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Le point de vue africain sur le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique :Rater la cible du développementAnonyme, Jueves, Mayo 30, 2002 - 21:07
Daphnée Dion-Viens
Même si le niveau de compréhension des enjeux varie d’un pays à l’autre, la plupart des représentants de la société civile africaine s’entendent pour dénoncer cette nouvelle initiative à saveur néolibérale. Mieux connu sous l’acronyme anglais NEPAD, ce projet de relance du continent le moins développé a été mis sur pied par cinq chefs d’États africains. Le document devrait être entériné lors du prochain sommet du G8 à la fin juin. « Ce qui intéresse les pays occidentaux, c’est le fait que ce soient des dirigeants africains qui reprennent les mêmes politiques imposées par la Banque mondiale et le Fond monétaire international aux pays en voie de développement, affirme Moussa Tchangari, directeur du journal Alternatives au Niger. Le NEPAD est basé sur une logique purement néolibérale et ne fait que reproduire les principes des programmes d’ajustement structurel. Ce n’est pas parce que c’est une initiative africaine que de vraies réponses sont apportées aux problèmes de l’Afrique ». La société civile africaine a été complètement tenue à l’écart du processus d’élaboration de ce partenariat, tout comme les gouvernements nationaux. Le NEPAD a été imposé aux autres chefs d’États africains, qui n’ont eu d’autre choix que d’y adhérer. Une situation que déplore Mambi Fofanna, directeur régional de SC Canada, une organisation canadienne implantée au Mali : « Les populations africaines ne sont pas informées et auraient dû être consultées sur ce projet continental. Le NEPAD est méconnu au Mali, même dans les milieux officiels ». À qui profitera le NEPAD ? Pour Moussa Tchangari, ce nouveau « plan Marshall pour l’Afrique » sert avant tout les intérêts des grandes puissances : « Les pays occidentaux utilisent une logique de ciblage : ils discutent avec les dirigeants là où il y a de l’argent à aller chercher. Les pays les plus pauvres avec les besoins les plus grands, comme le Niger, sont tout simplement mis de côté ». Il enchaîne : « Les mesures d’aide seront accordées en fonction de la rationalité économique. Le NEPAD propose par exemple de développer les routes pour permettre d’accroître les exportations et le commerce. Comme le Niger n’a pas beaucoup de ressources naturelles à exploiter, le pays ne bénéficiera tout simplement pas de ces mesures ». Même son de cloche de la part de Pie Ntakarutimana, président de la ligue ITEKA, une organisation de défense des droits humains au Burundi. Aux prises avec une guerre civile qui dure depuis près de 10 ans, ce petit pays d’Afrique centrale sera aussi ignoré par le NEPAD : « Le Burundi ne profitera pas de cette nouvelle initiative parce qu’elle vise d’abord les pays relativement stables », affirme-t-il. En plus de ne pas pouvoir bénéficier des mesures d’aide prévues, certains pays craignent l’ouverture des marchés préconisée par le NEPAD, qui pourrait détruire des secteurs clés de l’économie locale telle l’agriculture. « Comment nos agriculteurs, de petits fermiers sans ressource, pourront-ils concurrencer les grandes entreprises qui viendront s’implanter au Mali ? Que ferons-nous de ces agriculteurs quand ils seront sans revenu, d’autant plus qu’ils ne sont même pas assez qualifiés pour travailler pour ces multinationales ? » demande Mambi Fofanna. Et à ceux qui affirment que le NEPAD est au moins un premier effort vers la relance du continent africain, Moussa Tchangari réplique : « Ce n’est pas vrai que c’est la première proposition du genre. Il y a eu bien d’autres initiatives africaines plus intéressantes comme le plan d’action de Lagos et le CARPAS (Cadre africain de référence pour les programmes d’ajustement structurel). Ces plans de relance n’ont jamais bénéficié du soutien des puissances occidentales puisque ce n’était pas dans leurs intérêts ». C’est en fait tout le contraire que propose le NEPAD. |
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