on trouve dans le commerce sous la marque Demeter. Et l'ambiance agréable dans laquelle une plante ou un animal ont pu baigner ne trouve-t-elle pas un écho dans le plaisir que nous pouvons ressentir en savourant l'aliment ? Au contraire, un légume "anémique" ou une viande aqueuse semblent en dire long sur la vie qui était celle de la plante ou de l'animal.
Site du Mouvement de culture biodynamique de France dont Ilse Demarest-Oelschlâger est l'administratrice.
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