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La vraie crise du logement

tartosuc, Jueves, Julio 11, 2002 - 22:06

Frédéric Dubois

La vraie crise c'est la spéculation et les instincts nauséabonds d'une course aux profits par un nombre grandissant de propriétaires.

La crise du logement s'exprime tout d'abord par des pressions sans précédent exercées sur les locataires et candidats locataires depuis 2 ans. L'accès au logement est mis en péril par des loyers de plus en plus élevés. Une surenchère et spéculation sur le marché immobilier créent un climat de discrimination et d'exclusion. Un propriétaire lorgnant les profits faramineux réalisés par les constructeurs de condos ou résidences pour personnes âgées, espère récolter un somme comparable dans un temps record sur son «investissement». Cette obsession de profits déraisonnables à court terme en fait rêver plusieurs et payer plusieurs autres. La hausse abusive des loyers et la «sélection» de locataires sur une base économique entraînent la société dans cette crise. À défaut de l'application claire et sans conteste de la charte des droits et libertés dans le milieu du logement, des centaines de ménages à faible revenus, sur l'aide sociale, de minorités visibles et des familles nombreuses ou monoparentales se voient systématiquement refuser l'accès à un logement.

La crise du logement c'est aussi le harcèlement exercé par un nombre grandissant de propriétaires sur des locataires à faible revenu. Statistiquement, il est prouvé que les logements les moins chers sont augmentés le plus à l'heure actuelle. La marge de profit étant plus intéressante, la spéculation fait rage sur le dos des moins nantis. Ces derniers décident soit de consacrer jusqu'à 70% de leurs revenus au loyer ou de quitter le logement devenu trop dispendieux et de tomber dans la spirale de la crise.

Le manque d'entretien des logements est également une facette de taille. Afin de consacrer le moins possible de deniers à leur «investissement immobilier», des propriétaires avares refusent de rénover ou entretenir les logements dans un état de salubrité. Les logements tombent en miettes, un état permettant les démolitions. Ces démolitions mettent à leur tour des centaines de personnes à la rue à chaque année, en plus de rayer de la carte encore plus d'espaces locatifs.

L'interdiction sur les conversions en condo que la Loi sur la Régie du Logement a instituée, a été bafouée nombre de fois avec la collaboration des conseils d'arrondissement ou de municipalités. L'arrondissement Verdun est arrivé bon premier sur ce plan, en plus de subventionner ces conversions à l'aide de fonds publics destinés aux familles plus nécessiteuses.

Avec des subventions à la rénovation et au paiement du loyer (sans contrôle de ce dernier), des déductions fiscales impressionnantes, un abattement fiscal généreux et une exonération du gain en capital sans compter l'absence de contrôle des loyers pour les cinq premières années, qui augmentent la valeur marchande des immeubles des propriétaires, on vient encore nous raconter que le «marché du logement» est trop réglementé et empêche par le fait même la construction de logements. Par exemple, l'abattement fiscal permet aux propriétaires de jouer au Monopoly, soit de reporter un déficit d'exploitation d'un immeuble sur une période de dix ans. La vraie crise c'est la spéculation et les instincts nauséabonds d'une course aux profits par un nombre grandissant de propriétaires. Dans un tel climat, seulement un contrôle universel des loyers et un encadrement du processus de location sauront assurer des lendemains plus cléments pour l'ensemble des locataires et propriétaires au Québec.

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