En réponse à l’article de Libération « La rumeur - «Libération» a enquêté auprès des victimes directes et des témoins de la tragédie du Pentagone. Pourquoi la démonstration de Meyssan est cousue de très gros fils blancs » Par Fabrice ROUSSELOT, 30/03/2002 ()
Libération se déchaîne en ce moment en publiant tous les deux jours un article pour démonter la thèse de Thierry Meyssan. C’est intéressant, mais c’est dommage qu’ils utilisent des arguments ridicules sans vérifier leurs informations, et c’est dommage aussi qu’on ne puisse pas leur répondre.
Je retranscris donc l’article en entier et je réponds point par point.
> « New York de notre correspondant »
> « Un titre : l'Effroyable Imposture». Un sous-titre plus «clair» : «Aucun avion ne s'est écrasé sur le Pentagone.» Sur Internet d'abord, et maintenant dans un livre, Thierry Meyssan, président du Réseau Voltaire, prétend que le vol 77 d'American Airlines n'a jamais frappé le Pentagone (département de la Défense américain, sis sur les bords du Potomac, à Arlington, Virginie, en face de la capitale, Washington). Partant de cette «démonstration» en 16 pages, Meyssan développe en quelque 235 pages (plutôt fastidieuses) une série d'allégations délirantes cherchant à accréditer l'existence d'un vaste complot au sein de l'appareil d'Etat américain impliqué dans les attentats terroristes du 11 septembre. Coups de projecteur sur quatre des mensonges sur lesquels reposent les élucubrations du pseudo-«enquêteur» Meyssan. »
Réponse : Oyez, braves gens : ce livre est « fastidieux », pas très intéressant donc, circulez, y’a rien à voir !
Enfin moi comme j’ai mauvais esprit je l’ai quand même lu, et puis j’ai lu pas mal d’autres choses sur l’affaire, donc je suis en mesure de me faire une opinion personnelle sur les « élucubrations » en question. C’est parti.
> « 1 Il n'y avait pas d'avion, car il existe peu de témoignages et ils sont contradictoires »
> « Faux. En réalité, des dizaines, voire des centaines de personnes ont vu l'avion s'écraser sur le Pentagone le 11 septembre, et nombre de leurs témoignages ont été recueillis par la presse américaine (cf. le Washington Post du 11 septembre), comme celui de Steve Patterson, un designer graphique, de Kirk Milburn, employé par la firme Atlantis Co, ou encore de David Winslow, journaliste de l'Associated Press. Allan Wallace, lui, est un pompier de Fort Myers, en Virginie. Le 11 septembre, il était assigné dans l'une des casernes proches du Pentagone, qui est chargée de l'assistance aux hélicoptères qui décollent périodiquement du département de la Défense. Joint par Libération, il raconte ce qu'il a vu. «J'étais environ à 10 mètres de la façade ouest du Pentagone près d'un camion, avec deux autres pompiers. Je regardais le ciel et, soudain, j'ai vu un avion qui venait de passer au-dessus de l'autoroute, à très faible altitude. On s'est alors mis à courir dans la direction opposée à l'avion. Je ne l'ai pas vu percuter l'immeuble, mais on a entendu un bruit énorme. Quand je me suis retourné, c'était pour voir une énorme boule de feu. Je me suis jeté à terre, mais j'ai quand même été brûlé au second degré aux bras, comme les deux autres pompiers. Ensuite, on a essayé de faire démarrer notre camion pour aller aider, mais il était à moitié brûlé lui aussi et a refusé d'avancer.» »
Réponse : il est effrayant que tout le monde ait oublié (et l’amnésie n’est pas une qualité pour quelqu’un qui se veut journaliste) qu’il y avait le 11 septembre un DEUXIEME AVION au dessus de Washington, qui a tourné autour de la Maison Blanche et du Pentagone. Ce n’est pas une invention personnelle, c’est dans le Monde du 13/09/2001 p6.
C’est cet avion que des centaines de personnes ont vu, soit avant, soit pendant, soit après l’explosion (c’est pourquoi l’horaire supposé du crash a subi autant de variations, entre 9H35 et 9H53).
En l’occurrence, le pompier dit clairement qu’il n’a pas vu le crash. Il a vu un avion, puis il a vu une explosion.
Les témoins qui affirment avoir vraiment vu l’avion rentrer dans la façade sont effectivement rarissimes et sujets à caution.
> « 2 Il n'y avait pas d'avion, car il n'y avait pas de débris. »
> « Faux. Il existe des photos de débris (photos sur le site www.snopes2.com). Surtout, toutes les personnes qui sont arrivées sur le lieu du sinistre dans les minutes qui ont suivi la tragédie ont vu ces débris. Arthur Santana, journaliste du Washington Post, qui a participé aux premiers secours, écrit dans un article publié le 13 septembre : «Des sauveteurs ramassaient des morceaux de l'avion un peu partout. Les morceaux étaient enfouis dans des sacs en plastique marron qui étaient marqués des lettres "preuves matérielles" ("evidence", en anglais), et une partie de cette zone a été entourée de scotch jaune. Un gros morceau de l'avion, soulevé par deux personnes, laissait clairement voir la lettre "C" d'American Airlines.» Un autre témoin, Mike Walter, du quotidien USA Today, qui, alors qu'il se trouvait sur l'autoroute 27, a vu lui aussi l'avion tourner pour «plonger» ensuite vers le Pentagone, témoigne à Libération : «Après l'explosion, j'ai marché en direction du Pentagone. J'étais à plus de 100 mètres de l'impact, mais il y avait des morceaux de fuselage un peu partout. Plusieurs fois, j'ai dû enjamber des débris. Je me souviens même de quelqu'un qui a ramassé un morceau et s'est fait prendre en photo, avec le Pentagone en arrière-plan.» Le journaliste confirme toutefois que les débris de l'avion n'étaient pas de grosse taille. Ce qui n'étonne pas les experts des accidents aériens. «Le choc a été tel que l'avion s'est littéralement pulvérisé, estime un spécialiste qui collabore à la reconstruction du Pentagone. Certains morceaux ont été retrouvés à près d'un kilomètre du point d'impact. Beaucoup de débris de l'avion ont également fondu sous la chaleur intense.» »
Réponse : les photographies prises quelques minutes après l’explosion ne montrent aucun débris sur la pelouse intacte devant la façade. Ensuite on a vu des photographies de morceaux isolés de machins en métal, qui pourraient aussi bien être des débris de machine à café.
Si le lendemain les journalistes ont aperçu des sacs bien en vue où il était écrit en gros : « PREUVES MATERIELLES », ben… est-ce qu’il faut vraiment que je réponde à ça ? Les « sauveteurs » en question étaient plus probablement des militaires, parce que je ne pense pas qu’on aurait laissé n’importe qui ramasser les preuves. Ils ont bien mis ce qu’ils voulaient dans leurs sacs marron. Ensuite le témoin voit un bout de ferraille avec la lettre « C » et en déduit qu’il s’agit du C d’American Airlines. Je lui laisse la responsabilité de cette déduction osée. Si ça se trouve c'était un U renversé ;-)
> « 3 Il n'y avait pas d'avion, car il existe très peu d'images »
> « Certes, il existe moins d'images de l'attaque contre le Pentagone que de celles contre le World Trade Center. La raison en est simple : tout ce qui touche au département de la Défense est confidentiel, d'autant que la sécurité nationale est en jeu. Selon Chris Murray, porte-parole du FBI à Washington, «il ne faut pas oublier qu'une enquête est toujours en cours. Tous les éléments de l'enquête seront ensuite transmis au procureur, qui décidera ce qu'il faut en faire. Pour l'instant, par exemple, les pièces de l'avion sont stockées dans un entrepôt et elles sont marquées des numéros de série du vol 77.» L'une des deux boîtes noires, celle qui enregistre la trajectoire de l'appareil, a été retrouvée. L'autre, qui aurait permis de comprendre les dernières conversations dans la cabine des pilotes, a été sérieusement endommagée et serait inutilisable. Enfin, selon des informations obtenues pas Libération, une vidéo filmée par les caméras de sécurité du Pentagone montrerait l'approche de l'avion sur le bâtiment. Une information «ni confirmée ni démentie» par le département de la Défense. Des images de l'impact, provenant probablement de la même vidéo, ont été publiées par Libération (numéro daté 16 mars). »
Réponse : Alors là, bravo, M. le journaliste. Même un couillon d’internaute de base comme moi a déjà vu la vidéo en question plusieurs fois sur cnn.com, et vous présentez ça comme un scoop ultra-secret de Libération… Oui, oui, en quelque sorte, ça montre l’approche de l’avion. Allez-y voir, ça mérite le détour, ne serait-ce que pour la rigolade. On y voit un truc blanc flou qui est supposé être l’avion, mais qui est au niveau du sol. L’avion aurait donc glissé sur des dizaines de mètres sur la pelouse, à travers l’autoroute, les arbres, les lampadaires (qu’il a tous laissé intacts), sans son train d’atterrissage avant de heurter la façade avec une violence inouïe. Hé, hé, hé.
Quant à la boîte noire, je ne savais pas qu’on l’avait retrouvée, j’attends avec impatience les conclusions des experts, je sens qu’on ne va pas être déçus. C’est dommage qu’on ait perdu l’autre, on ne saura jamais s’il y avait bien des terroristes à bord comme l’a dit Mme Olson (voir plus bas).
> « 4 Il n'y a pas eu d'avion, car on ne sait rien des passagers »
> « Faux. Meyssan feint de s'interroger : «Qu'est devenu le vol 77 d'American Airlines, ses passagers sont-ils morts ?» Une interrogation de mauvaise foi (au mieux) ou de la désinformation volontaire. La liste des 64 passagers du vol 77 d'American Airlines est parfaitement connue et disponible auprès de tous les organismes officiels et des associations de parents de victimes. En dehors des six membres du personnel de bord, elle débute alphabétiquement par Paul Ambrose, 32 ans, de Washington, et se conclut à Yuguang Zheng, une citoyenne chinoise. Souvent, les corps ont été identifiés par leurs proches, par des effets personnels, des tests dentaires. «Ma femme, Lisa Raines, était dans le vol 77, a confié à Libération Steve Push, de l'association Families of September 11. Elle a été identifiée grâce à ses empreintes digitales. J'ai un certificat de décès et j'ai pu l'enterrer. Je ne comprends pas ceux qui essaient de faire croire à un complot. Elle était bien dans l'avion et son corps a été retrouvé au Pentagone. Une autre passagère, Barbara Olson, une commentatrice politique connue, a même pu appeler son mari deux fois pour lui dire que l'appareil était détourné et que des pirates de l'air en avaient pris le contrôle.». »
Réponse : Alors, alors, je récapitule. J’ai lu quelque part, je ne sais plus où (ah si, c’est justement dans le point 2 ci-dessus) que "le choc a été tel que l'avion s'est littéralement pulvérisé. Certains morceaux ont été retrouvés à près d'un kilomètre du point d'impact. Beaucoup de débris de l'avion ont également fondu sous la chaleur intense".
Et à part ça, on retrouve encore des corps humains avec leurs dents et leurs empreintes digitales. Je savais que les Américains étaient des surhommes d’une résistance phénoménale, mais de là à résister mieux que la carlingue d’un Boeing… Cher journaliste, il faudrait au moins être cohérent à l’intérieur d’un même article. Tous vos lecteurs ne sont pas des demeurés.
Quant à Barbara Olson, ça, pour être connue, elle est connue... Mais pas assez à mon goût. Il faudrait en parler davantage, de la pauvre Barbara. Mme Olson, proche de la droite conservatrice et religieuse, était une ennemie personnelle des Clinton sur lesquels elle préparait un livre incendiaire (qui a dû paraître depuis, mais on s’en fout). Le plus intéressant, c’est son mari, celui donc qui soit-disant reçu le coup de fil, mais sans autre témoin.
Ted Olson a été l’avocat de George Bush devant la Cour suprême lors du contentieux électoral de Floride en décembre 2000. Rappelons à toutes fins utiles que l’élection de Bush a résulté d’une fraude électorale scandaleuse en Floride, et que les Démocrates n’ont finalement accepté leur défaite que pour éviter une guerre civile. Par conséquent, il ne me semble pas outré de qualifier M. Olson de personnage malhonnête.
Surtout Ted Olson est substitut du ministre de la Justice et avocat général de l’Etat. Or on a confié à cet homme, malgré sa grande douleur d’avoir perdu son épouse, une fonction de premier plan : préparer des mesures antiterroristes grâce à des lois scélérates, en profitant du fait que personne n’ose plus le critiquer (le deuil, voyez-vous, c’est sacré). En voilà encore un pour qui les attentats ont décidément bien fait les choses (sans compter qu’il ne supportait peut-être plus sa femme)…
C’est un proche de Bush, comme par hasard sa femme était dans l'avion détourné, comme par hasard c'est la seule passagère du vol qui a donné un coup de téléphone, et du coup l'insigateur des mesures antiterroristes très contestées est aussi le seul témoin avéré de la prise d’otage du vol 77. Je veux bien qu’on me prenne pour un con, mais il y a des limites.
Oh Barbara, quelle connerie la guerre, qu'es-tu devenue maintenant sous cette pluie de fer, de feu, d'acier, de sang… Hum, désolé, je m’égare.
Au fait, dans la liste des passagers, les pirates de l'air, ils sont où ?
Voilà, M. Rousselot, ce que m’inspire votre article, par ailleurs très intéressant et bien documenté. Je trouve dommage quand même qu’un amateur comme moi puisse démonter aussi facilement l’article d’un journaliste qui est payé pour répéter les communiqués du Pentagone, alors que moi je touche que dalle en esayant d’établir la réalité des faits.
J’attends avec impatience le prochain article de Libération dans la série « ridiculisons la thèse de Meyssan ». A bientôt.
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
This is an alternative media using open publishing. The CMAQ collective, who validates the posts submitted on the Indymedia-Quebec, does not endorse in any way the opinions and statements and does not judge if the information is correct or true. The quality of the information is evaluated by the comments from Internet surfers, like yourself. We nonetheless have an
Editorial Policy
, which essentially requires that posts be related to questions of emancipation and does not come from a commercial media.