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Vénézuela: comment les médias colombiens ont collaboré au mensongepatc, Jueves, Abril 18, 2002 - 12:28
Roberto Nieto
Jeudi soir, lorsque le coup d’état contre Chavez était en train de se produire, les médias colombiens sont immédiatement sautés sur l'affaire et deux chaînes nationales ont décidé de couvrir les événements en direct. Contrairement a ce qui se passait au Vénézuela même, ou les chaînes de télévision ont été coupées des ondes par le gouvernement, en Colombie, il était possible d'entendre en direct la suite des événements. par Robeto Nieto Colombie, 15 avril 2002 Au départ, tout semblait presque trop bien orchestré. Manifestation préparée des semaines a l'avance avec grand renforts de publicités et annonces (aux 10 minutes), sur les chaînes qui sont presque entièrement contrôlées par l'opposition chaviste. Au moment de la prise de contrôle du palais présidentiel, les médias ont été dirigés vers des militaires en rébellion qui annonçaient que les gardes du président ont commencé à tirer sur les manifestants et que la pression populaire venait de faire sauter Chavez. C’était une mise en scène parfaite. De minute en minute, une nouvelle conférence de presse. Après l’armée, "l'opposition" (de fait les secteurs de droite, les patrons de médias et autres...) fait savoir son point de vue: "l'arrogance de Chavez était devenue trop grande...", entend-on. C'est le même refrain partout. Pour quelqu'un qui connaît les dessous de la politique américaine et les manigances de Washington depuis plusieurs mois, il y avait de toute évidence anguille sous roche. Dans les médias, ici et dans l'ensemble du monde occidental, Chavez est généralement présenté comme un personnage "énigmatique" qui mène un gouvernement autoritariste qui fait l'objet d'une forte contestation. Dans les faits, Chavez a reçu un grand appui populaire et les médias de son pays (comme ceux de la Colombie) ne lui donnent a peu près jamais la parole. Chaque fois qu'il y a une manifestation contre lui, il y a également des gens a sa faveur qui sortent dans les rues, mais c'est derniers n'ont a peu près aucune chance de s'organiser a défaut d'avoir accès aux médias. Si on se fie a la couverture incroyablement biaisée des médias colombiens qui ont vraiment tout fait pour couvrir les événements d'un point de vue quasi unanime, on peu comprendre. Jeudi, je n'ai entendu que des points de vue en faveur du coup d’état. Cette manigance médiatique est très importante étant donné qu'au Venezuela même, la radio colombienne a une grande influence. A certains moment, la radio de la chaîne Caracol (basée a Bogota) est devenue la seule source d'information pour les vénézuéliens et même pour l'ensemble de la planète puisque Caracol comptait le seul journaliste qui se trouvait dans le palais présidentiel. Très tôt, on a fait l'annonce du départ de Chavez. Vendredi matin, l'ensemble des journaux a diffusion nationale de la Colombie faisaient échos a Washington en saluant l’arrivée de nouveaux sauveurs. Quelques détails avaient été mentionnes a la radio par des journalistes sur place, par exemple le non respect de la constitution, le fait que le vice-président devrait prendre le pouvoir en cas d'absence du président,... mais rien qui a amène des critiques de la part de la presse écrite colombienne. De plus, plusieurs personnes ont mentionne que Chavez aurait été accusé d'avoir hébergé des membres de la guérilla colombienne des FARC (forces armées révolutionnaires de la Colombie) une accusation émise par un général Colombien qui n'a jamais été véritablement démontrée (et démentie par Chavez), mais qui faisait l'objet d'une dénonciation maintes fois répétée dans les médias. Ces dénonciations ont reçu, en comparaison, des milliers de fois plus d'attention que les crimes dont est coupable le gouvernement colombien. Samedi, alors que tous les commentateurs discutaient de l’ère "post Chavez", le vent a soudainement tourne. Plusieurs chaînes de radio ont tout simplement évité de parler des événements en remettant de la musique. Au Venezuela personne ne devait avoir de nouvelles, a moins de capter la radio colombienne. Seule Radio Caracol avec son journaliste livrait des explications sur ce qui se passait. Le journaliste a donc fait savoir vers 20h00 que le vice-président allait assumer la présidence. Le discours des "golpistes" s'est estompé pour la soirée en faveur de la vision légitime du gouvernement Chavez. On a fait savoir que des factions rebelles de l’armée détenaient Chavez, mais que tout serait rentré dans l'ordre bientôt. On a fait savoir aussi que Chavez n'avait jamais renoncé (une information diffusée très rapidement le jeudi soir). Étrangement, l'annonceur droitiste de la radio colombienne maintenait son analyse qui visait essentiellement a dire que le Vénézuela faisait l'objet de "troubles incroyables" à cause de Chavez et qu'on venait de voir passer 3 présidents en 3 jours. Une vision qui donne clairement légitimité au "président" illégitime des "golpistes", Carmona. Mais c’était devenu inévitable de rendre compte de la reprise de contrôle du gouvernement Chavez. Dimanche matin, je me rends pour acheter les principaux journaux. A mon grand étonnement, un des principaux journaux du pays rend encore compte sur 3 pages de la chute de Chavez. Le tout sur un ton de célébration. On a l'impression que c'est le triomphe de la démocratie... J'ai quand même réussi a entendre l'ambassadeur du Vénézuela en Colombie qui a fait savoir qu'il se sentait outré de l'attitude colombienne en faveur des putschistes et qu'il n'entendait pas "célébrer" son départ comme le protocole lui dit de la faire d'habitude. La Colombie, comme les États-Unis et l'Espagne, a fait partie des premiers pays a donner légitimité aux putschistes. Le gouvernement colombien, bien qu'il maintient de nombreux liens avec le pays voisin, lance régulièrement des critiques qui donne légitimité aux forces fascistes du Venezuela. L'establishment colombien maintient des liens solides avec ses collègues de la classe dominante vénézuélienne. Ces groupes de pouvoir sont connus pour leur corruption, leurs tendances autoritaristes au service des États-Unis et leur répression contre les secteurs les plus pauvres de la société. Ils semblent mener des politiques communes et ces derniers jours, l'appui inébranlable de la classe dominante colombienne est devenu on ne peu plus évidente. RN |
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