René Boulanger (solidarite_gorka_eduardo@hotmail.com)
Nous souhaitons que ce texte paru dans l'édition du journal le Devoir, le 29 janvier dernier, page A6, reçoive une attention particulière. Le gouvernement du Canada a agréé à toutes les demandes de l’Espagne concernant l’extradition des deux jeunes Basques, Gorka et Eduardo, faisant fi de leur demande d’asile et refusant d’entendre leurs témoignages lorsqu’ils invoquent la torture qu’ils ont subi aux mains de la police espagnole.
Nous croyons que la suspension de leur demande de refuge relève du calcul politique le plus froid. Plutôt que de porter secours à deux victimes de la violence étatique, Ottawa lâche ses procureurs et ses juges sur elles. La marche aveugle du système judiciaire qui s’apprête à broyer la vie de deux jeunes qui avaient choisi le Québec comme nouvelle patrie nous interpelle vivement. Le contrôle judiciaire qu’Ottawa exerce sur le Québec nous apparaît plus clair que jamais dans cette cause. Nos valeurs, nos sympathies et notre jugement moral nous dictent d’entendre et de recevoir chez nous, ces deux demandeurs d’asile.
La publication de cette lettre d’appui représente peut-être peu de choses dans la bataille qui oppose Gorka et Eduardo à deux pouvoirs étatiques voués à briser les luttes nationales, mais c’est le moins que nous devions faire pour deux jeunes qui ne méritent pas l’incarcération qu’ils subissent actuellement.
René Boulanger, comité d'appui aux prisonniers politiques basques
Non à l’extradition de Eduardo Plàgaro et Gorka Salazar
Au mois de juin dernier, 2 réfugiés politiques basques étaient arrêtés au Québec sous le coup d’une demande d’extradition de l’Espagne. Depuis ce temps, ils moisissent au centre de détention de Rivière des Prairies.
EDUARDO PLAGARO PEREZ DE ARRILUCEA et GORKA PEREA SALAZAR, deux jeunes dans la mi-vingtaine, avaient fait une demande de refuge en 1997. Après 4 ans de démarches qui avaient vu 25 jours d’audience, la commission sur le statut de réfugié allait rendre sa décision.
Le gouvernement espagnol se doutait-il que la décision lui serait défavorable? En présentant sa demande d’extradition, l’Espagne a réussi à suspendre leur demande d’asile et ce, une semaine après la visite du Premier ministre Aznar à Ottawa.
Une décision éventuelle d’Ottawa de consentir à l’extradition des deux militants basques serait hautement politique et viserait à accommoder l’Espagne dont la politique de répression à l’endroit de la jeunesse basque reconnue par de nombreux organismes des droits de l’homme a été sérieusement mise en cause tout le long des auditions de la Commission sur le statut de réfugié.
Il faut savoir qu’Eduardo Plàgaro et Gorka Salazar ont participé en Espagne à une campagne contre le service militaire. Arrêtés comme des dizaines d’autres jeunes et inculpés sous un motif d’incendiat, ils ont été condamnés respectivement à six ans et sept ans de prison, sur la base d’une seule preuve, leurs propres aveux.
Or Gorka et Eduardo affirment que ces aveux leur ont été arrachés sous la torture.
Même si l’Espagne présente une image d’état démocratique et qu’elle adhère aux conventions internationales définissant les droits de l’homme, on se rend bien compte que le conflit au Pays basque l’a amenée à déroger à ces beaux principes. Pour le Pays basque, c’est le régime franquiste qui perdure. En Espagne, de deux cents à trois cents cas de torture et de mauvais traitements sont répertoriés chaque année par des observateurs européens des droits de l’homme. Et 90% de ces cas concernent le pays basque. Il arrive que ces mauvais traitements conduisent à la mort et malheureusement, malgré les dénonciations, les tortionnaires restent impunis.
Si Eduardo et Gorka sont renvoyés en Espagne, ce sera au mépris du droit. Le Canada a signé une convention internationale qui interdit l’extradition des individus condamnés pour des preuves obtenues sous la torture. Le bon sens et la justice la plus élémentaire exigent que le gouvernement canadien suspende la procédure d’extradition à l’endroit d’Eduardo Plàgaro et Gorka Salazar. Il doit les relâcher immédiatement et remettre en route le processus d’acceptation de leur statut de réfugié. Au lieu de cela le Canada déploie son arsenal juridique sans égard aux considérations humaines et aux principes de justice qui devraient lui tenir lieu de politique.
Le 30 octobre dernier, le juge Jean-Guy Boilard, chargé de cette cause d’extradition a rejeté sommairement les 3 requêtes de Gorka et Eduardo et a ordonné qu’ils continuent d’être incarcérés en attendant la décision du ministrede la justice du Canada qui devra trancher en dernier ressort. Derrière ses procureurs est-ce la voix de l’Espagne que l’on entend et qui voudrait bien que les choses ici se passent comme en Espagne. Est-ce pour cette raison que les procureurs du Canada s’opposent à ce que Gorka et Eduardo soient entendus par le Tribunal ou le ministre sur la torture qu’ils disent avoir subi?
Dans des circonstances semblables, deux petits états d’Europe, la Belgique et le Portugal ont refusé d’extrader vers l’Espagne des militants Basques, voulant ainsi affirmer leur souveraineté et l’indépendance de leur système judiciaire. Pourquoi en serait-il autrement ici?
Pour cette raison, seul doit primer le droit d’asile. Nous voulons qu’Eduardo et Gorka vivent au milieu de nous, une existence digne de leur valeur morale. Une existence libre et féconde d’humanité. Depuis quatre ans qu’ils sont ici, Gorka et Eduardo se sont intégrés à la société québécoise. Ils sont sensibles à nos luttes, à nos angoisses. Ce sont des citoyens exemplaires. Ottawa ne doit pas livrer Eduardo et Gorka à l’appareil répressif espagnol.
Luc Picard, comédien
Denis Chouinard, cinéaste
Nadine Vincent, linguiste Denis Trudel, comédien
François Parenteau, chroniqueur
Geneviève Rochette, comédienne
Jean-François Nadeau, éditeur
Robin Philpot, auteur
Me André Tremblay, professeur de droit constitutionnel
Jean-Yves Soucy, écrivain
René Boulanger,écrivain
Dominique Richard, peintre
Pierre Falardeau, cinéaste
René Marcel Sauvé, géographe
Annick Bergeron, comédienne
Lise Perras, Congrégation Notre-Dame
Pierre Graveline, éditeur
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