Il est incroyable de voir qu’un parti politique, comme le parti québécois, qui se dit souverainiste et de gauche prône l’adoption du dollar américain. Ce parti, sous la pression de Bernard Landry, a tout fait pour faire élire Bryan Mulroney pour que celui-ci instaure le libre-échange avec les Etats-Unis. Le Parti Québécois a ainsi largement contribué à la perte de souveraineté du Canada et par conséquent celle du Québec. Malgré le fait que les conseils de diversifications des investissements abondent, le Québec n’a que monopolisé ses échanges vers les Etats-Unis (87% de nos exportations se font avec les États-Unis) en nous rendant de plus en plus dépendants de ceux-ci.

Lorsque Monsieur Blanchet prie Ottawa d’abandonner le dollar canadien au profit du dollar américain, il ne prêche que pour sa paroisse : l’économie des grandes sociétés. Une récente étude de la firme comptable KPMG indiquait pourtant que le Canada est très avantagé parmi les pays de l’OCDE en ce qui concerne les coûts d’installation des entreprises. La valeur de notre dollar en est grandement responsable (faible coût de main-d’œuvre, faible coût des transports, faible coût de construction, faible coût de l’énergie…). Il faut également souligner le faible taux d’imposition sur le revenu des entreprises au Canada (plus de 20% de moins qu’aux États-Unis).

Jamais Monsieur Blanchet ne fait allusion aux conséquences sur l’économie locale, sur les services sociaux et même sur l’environnement, de l’adoption du dollar américain. Il est clair que les transactions des grandes entreprises, qui se font déjà en dollars américains, seront facilitées mais qu’en est-il des fonds de retraite et des bas de laine des Québécois ?

La comparaison avec l’Europe où une monnaie unique, l’euro, a été adoptée, ne tient pas la route. En Europe, plusieurs pays dominent l’économie continentale (la France, l’Allemagne, l’Italie,…) alors qu’en Amérique du Nord, les Etats-Unis contribue, à eux seul, à plus de 85% de l’économie continentale. Il n’y a, dans ces conditions, aucune négociation possible. De plus, l’euro est une nouvelle monnaie, imaginez la réaction française si le mark allemand avait été adopté. L’union monétaire européenne est loin de n’être qu’économique contrairement à ce qu’elle serait avec l’ALENA. Pourquoi alors ne pas faire la comparaison avec l’Argentine ?

Les Etats-Unis ont toujours démontré, que pour eux, seule la loi du plus fort domine les politiques internationales. Ils n’ont jamais voulu signé de nombreux accords humanitaires (Kyoto, mines anti-personnelles, travails des enfants…) et présentement ne respectent plus la convention de Genève. Comment peut-on essayer de nous faire croire qu’il soit bénéfique de s’associer davantage à ce pays ?

L’accord de libre-échange avec les Américains n’a pas seulement augmenté nos échanges mais il a grandement contribué à la perte de souveraineté du Canada. Nos politiques se calquent de plus en plus sur celles de nos voisins. Les exemples sont nombreux : les investissements de près de 8 milliards de dollars pour la lutte contre le terrorisme alors qu’il n’y a eu aucun acte de terrorisme au Canada depuis le FLQ ; la position du Canada sur les prisonniers Afghans et la servilité de notre intervention sous commandement américain ; les hésitations du Canada pour l’accord de Kyoto sur les émissions de gaz à effet de serre; la tendance à la privatisation de notre système de santé ; nos politiques énergétiques ; la possibilité d’un périmètre de sécurité. L’adoption du dollar américain ne fera qu’empirer la situation et conduira probablement à l’intégration pure et simple du Canada aux Etats-Unis.