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ONU - Adoption d'un plan controversé de lutte contre la déforestation

Carl Desjardins, Miércoles, Mayo 1, 2002 - 13:11

Hervé Kempf

Cent soixante-six pays ont adopté, vendredi 19 avril 2002, un plan de lutte contre la disparition accélérée des forêts tropicales. Greenpeace l'a qualifié de "tigre de papier".

La communauté internationale a adopté, vendredi 19 avril 2002, un plan de lutte contre la disparition accélérée des forêts tropicales. Ce plan a été le fruit d'un laborieux compromis, élaboré dans le cadre d'une conférence environnementale de l'ONU, entre pays européens et gros producteurs de bois tropical du Sud, le Brésil menant le combat pour les huit pays de l'Amazonie et la Malaisie, pour les pays asiatiques émergents.

Ce plan comprend 131 mesures que les 183 pays participant à la convention de l'ONU sur la protection des ressources naturelles de la planète sont invités à prendre, en faisant appel, si nécessaire, à l'aide étrangère. Parmi ces mesures figurent l'amélioration des inventaires forestiers, l'application des meilleures pratiques sylvicoles pour couper le bois sans détruire arbres et milieux naturels, l'accroissement des "aires protégées" et le renforcement de la réglementation en vue de faire appliquer effectivement ces techniques de "gestion durable".

«Des promesses creuses»

Aussitôt après son adoption, Greenpeace a qualifié ce plan de "tigre de papier". L'association écologiste a particulièrement regretté que le plan n'ait pas expressément ciblé les forêts anciennes ni condamné les coupes illégales de bois. Greenpeace, qui a multiplié depuis deux mois actions contre des bateaux transportant du bois tropical et manifestations, a promis de poursuivre sa campagne pour la préservation des forêts tropicales qui, selon l'ONU, fondent au rythme de 1 % par an. L'organisation a accusé les 123 ministres de l'environnement, venus épauler leurs fonctionnaires, mercredi et jeudi, d'avoir fait des "promesses creuses" en s'engageant, dans une déclaration, à "stopper la déforestation", sans fournir aux pays pauvres l'assistance financière nécessaire.

La politisation du dossier "déforestation", sur lequel plusieurs ministres ont été très actifs sur fond d'échéances électorales, notamment le ministre français de l'environnement, Yves Cochet (Vert), a relégué au second plan le principal résultat de la conférence, l'adoption de "lignes directrices" sur les biotechnologies. Selon des diplomates spécialisés, ces dispositions devraient mettre fin au pillage par les pays industriels des plantes médicinales et autres ressources naturelles du tiers-monde pour fabriquer des médicaments et des parfums.

Même si elles n'ont pas de caractère contraignant, elles permettront d'encadrer les législations nationales sur les recherches biotechnologiques qui font cruellement défaut dans de nombreux pays en développement. Désormais, laboratoires et multinationales ne pourront plus arguer de vide juridique pour des pratiques pas toujours orthodoxes, selon ces sources.

Les "lignes directrices" prévoient, avant toute signature de contrat, une information des communautés locales et autochtones dont le savoir ancestral aide les chercheurs dans leur recherche de nouvelles molécules. Elles stipulent aussi un partage des bénéfices entre les fabricants de biotechnologies et les pays fournisseurs de ressources génétiques.

De manière significative, la présidente néerlandaise de la conférence, Geke Faber, secrétaire d'Etat à l'agriculture, a qualifié de "percée décisive" l'adoption des "lignes directrices". Elle s'est limitée à un compte-rendu factuel du dossier forêts. L'ONU, de son côté, a consacré un unique paragraphe aux forêts et une page entière aux biotechnologies dans son communiqué final.

La conférence, qui avait commencé le 7 avril 2002 et devait s'achever vendredi 19 avril 2002 au soir, a eu lieu dans le cadre de la Convention de l'ONU sur la biodiversité (1992). Les documents adoptés visent à compléter cet accord-cadre peu contraignant qui souligne la responsabilité des Etats dans la protection des animaux et des plantes du globe dont l'humanité dépend pour sa survie.

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