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Irak: la «Busherie» menace

Anonyme, Miércoles, Julio 10, 2002 - 07:05

Michel Collon

«Next stop Baghdad»? Pour imposer une nouvelle guerre contre l'Irak ­qui serait la plus grande guerre menée par les Etats-Unis depuis le Vietnam le vice-président US Cheney fait le forcing: tournée de pressions sur les pays hésitants. A voir les fortes réticences exprimées un peu partout, certains pensent que la guerre pourrait être décommandée. Erreur...

«Next stop Baghdad»? Pour imposer une nouvelle guerre contre l'Irak ­ qui serait la plus grande guerre menée par les Etats-Unis depuis le Vietnam ­ le vice-président US Cheney fait le forcing: tournée de pressions sur les pays hésitants. A voir les fortes réticences exprimées un peu partout, certains pensent que la guerre pourrait être décommandée. Erreur...

A chaque fois que les Etats-Unis se sont préparés à déclencher une guerre (Golfe 91, Yougoslavie 99), nous avons tous eu un réflexe, psychologiquement compréhensible: «Ils ne vont peut-être pas attaquer, leurs accusations sont d'une telle mauvaise foi, et il y a tant d'oppositions dans le monde.» Mais à chaque fois, on a été piégé, la guerre est quand même venue, avec les massacres et les souffrances.

Deux faits récents indiquent que la menace de Bush se précise: d'abord, les tentes que l'Onu avait installées pour accueillir les réfugiés afghans ont été déplacées en Iran. But: «accueillir le flot de réfugiés prévisibles» en cas d'attaques américano-britanniques.1 Cette opération cynique fait partie du conditionnement «humanitaire» de l'opinion.

Ensuite, à Ankara, Cheney a tenu à s'entretenir non seulement avec le Premier ministre turc Ecevit, réticent, mais aussi directement avec les exécutants: le chef d'état-major de l'armée turque, plus docile encore. On fait miroiter des possibilités d'expansion régionale, puisque la Turquie réclame une part du territoire irakien.

Objections: oui, mais

Il est vrai que, dans le monde, les objections à la nouvelle croisade de Bush se multiplient. Pressés par leurs opinions et par les problèmes socio-économiques, les pays du Moyen-Orient sont bien plus prudents qu'en 1991. «Frapper l'Irak serait une catastrophe pour l'Irak, et menacerait la stabilité de la région», explique le roi Abdullah de Jordanie. Le Premier ministre turc hésite aussi: «Si un conflit menace comme un cauchemar, vous ne pouvez vous attendre à ce que beaucoup d'investissements affluent en Turquie»2. Le ministre russe Ivanov souligne qu'une telle attaque provoquerait une grave crise dans la région.

En outre, des experts occidentaux craignent que la hausse du prix du baril, qui accompagne traditionnellement toutes ces guerres, accélère la récession économique: «Un baril à 25 $ ferait peu de tort en Occident, analyse le Guardian, britannique, mais s'il grimpait à 30 $ pour une période prolongée, les conséquences seraient profondes pour l'emploi et la croissance alors que les trois principales économies globales ont subi leur premier recul simultané en un quart de siècle.»3

En conséquence, le ministre allemand Joschka Fischer craint que le Parlement de son pays s'oppose à cette guerre, la secrétaire britannique au Développement Clare Short menace de démissionner et le Premier ministre français Jospin critique les USA qui se prennent «pour l'unique procureur, juge et policier du monde». (C'est surtout l'aspect «unique» qui le dérange bien sûr, car le palmarès de la France comme «force de paix» en Afrique n'est pas si brillant)

Mais tous ces «avertissements», «réserves» et «mises en garde», on en avait déjà entendu de pareils avant les guerres précédentes. Ils furent ravalés. Quiconque relit les journées de ces époques, sera frappé par les similitudes. On ne peut donc compter là-dessus pour sauver la paix.

Au contraire. C'est justement parce que le monde entier se pose de plus en plus de questions sur le modèle américain et ses croisades que l'administration Bush veut recourir à la guerre. Pour briser les résistances et s'imposer en chef suprême.

La hausse du budget militaire US de cette année (plus 48 milliards de dollars) n'est qu'un premier pas. En 2007, il devrait atteindre 500 milliards $ (contre 270 en l'an 2000). A ce moment, les Etats-Unis dépenseront plus pour leur armée que le reste du monde tout entier. D'ores et déjà, leur gouvernement dépense dix fois plus pour l'armée que pour l'éducation.

Un seul avion de combat F-22 coûte 187 millions de dollars. De quoi construire 16 écoles. Mais ce sont des avions de guerre qu'on construira, et non des écoles ou des hôpitaux. Le programme du président Bush, élu par les multinationales du pétrole et des armes, c'est la guerre contre le monde entier, et l'Irak n'est qu'une première cible dans cette guerre des riches.

Seule la mobilisation peut arrêter Bush

Tous ceux qui défendent la justice sociale et la paix ne sauraient attendre passivement de voir ce que feront les grandes puissances. Si on les laisse faire, la «busherie» est certaine. Avec un scénario connu d'avance, car déjà expérimenté: pendant que les Etats-Unis prépareront leur armada militaire et renforceront leurs pressions sur les pays récalcitrants, on commencera par une campagne de médiamensonges pour assommer l'opinion. Puisque, même en Grande-Bretagne, 51% sont opposés à une guerre contre l'Irak (35% pour)4, on manipulera cette opinion sur, au choix, le terrorisme, les armes de destruction massive ou le prétendu souci humanitaire pour les Kurdes, ou bien une combinaison de ces thèmes. Un grand médiamensonge provocateur se prépare à coup sûr.

La seule chose qui puisse arrêter cette «busherie», c'est la mobilisation des peuples. Or, la résistance au Nouvel Ordre Mondial se renforce et, chaque semaine s'expriment de nouveaux signes de résistance. Récemment, le Zimbabwe a résisté à une campagne américano-britannique visant à le recoloniser. Barcelone a été la plus grande manif antimondialisation jamais vue. La Chine vient de dénoncer le chantage nucléaire des nouveaux programmes d'armement US. Et, dans nos pays aussi, les gens sont de plus en plus dégoûtés par les Etats-Unis et inquiets devant leurs menaces de guerre. A partir de là, peut naître une mobilisation sans précédent pour la paix. Et un débat sur la question fondamentale: quelle est cette société qui nous mène impitoyablement à la guerre et comment la transformer?

1.www.guardian.co.uk/Irak/Story 0,2763,668512,00.html · 2 Independent, 13 mars. · 3 Larry Elliott, The Guardian, 18 mars. · 4 Sondage ICM, Reuters, 19 mars.

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