Terminé, le Sommet du G8.
L’engagement des pays riches envers l’Afrique se chiffre à quelque 30 milliards de dollars (50 pour cent des 12 milliards en aide supplémentaire au développement annoncés à Monterrey multiplié par cinq ans). Six milliards pour le Canada seulement. Les leaders africains repartent donc chez-eux avec l’assurance que le NEPAD recevra un certain financement. L’emphase de ce financement sera surtout mise sur la promotion de la croissance économique, la sécurité et le développement du capital humain. Mais le mot dette ne revient pas une seule fois dans le communiqué final du gouvernement canadien.
(Selon Radio-Canada, les pays du G8 se sont engagés à alléger la dette d'un milliard de dollars. )

Le communiqué prend soin de souligner également que l’effort du gouvernement canadien consenti à Kananaskis sera pris à même les montants que le dernier budget fédéral accordait au fonds spécial pour l’Afrique et à l’aide internationale–qu’on promet de doubler d’ici 2010.

Sans trop de surprise, c’est le développement du néolibéralisme qui prend le haut du pavé. Bien sûr, on entend consacrer quelque 100 millions à l’éducation, 50 millions à la lutte contre le SIDA et 50 millions pour favoriser l’accès à l’eau potable. Le plus gros poste de dépenses reste toutefois la «croissance économique». Notre gouvernement canadien y inclut même le budget qui sera alloué à une prochaine mission commerciale en Afrique !

Radio-Canada diffusait plus tôt cette semaine un reportage sur la situation de la ligne de chemin de fer Bamako (Mali)–Dakar (Sénégal). Après avoir vendu une centaine de wagons subventionnés à l’État sénégalais, la compagnie Canarail estime qu’elle est en position privilégiée pour mettre la main sur la liaison ferroviaire le jour où le gouvernement Wade se résignera à «la seule solution viable» : la privatisation. Les installations sont en lambeaux. La liaison peut prendre des jours alors que le représentant de Canarail estime pouvoir réaliser Bamako–Dakar en 24 heures à plus ou moins brève échéance. Les voyageurs, eux, ne diraient pas non à une liaison plus rapide mais se questionnent sur les impacts que la privatisation aurait sur le coût des billets, le train étant actuellement le seul moyen de transport abordable. Quant aux travailleurs qui se trouvent chanceux de compter sur des emplois de bonne qualité…

Voilà résumée, la vision d’avenir de l’Afrique que partagent les leaders du G8. C’est celle qui se dessine au quotidien. C’est celle qui transpire du plan d’action pour l’Afrique qu’ils ont adopté hier. L’ironie à l’issue de ce Sommet, c’est que le Nord tire encore plus les ficelles. Cet argent qu’ils donnent d’une main, on leur glissera dans l’autre main via le paiement des intérêts sur une dette effroyable.

On aurait aimé aller plus loin que ce qui est écrit dans le communiqué final mais, comme dirait l'autre, que voulez-vous, on fait avec les moyens qu'on a. Même certains journalistes de Radio-Canada se sont vus refuser l’accès à Kananaskis !