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Les voix qu’on n’entendra pas au Forum économique mondial

vieuxcmaq, Viernes, Febrero 1, 2002 - 12:00

Nicolas Levesque (nicolaslevesque@hotmail.com)

Voici quelques-unes des histoires qui ne seront pas racontées au Forum économique mondial cette fin de semaine à New York.

« Le travail était fatiguant, stressant et humiliant. On travaillait entre 12 et 15 heures par jour, tous les jours, à la fabrication des gilets et de chemises. Nous étions obligés de faire des heures supplémentaires peu importe si nous avions aussi des enfants à nous occuper. Nous avions rarement la permission de prendre une journée de congé. Les superviseurs n’avaient aucune considération pour les travailleurs, même pour les femmes enceintes, ils nous mettaint sans cesse de la pression pour produire. Par exemple, un garde surveillait les toilettes pour qu’on n’y reste pas plus de cinq minutes sinon notre paye était coupée. Nous n’avions même pas accès à l’eau quand nous le voulions. Pour ce travail, avec toutes les heures supplémentaires, nous recevions un salaire d’environ 110$ US par 15 jours. Tout laissait croire qu’il y avait une entente entre l’entreprise et le gouvernement qui l’appuyait beaucoup. C’était très difficile de créer un syndicat pour protéger nos droits. Chaque fois que des travailleurs tentaient de s’organiser, ils étaient congédiés.»

Ce témoignage surréaliste risque de laisser certains lecteurs sceptiques. Pourtant il sort de la bouche de la très réelle Sofia Sazo. Cette Guatémaltèque a connu le dur labeur des maquilladoras ( usines de sous-traitance). Elle a travaillé comme opératrice de machine à coudre pour l’entreprise Shin Won, un sous-contractant au Guatemala de la multinationale du vêtement GAP. Aujourd’hui elle est devenue organisatrice syndicale et lutte pour que ses compagnons de travail et elle-même soient traités plus décemment, plus humainement.

Conscient qu’une partie on ne plus importante de la réalité économique et sociale sera occultée et passée sous silence lors du Forum économique mondial (FEM) se déroulant cette semaine à New York entre partisans du système néolibéral, l’organisation américaine Jobs with Justice en compagnie de la centrale syndicale AFL-CIO ont cru bon d’organiser un Forum parallèle au cours duquel des travailleurs en chaire et en os ont pu raconter leur expérience personnelle et celles de leurs compagnons de travail. Et ces expériences de travailleurs des Etats-Unis et d’ailleurs n’ont réellement rien pour corroborer les propos qu’on risque d’entendre au FEM comme quoi le bonheur passe par le marché libre, le libre-échange, la libéralisation, la concurrence, la privatisation, la sous-traitance et autres utopies.

Suite au témoignage de Sofia Sazo, Agnes Wong a rappelé que des usines offrant ces conditions de travail existent à New York même. Agnes Wong, une américaine d’origine chinoise, elle aussi opératrice de machine à coudre est venue expliquer que malgré les apparences la dite démocratie américaine ne protège pas nécessairement, sur son propre territoire, contre le genre de traitement perpétré dans les maquilladoras et que bien au contraire, le sytème économique favorise aussi le racisme. « Les immigrants ne connaissent pas bien le pays. Alors puisqu’ils souhaitent absolument travailler dès leur arrivée aux Etats-Unis, ils acceptent souvent des emplois même s’ils ne reçoivent que 2$ par heure dans des conditions de travail pitoyables. Souvent dans leur pays d’origine il n’y avait pas de culture syndicale alors ils est d’autant plus difficile pour eux de s’organiser pour revendiquer de meilleurs conditions de travail. »

Santiago Perez Meza, quant à lui, se sentait même privilégié au départ lorsqu’il a été engagé par l’entreprise Kukdong au Mexique, entreprise fabriquant des chaussures pour les multinationales Nike et Reebok... « Pour nous, au départ, c’était comme un privilège de travailler pour des entreprises de réputation internationale qui génèrent autant de profits. On nous promettait de bonnes conditions de travail; la formation, la sécurité sociale, le transport jusqu’au travail, la nourriture. Mais les promesses sont demeurées des promesses. Après quelque temps nous nous sommes rendu compte qu’il existait déjà un syndicat dans l’usine. L’entreprise nous obligeait à y adhérer sinon nous étions congédiés. Il était évident que ce syndicat était là davantage pour protéger l’entreprise que pour protéger les employés. Quand nous avons commencé à revendiquer des conditions de travail plus respectueuses, le syndicat ne nous a pas appuyé, il fallait pourtant continuer de payer la cotisation syndicale. On a donc dû lutter pour créer notre syndicat indépendant puisqu’au Mexique il est très difficile de chasser les syndicats imposés par les entreprises. »

Santiago et ses compagnons de travail sont finalement parvenus à créer leur syndicat indépendant et depuis ce temps il note que les travailleurs ont un meilleur pouvoir de négociation face à l’employeur. L’aide de syndicats de l’étranger a été importante dans la création de ce nouveau syndicat indépendant. « Nous devons unir nos forces peu importe la couleur ou la nationalité, en a appelé Santiago aux travailleurs d’ici et d’ailleurs. La mondialisation corporative affecte tout le monde mais certains sont plus affectés que d’autres. En étant solidaires nous allons réussir à créer un monde plus juste. Et nous ne serons pas les seuls à en profiter, nos enfants et nos petits-enfants également. »



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