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Plainte en déontologie contre un des enquêteurs responsables des 157 arrestation au 1er mai 2000 à WestmountAnonyme, Domingo, Mayo 12, 2002 - 22:59 (Analyses | Repression)
COBP
Deux ans après l'arrestations de 157 manifestantEs lors du 1er Mai Anarchiste à Westmount, le sergent-détective Pietro Poletti doit répondre devant le comité de déontologie policière des sévices qu'ila fait subir à un des arrêtés au C.O. Sud. Compte-rendu des audiences de la plainte en déontologie LE SERGENT-DÉTECTIVE POLETTI SUR LE BANC DES ACCUSÉS! MONTRÉAL, 11 mai 2002. Les 29 et 30 avril 2002, le comité de déontologie policière a procédé à l’audition de la plainte déposée par David Lessard contre le sergent-détective Pietro Poletti. David est une des 157 personnes arrêtées lors de la manifestation du 1er mai 2000, tenue à Westmount, dans le cadre de la journée internationale des travailleurs et des travailleuses. En plus de faire parti du lot des nombreuses victimes d’une intervention policière incroyablement arbitraire, David fut brutalisé lors de sa détention au Centre Opérationnel Sud (C.O. Sud) par le s/d Poletti. Ce dernier est l’un des deux enquêteurs qui, avec le s/d Paul-Antoine Giard, avaient procédé aux arrestations du 1er mai anarchiste, pendant que les protestataires étaient étroitement encerclés par le cordon policier. Lors des deux journées d’audience déontologique on a pu entendre les témoignages du plaignant lui-même, ceux de deux personnes arrêtées le 1er mai 2000, celui de Poletti et deux autres flics. Le comité de déontologie rendra son jugement à une date qui demeure inconnue pour l’instant. On aura beau dire tout ce qu’on voudra au sujet de la déontologie policière, qui mérite souvent les nombreuses critiques qui lui sont adressées. Toutefois, il n’en reste pas moins qu’il s’agit là d’un recours très accessible, car il n’exige pas un gros investissement d’énergie pour la personne plaignante, et qui plus est, se trouve à être à la portée de toutes les bourses, parce que gratuit. Policier qui compte vingt années d’expérience Juste de voir le gros Poletti troquer son sourire fendant qu’il affichait tout au long des arrestations du 1er mai 2000 pour une pathétique gueule de chien battu, ça valait amplement les quelques efforts investis dans le processus déontologique! Qu’attendez-vous, vous aussi, pour porter plainte contre les policiers qui bafouent et se moquent de nos droits ? Ça ne change pas le monde, sauf que... Sauf que ça peut permettre de mettre les brutes en uniforme sur le banc des accusés et d’exiger d’eux qu’ils rendent des comptes! Récapitulation de l’arrestation de masse du 1er Mai 2000 Rappelons que la manif du 1er mai anarchiste avait battu des records en courte durée. L’escouade anti-émeute avait tout d’abord tenter d’encercler les manifestantEs dès que ceux-ci et celles-ci avaient débarquéEs des autobus qui les avaient conduit au sommet du Mont-Royal. Les manifestantEs avaient toutefois réussit à déjouer cette manœuvre en empruntant précipitamment un petit escalier donnant l’accès au sommet de la montagne. Ce n’était toutefois que partie remise puisque, environ quinze minutes plus tard, des dizaines de flics casqués et armés de bâtons encerclent la foule sur Belvedere road. Une partie des manifestantEs avait tentée une fuite en traversant une des propriétés du Belvedere road mais furent vite rattrapés étant donné que la cour de ladite maison débouchait sur une impasse. D’ailleurs, tandis que les unités d’intervention se déployaient, plusieurs personnes avaient pu entendre un des chefs de peloton de la police crier à ses troupes: «OK les gars, tout ce qui bouge par là, on frappe!». Plus de 150 manifestantEs avaient donc été fait prisonnierEs sans opposer une grande résistance aux policiers. En fait, la très brève manif du 1er Mai Anarchiste avait été tout à fait pacifique. Toutefois, on apprendra plus tard que la police avait donnée l’ordre de mettre fin à la manif après qu’un agent motard s’était fait sauter dessus par un protestataire qui était particulièrement saoul cette fois-là. Un incident que la plupart des manifestantEs n’avaient pas vu puisque le protestataire en question était tellement fini qu’il traînait de la patte à l’arrière de la foule! Tellement pacté qu’il était lui aussi tombé au sol avec l’agent motard lors de sa tentative (peu réussi) de «voie de fait contre un agent»... Ce gars-là a d’ailleurs été jugé séparément de toutes les autres personnes accusées et a plaidé coupable à ses charges l’année suivante. Quant aux autres personnes arrêtées, elles ont toutes été accusées (à l’exception de 11 personnes mineures) d’avoir pris part à un « attroupement illégal », d’avoir « troubler la paix » et d’avoir commis des « méfaits de moins de 5000$ », à savoir... trois graffitis!! David, quant à lui, s’est retrouvé avec un chef d’accusation additionnel, celui de « voie de fait contre un agent ». Le s/d Poletti l’a en effet accusé d’être celui qui a lancé une fusée routière (non-allumée) sur un policier. Deux ans plus tard, les charges-bidons pendent toujours au-dessus des têtes d’environ 130 personnes accusées, la cause se trouvant au centre d’un long et indénouable imbroglio juridique. Lors de la plus récente date d’audience, le 24 avril 2002, les représentants de la défense se sont conjointement objectés à se présenter devant la Cour de Westmount, en invoquant que celle-ci a perdue toute juridiction dans la cause du 1er mai 2000. Le procureur de la couronne au dossier, John Donovan, fut informé que le Code criminel canadien lui-même donne raison à la défense sur ce point. La balle est donc dans le camp de Westmount. Bien entendu, il faudrait être particulièrement bête pour croire que les flics ont arrêtés 157 personnes à cause de trois graffitis et d’un gars chaud. Trois éléments peuvent expliquer pourquoi la réaction de la police a été digne d’une police totalitaire le 1er mai 2000. Premièrement, le lieu de la manifestation, la défunte municipalité de Westmount étant reconnu pour compter parmi ses habitantEs certainEs des plus puissants bourgeois de tout le pays. Deuxièmement, le contexte particulier de la manif qui survient un mois et demi après la casse du 15 mars 2000 au cours de laquelle un poste de police et trois McDonald’s avaient été saccagés par une foule en colère. À l’époque, la police avait fait l’objet de critiques pour avoir laisser s’écouler deux heures entre les premiers actes de vandalisme et l’arrestation de masse. Et troisièmement, le contexte post-Seattle dans lequel les anarchistes furent élevés au rang de menace à la sécurité nationale, en particulier en prévision du Sommet des Amériques. Plusieurs n’ont pas manquer de souligner que l’arrestation de masse du 1er mai 2000 ressemblait à une gigantesque opération d’identification et de fichage des militantEs du milieu anarchiste montréalais. La nature de la plainte La plainte consiste en une dénonciation d’une série d’abus des flics, qui vont en s’aggravant, plus particulièrement lorsque le sergent-détective Poletti se met de la partie. Dans sa dénonciation, David indique tout d’abord que les agents qui ont procédés à sa fouille ont refusé d’inscrire le contenu du sac à dos confisqué, et ce, malgré sa demande. Après être entré en cellule, passé 19h00, David constate que le téléphone de l’aile de détention ne fonctionne pas et demande à un policier d’exercer son droit à l’appel à un avocat dans les plus bref délais. Plus tard, vers 22h50, David voit un des responsables des arrestations, le s/d Poletti, circuler dans le couloir et l’informe de la défectuosité de l’appareil qui le prive, lui, de même qu’une quarantaine de co-détenus, de pouvoir communiquer avec leur avocatE. David rapporte aussi avoir demander à Poletti combien de bavures il avait commis pour devenir sergent-détective, un commentaire qui a profondément déplu à ce dernier. Piqué au vif, Poletti ordonne à David de lui décliner son identité. La série d’abus perpétré par Poletti commence par une scène inoubliable pour ceux qui l’ont vécu cette nuit-là dans les sinistres cages du C.O. Sud. Poletti et quatre autres policiers pénètrent dans l’aile de détention surpeuplée réservée aux prisonniers masculins d’âge majeur. Fort de ses quatre sbires, Poletti ordonne impérativement à tous les détenus qui se trouvent dans le couloir de l’aile de détention d’entrer immédiatement dans les cellules, les agents l’accompagnant avançant d’un pas imposant pour faire reculer les plus récalcitrants. Ensuite, toutes les portes des cellules sont verrouillées. C’est alors que le s/d Poletti se met à se promener de gauche à droite en cherchant fiévreusement du regard un de nos co-détenus. Quand Poletti finit par dénicher celui qu’il cherchait, c’est-à-dire David, il lui ordonne de le suivre. David est ensuite emmené à l’extérieur de l’aile de détention par Poletti et son escorte policière. Alors qu’on l’emmène vers la salle d’interrogatoire, Poletti demande à nouveau à ce que David lui décline son nom. Ce coup-ci, celui-ci refuse d’exécuter, argumentant que son nom il l’avait déjà donné alors que lui n’avait toujours pas eu droit à son appel à l’avocat. Arrivé devant la porte de la salle d’interrogatoire, Poletti pousse violemment David à l’intérieur. Dans la salle, Poletti n’allume pas la lumière tandis que les quatre autres agents surveillent la porte, dont l’un d’eux qui la tient entre-ouverte. Poletti saisit alors David par la gorge en le plaquant contre le mur tout en le menaçant de son autre poing, et s’écrie: « Tu vas savoir c’est qui qui mène icitte mon tabarnak!». Ensuite, Poletti agrippe David par le bras et le projette brutalement à l’extérieur de la salle d’interrogatoire de façon à ce qu’il fonce dans le mur du couloir. David est ensuite emmené au comptoir d’écrou. Poletti demande à David son nom à trois nouvelles reprises, à chaque fois sur un ton plus agressif. À la troisième reprise, David lui répond aussi fort que lui. Fou de colère, Poletti assène un coup de poing sur la main gauche de David posée sur le comptoir d’écrou. David décline à nouveau son nom, son adresse et sa date de naissance. Ce n’est qu’après ce pénible épisode que David peut regagner sa cellule. Voilà donc les éléments de la plainte auquel aura eu à répondre le s/d Poletti lors des audiences des 29 et 30 avril 2002. Les témoignages de la partie plaignante Comme pour toute personne plaignante, le comité de déontologie a offert à David les services d’un avocat, en l’occurrence Mtre François Rochon, et ce, sans frais. Malheureusement, ce dernier n’était pas très expérimenté en la matière puisque la plainte de David était la première cause qu’il a eue à plaider devant le comité de déontologie! Heureusement, Me Rochon fut secondé par un autre avocat plus chevronné, Me Michel Maurice. De son côté, Poletti avait retenu les services de Me Yves Clermont (dont la ressemblance physique avec le maire de Montréal, Gérald Tremblay, est des plus frappantes!). C’est Me Gilles Mignault qui siégeait comme président du comité de déontologie et qui aura donc le dernier mot dans l’affaire. L’audience s’est ouverte par le témoignage du plaignant, David Lessard. Celui-ci a relaté les sévices mentionnés ci-haut que lui a fait subir Poletti au C.O. Sud. David a aussi expliqué au comité que les manifestantEs du 1er mai 2000 voulaient descendre jusqu’en bas de la montagne du Mont-Royal pour ensuite passer par Westmount, « où vivent des patrons qui vivent sur le dos des travailleurs », a-t-il tenu à préciser. En contre-interrogatoire, l’avocat de Poletti, Me Clermont a exibé à David deux tracts annonçant la manif du 1er Mai Anarchiste, soit celui où l’on voit un dessin représentant un individu masqué équipé d’un sling-shot, et celui où l’on voit un jeune garçon transportant deux énormes bouteilles de vin. Me Clermont a lu en entier le contenu des deux tracts. Rapidement, le contre-interrogatoire de Me Clermont a prit des allures d’une opération de collecte de renseignements à caractère politique. En effet, Me Clermont s’est référé aux groupes politiques nommés dans le rapport de police sur le 1er mai 2000 (qui d’ailleurs n’avaient aucun rôle que ce soit dans la manif en question, quand ce n’était pas carrément des groupes fictifs!). Il a nommé chacun des groupes et demandé à David s’il en faisait partie. Il a demandé à David s’il avait participé à des réunions pour organiser le 1er Mai Anarchiste. Me Clermont a même poussé le ridicule jusqu’à demander à David s’il était membre des Blood Sisters! David a alors expliqué calmement au comité que Blood Sisters est un groupe composé de femmes qui n’organise pas de manifs et dont la raison d’être est de faire la promotion d’alternatives aux serviettes sanitaires. Par contre, David n’a pas voulut cacher ses couleurs. Il a admit être de tendance libertaire et a précisé le sens qu’il donnait à ce mot, à savoir une aspiration à une société plus juste et plus égalitaire. Cette admission fut apparemment suffisante aux yeux de Me Clermont pour ranger David à l’intérieur de l’obscure membership du non-moins obscure groupe intitulé « des Libertaires »! En fait, Me Clermont est allé jusqu’à se permettre de formuler ses questions en commençant par « votre groupe, des Libertaires »... David a dû expliquer qu’il se voyait comme un activiste social agissant à titre individuel. Il a aussi précisé qu’il n’y avait pas de groupe en particulier qui avait organisé la manif du 1er mai 2000. Après avoir échoué à faire passer David pour un dangereux anarchiste, Me Clermont s’attaque au contenu de la plainte. Il contre-interroge sur les moindre détails à la recherche d’une faille ou d’une contradiction qu’il n’arrivera pas à dénicher. Il a tenté de mettre en doute sa mémoire en demandant à David pourquoi il pouvait être si sûr que c’était le s/d Poletti qui était l’auteur des gestes reprochés. David a alors répondu sans hésiter que Poletti avait été à un pied et demi de sa face et qu’il n’oubliera jamais le visage de ce dernier. Pourquoi a-t-il pris tant de temps (10 mois) avant de déposer sa plainte ? Parce qu’il manquait de confiance envers le système judiciaire en général. David est revenu sur sa décision après avoir discuté de ces évènements avec d’autres gens. Puis, le contre-interrogatoire s’est attardé à la question de l’omission des agents du C.O. Sud d’inscrire le contenu des effets personnels de David sur l’enveloppe prévue à cet effet. Me Clermont a tenté de contredire le plaignant en exhibant sa feuille d’écrou sur laquelle les effets en question étaient inscrits, entre autres une corde et des allumettes. David a répliqué qu’au moment où il l’avait signé, les agents n’avaient rien inscrit dessus. Me Clermont a ensuite demandé à David ce qu’il avait l’intention de faire une corde. Celui-ci a répondu que la corde était destinée à soutenir une bannière. Puis, Me Clermont a demandé à David s’il traînait des allumettes dans le but d’allumer la fameuse fusée routière, qui, rappelons-le, n’a jamais été allumée au moment où elle aurait présumément été lancée sur un flic. David a tout simplement indiqué qu’il était fumeur et a brandi son paquet de cigarettes devant le comité de déontologie. Les deux autres témoins de la partie plaignante sont deux personnes qui avaient été arrêtées à Westmount mais qui, étant d’âge mineur au moment des faits, n’ont pas été accusées par la suite. L’emplacement des ailes de détention pour les personnes mineures donne une vue sur le couloir où se sont déroulés certains des sévices perpétrés par le s/d Poletti. La première témoin a rapportée avoir vu le s/d Poletti expulser brutalement David d’une salle d’interrogatoire, à tel point, que les pieds David n’ont pratiquement pas foulé le plancher! La témoin a aussi vue David être projeté sur un mur du couloir qui donnait sur son aile de détention. Le troisième et dernier témoin pour la partie plaignante a déclaré avoir vu le s/d Poletti pointer du doigt David en lui disant d’un air menaçant «fait pu jamais ça». De plus, le témoin a déclaré qu’il était à deux mètres de la scène dans laquelle le s/d Poletti donne un coup de poing sur la main de David pendant que celui-ci était au comptoir d’accueil du C.O. Sud. Me Clermont lui a aussi demandé s’il avait déjà participé aux activités des groupes militants mentionnés dans le rapport de police du 1er mai 2000, et si oui, quand, combien de fois, et avec lequel de ces groupes !! Me Clermont lui a aussi demandé s’il adhérait à l’idéologie libertaire, s’il était vrai que les anarchistes désapprouvent l’existence de l’État, etc. Toutefois, le témoin a bien tiré son épingle du jeu et n’est pas tombé dans le piège grossier de l’avocat du flic, qui consistait à faire passer les témoins de la partie plaignante pour des vandales sans foi ni loi. Dans ce cas-ci, cette tentative était clairement vouée à l’échec puisque le témoin, qui est étudiant en technique électronique, a lui-même déclaré au comité qu’il s’était fait offert de suivre un stage de formation par la police. De plus, comme le témoin était une personne mineure au moment des faits, celui-ci a pu expliquer au comité qu’il n’avait jamais été accusé en rapport avec le 1er Mai Anarchiste à Westmount et qu’il considérait donc avoir été arrêté pour rien. Deux flics témoignent Ensuite, ce fut au tour d’entendre des policiers. En premier, il y a eue la policière Mélanie Rondeau, qui était assignée au garage du C.O. Sud lors des événements du 1er mai 2000. Son témoignage n’a pas apporté grand chose d’intéressant. La policière Rondeau avait été citée à témoigner en raison du fait que son nom apparaissait au bas de la feuille d’écrou de David, mais elle a dit qu’il s’agissait d’« une erreur », car elle a dit que son assignation ce soir-là s’était limitée à « rester au garage »... Pour finir la première journée d’audition, nous avons eu droit au témoignage du partenaire enquêteur de Poletti lors du 1er mai 2000, le sergent-détective Paul-Antoine Giard. En début de témoignage, on a pu apprendre que le s/d avait été muté du sinistre C.O. Sud pour travailler au module du crime organisé depuis deux mois. De toute évidence il s’agit d’une promotion. Le s/d Giard compte deux fois moins d’années d’expérience que Poletti, mais c’est lui qui se fait offrir le genre de boulot dont rêve bon nombre de flics (les enquêtes sur le crime organisé), incluant Poletti, qui n’avait pas l’air d’être rehaussé dans son estime de voir son ex-partenaire promu venir déposer pour lui alors qu’il se trouve au banc des accusés!! Durant son témoignage, le s/d Giard est revenu sur la manif du 1er mai 2000, à Westmount. Il a déclaré que les policiers avait une information voulant que les manifestantEs s’en allaient rejoindre la marche des travailleurs et des travailleuses syndiquéEs (!?). Il a témoigné à l’effet qu’entre 30 et 40 policiers avaient suivis les autobus qui conduisaient les manifestantEs au sommet du Mont-Royal, en plein cœur de Westmount. Puis, le s/d Giard a raconté dans les moindres détails l’incident au cours duquel un manifestant manifestement intoxiqué s’en est pris à un policier motard en lui sautant dessus. L’individu a été immédiatement arrêté par les deux sergent-détectives Giard et Poletti. C’est suite à cet épisode que l’ordre a été donné d’encercler toutes les personnes se trouvant sur les lieux de la manifestation. C’est le lieutenant-détective Pierre Morneau qui a demandé à ce que soit entamé les procédures contre les personnes entourées par le cordon policier. Puis, le s/d Giard a déclaré qu’il lui « semble » que c’est lui qui a procéder à l’arrestation de David en ajoutant toutefois que le visage de ce dernier ne lui disait rien. Il a ajouté qu’il y a eu, au C.O. Sud, « une sorte de malentendu » autour de la question à savoir qui avait arrêté qui! Le s/d Giard a aussi indiqué que tous ses documents relatifs au dossier de Westmount se trouvent toujours à la Cour municipale de Westmount... Quant aux événements au C.O. Sud, le s/d Giard a témoigné qu’il avait passé la majorité de la soirée dans son bureau à rédiger son rapport, mais qu’il lui était peut-être arrivé de faire une incursion dans une aile de détention « pour voir si tout allait bien ». Il a décrit l’atmosphère qui régnait dans les cellules comme étant agitée et que certains des prévenus étaient « agressifs ». Puis, le s/d Giard s’est fait interrogé relativement au téléphone qui n’était pas fonctionnel dans l’aile de détention où était détenu David avec un bon nombre de personnes arrêtées. Lorsque questionné à savoir s’il était possible que ces téléphones soient équipés d’une switch permettant de mettre l’appareil à « on » ou à « off », le s/d Giard a tout d’abord répondu qu’il n’en avait « jamais entendu parler », pour ensuite répondre qu’une telle chose était toutefois « possible ». Répondant à une question du président du comité de déontologie, le s/d Giard a affirmé que, de façon générale, il n’y avait « aucune raison » pour ramener une personne détenue au comptoir d’écrou. Pour clore le tout, le s/d Giard a tenu à décrire son collègue comme un type « très professionnel », « très gentil » et « très aimable » (!!!). Et il s’est permis de raconter une anecdote au sujet de son ex-partenaire. Le s/d Giard s’est souvenu que lorsque les prévenus étaient passés unE par unE devant la caméra de police, pour identification, qu’un des manifestants arrêtés était agacé par une mèche de cheveu mouillée qui pendait au milieu de son visage et que Poletti, en bon samaritain (!), lui a gentiment et aimablement replacé sa mèche de cheveux. C’était, de l’avis du s/d Giard, un geste qui illustrait bien la personnalité de son ancien partenaire. Le s/d Giard a d’ailleurs tenu à ajouter que ce n’est pas le genre de choses qu’il aurait faite, lui... Poletti témoigne... et sue À l’instar de sa déposition devant la Cour municipale de Westmount l’an passé, le témoignage de Poletti en déontologie, qui a duré presque tout l’avant-midi du 30 avril 2002, est truffé de grossiers mensonges. Par ailleurs, Poletti, qui compte vingt années d’expérience dans les corps policiers, a manifesté des signes de nervosité tout au long de sa déposition. Son principal tic nerveux consistait à se pogner le collet de sa chemise. Au moment où l’auteur est entré dans la salle d’audition, Poletti avait commencé son témoignage depuis quelques minutes. Il était en train de raconter au président du comité que les manifestantEs « foutait le bordel » et « endommageait » la propriété sur le terrain de la résidence de la famille Bronfman, en répétant à plusieurs reprises le nom de la célèbre et richissime famille (qui a d’ailleurs fait fortune dans la contrebande d’alcool dans les années trente...) Poletti a ensuite décris l’arrestation de David, en disant de celui-ci qu’il était « très violent ». Selon Poletti, David n’a pas résisté à son arrestation mais les policiers ont utilisés « la force nécessaire » contre lui. Puis, Poletti s’est employé à faire un portrait tout à fait invraisemblable des manifestantEs arrêtéEs le 1er mai 2000. Il a déclarer qu’une de nos soi-disantes « méthode » consiste à « refuser systématiquement » d’user de notre droit d’appeler unE avocatE, et ensuite d’exiger bruyamment de faire cet appel une fois détenus à l’intérieur des cellules!! Poletti a ajouté que les policiers normalement affectés aux quartiers de détention du C.O. Sud étaient tout à fait dépassés par les agissements déroutants des « manifestants professionnels »... Poletti a aussi prétendu qu’il était « évident » que David était « un des leaders », car, selon le s/d, « c’était lui qui donnait les conseils, qui disait qui appeler qui ». Bref, pour emprunter l’expression utilisée par Poletti, David « avait le contrôle » (!!!). Au sujet de l’histoire du téléphone non-fonctionnel, Poletti a déclaré qu’il ignorait si les manifestantEs l’avait « brisé intentionnellement ». Par contre, Poletti a avoué plus tard qu’il n’avait pas pris la peine de vérifier si ledit téléphone était fonctionnel ou non, et qu’il ne s’en préoccupait pas puisqu’il était « convaincu » que c’étaient les détenus qui l’avait brisé! Il a aussi dit qu’à son souvenir, l’atmosphère dans le bloc cellulaire où était détenu les arrêtés du 1er mai était « très violente ». Pour appuyer ses sottises, Poletti est revenu sur le fait que les policiers avaient découverts des boules de billard parmi les effets des manifestantEs. Concernant plus précisément ses agissements à l’égard de David, Poletti a dit ne plus se rappeler des choses que lui aurait dit ce dernier. Le s/d a déclaré avoir emmené David pour lui permettre d’exercer son droit d’appeler unE avocatE et pour aussi pour l’interroger. Il a avoué avoir pris David par le bras tout en prétendant du même souffle qu’il n’avait « pas tiré fort ». Poletti a aussi nié avoir emmené David au comptoir d’écrou à aucun moment que ce soit. Poletti contre-interrogé.. et sue encore plus! En contre-interrogatoire, Poletti a avoué qu’il estimait que les manifestantEs constituait déjà un « attroupement illégal » au point de rendez-vous fixé pour la manif du 1er mai anarchiste, à la sortie du métro Guy-Concordia. Il a décrit les manifestantEs comme étant « hors de contrôle » et qu’il s’agissait de « gens complètement hystériques » (!!). Il a déclaré avoir saisi des 2 par 4 sur les lieux de l’arrestation de masse mais que ceux-ci avaient été ramassés par la voirie de la défunte ville de Westmount. Il n’a pu confirmer si les manifestantEs étaient bel et bien sous l’effet des stupéfiants... Poletti a de plus déclaré que « les manifestants professionnels sont des gens extrêmement violents », et qu’il en tient pour preuve le fait qu’un pistolet de 9mm aurait été retrouvé parmi les effets des manifestantEs arrêtéEs le 26 avril dernier!! Décidément, cette histoire de pistolet, qui s’apparente à un coup monté des policiers montréalais, elle va nous suivre pour longtemps et à des endroits où on s’en attendrais pas!!! Poletti a admis que le fait de se faire narguer, « ça fait parti du travail ». Au sujet de David, Poletti a dit qu’il le connaissait de nom mais pas personnellement. À la question si le s/d avait de l’information de la part des services de renseignements à l’effet que David serait présent sur les lieux de la manifestation, Poletti a répondu « oui » (intéressant, non?). Poletti a déclaré qu’il voulait interroger David relativement à un incident au cours duquel une fusée d’allumage, ou un « flare » selon l’expression employée par le s/d, aurait été lancé sur un policier au début de l’encerclement des manifestantEs sur Belvedere road. Poletti a admit qu’il ignorait comment on faisait pour allumer un « flare » et qu’il n’avait « pas vu personnellement le flare qui a été lancé ». Il a ajouté que le policier qui aurait reçu le « flare » en question a bel et bien porté une plainte mais qu’il n’avait pas une copie de celle-ci en sa possession. Lorsqu’est venu le moment de décrire de quelle façon il est allé chercher David dans sa cellule, Poletti a raconté une version à dormir debout. Poletti a déclarer que David avait tenté de se cacher dans sa cellule au moment où le s/d s’était lancé à sa recherche en compagnie de ses quatre sbires. Poletti a de plus ajouté que David « voulait que les autres détenus sautent sur les policiers » (!). Poletti a soutenu effrontément que sa « rencontre avec M. Lessard [David] a été comme les autres ». Le s/d a de plus déclarer qu’il était dans ses « habitudes » de toucher aux détenus lorsqu’il a affaire à les escorter. Poletti a admis avoir agrippé David par le bras, et ce, « pour lui montrer qu’il [Poletti] avait le contrôle ». Par contre, la crédibilité de Poletti s’est mise à dégringoler lorsque ce dernier a été confronté à sa version des faits qu’il a offerte à l’enquêteur en déontologie. Dans ladite version, Poletti affirme ne pas se souvenir d’avoir sorti David de sa cellule. De plus, Poletti a eu du mal à s’expliquer pourquoi il avait déclaré à l’enquêteur en déontologie ne pas avoir « touché de quelconque façon » David! Poletti a maladroitement tenté de faire avaler au comité de déontologie qu’il avait nié à l’enquêteur d’avoir touché David par crainte qu’une autre réponse puisse être interprété défavorablement à son égard... Poletti a ensuite déclarer que David ne voulait pas se faire interroger et qu’il « n’avais pas de temps à perdre avec ça ». Il a ajouté que « si la personne est violente [sic], je me met pas en danger » (!). Pour couronner le tout, Poletti a continué de se caler lui-même en déclarant qu’il n’« avais aucun motif de l’interroger [David], ni avant, ni après ». Après une brève suspension, le contre-interrogatoire de Poletti a reprit sur des questions concernant sa carrière comme policier. Il a dit avoir commencé à travailler comme constable sur la rive-sud, en 1983, et qu’il a joint le corps de police de Montréal deux ans plus tard. Il a nié avoir eue une formation à Ottawa, contrairement à ce qu’il avait prétendu sous serment devant la Cour de Westmount, mais a par contre admis avoir travaillé au sein du SRCC (Service de Renseignements Criminels Canadien) et avoir une formation en matière de stupéfiants. En revenant sur la manifestation du 1er mai 2000, Poletti a alors déclaré qu’il s’agissait pour lui d’une manif « comme les autres » et que ça avait été une « soirée de routine » pour lui. Puis, Poletti s’est encore mit les pieds dans les plats en prédisant que pour, la manifestation du 1er mai de cette année, « ça va être violent », comme les autres fois (n’oublions pas que le témoignage de Poletti survient la veille du 1er mai 2002)!! Voyant que son client était en train de se foutre dans l’embarras comme un innocent, Me Clermont a fait une objection sur le type de questions, plaidant sans grande efficacité que Me Rochon fait du surplace et pose la même question depuis une demi-heure (ce qui est évidemment tout à fait faux). L’objection de Me Clermont a été rejetée. Lorsque Me Rochon a tenté d’explorer les motifs qui poussait Poletti à faire une telle prédiction relativement au 1er mai 2002, l’avocat de celui-ci s’est aussitôt porté à son secours en émettant une seconde objection sous le prétexte que ce n’était « pas pertinent » et que « ça n’amène rien au présent dossier ». Me Rochon a alors répliqué que, de toute évidence, c’était le témoin lui-même qui avait ouvert la porte à ce type de questions en commentant une manifestation qui n’avait pas encore eue lieu... Étonnamment, le président du comité à cette fois-ci tranché en faveur de Me Clermont et a maintenu l’objection. C’est sur épisode que s’est immédiatement conclut la longue période de questions de Me Rochon à l’endroit de Poletti. Me Clermont y est allé d’une dernière question sur l’état de santé de Poletti au moment du 1er mai 2000. Celui-ci a affirmé qu’il était atteint d’une infection à la colonne vertébrale... on peut bien se demander à quoi servait cette dernière question. La dernière partie de la journée d’audience s’est conclut par les plaidoiries des avocats des deux parties. L’auteur n’y a pas assisté. Quant à la décision du président du comité de déontologie, elle sera communiquer éventuellement par écrit aux deux parties adversaires. Vous serez évidemment tous et toutes tenus informés de la suite de cette affaire. Il n’en demeure pas moins que le taux de probabilité d’un verdict de culpabilité demeure élevé étant donné les contradictions relevées plus tôt dans le contre-interrogatoire de Poletti et la solidité de la preuve soumise par la partie David. Dans tel cas, la sanction imposé risque néanmoins d’être d’une portée plus symbolique qu’autre chose. Un blâme ? Une réprimande ? Une journée de suspension ? Chose certaine, aussi petite puisse être la sanction que décidera d’imposer le comité en cas de verdict de culpabilité, ça fera toujours une petite tache au dossier de ce flic de carrière, ce qui pourrait compromettre ses perspectives de promotion à l’intérieur de l’appareil policier. Quoi qu’il arrive, le passage de Poletti en déontologie laissera certainement chez ce dernier un mauvais souvenir qu’il ne sera pas prêt d’oublier! - Écrit par un membre du Collectif Opposé à la Brutalité Policière |
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