Dans son intégration au système mondial actuel, l’Afrique fait figure de continent en crise ; une crise multidimensionnelle dont la faillite de l’État est un des aspects visibles.

Malgré l’indépendance acquise, bon nombre d’États africains sont restés fidèles aux intérêts de la métropole, plus enclins à répondre aux exigences des grandes puissances mondiales et des institutions financières internationales qu’à satisfaire les aspirations de leur peuple pour le bien-être, la démocratie et la souveraineté. Une telle situation ne peut être qu’un foyer de pauvreté, de conflits et de violences : guerres ethniques, rébellions et mutineries, insurrections populaires, lutte pour le contrôle des ressources, etc. Face à cette situation, il est temps, pour les leaders africains, de dépasser la notion de l’État héritée de la colonisation, c’est-à-dire de réhabiliter le pouvoir de l’État dans ses dimensions redistributives et démocratiques. La réussite d’une telle initiative demande une lecture attentive de l’histoire du peuple, surtout une mise en pratique des valeurs instigatrices de ses luttes pour la libération : la recherche de l’unité et de l’intégration nationales, la souveraineté, la lutte contre la dictature et la corruption.

Introduction

Sur le plan des infrastructures et de la qualité de la vie de la population, l’Afrique ne fait que régresser au lieu d’aller de l’avant. Des liaisons aériennes qui assuraient une desserte régulière entre plusieurs villes de vastes pays comme le Congo-Kinshasa et le Nigéria, dans les années 1970 et 1980, n’existent plus, tandis que des tronçons entiers de chemins de fer sont aujourd’hui inutilisables. Malgré plus de quarante ans de projets internationaux de développement, rien ou presque ne suggère une amélioration réelle de la vie de la population africaine. Ce constat de faillite et de crise généralisée avait suscité, en 1985, cette interrogation de Claude Ake dans un article publié dans l’hebdomadaire West Africa : “Pourquoi l’Afrique ne se développe-t-elle pas ?