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Le Premier Ministre belge au Forum Social Mondial de Porto Alegrevieuxcmaq, Jueves, Enero 24, 2002 - 12:00
Eric Toussaint (daemon9@caramail.com)
Le Premier Ministre belge a l’intention de se rendre au Forum Social Mondial à Porto Alegre (Brésil) le dimanche 3 février 2001. A partir du 31 janvier 2002, à l’occasion de la deuxième édition du Forum Social Mondial, se réuniront pendant 5 jours plusieurs dizaines de milliers de représentants de mouvements sociaux et d’ONG venus des quatre coins de la planète pour élaborer des alternatives à la mondialisation néolibérale. Guy Verhofstadt, premier ministre belge, rendra une visite-éclair aux alter-mondialistes à cette occasion. Il souhaite prononcer une conférence dans l’enceinte du FSM et proposera de rencontrer les représentants de la société civile. Au moment où est patente la crise du modèle néolibéral et des institutions qui le portent, Guy Verhofstadt s’est donné pour objectif d’essayer de leur redonner de la légitimité et, par la même occasion, de se redonner une légitimité personnelle. Assuré d’un écho médiatique, Guy Verhofstadt, ancien émule de Margaret Thatcher, champion des privatisations, hérault du libre-échange sauf quand il s’agit de la liberté de circulation des personnes, n’en est pas à son premier coup. Il s’est déjà fendu d’une campagne médiatique mondiale en septembre 2001 en obtenant la publication dans 73 quotidiens de la planète d’une lettre aux antimondialistes. Dans cette lettre, le premier ministre belge s’interrogeait : « D’où sortent tout à coup ces accusations à l’égard de la mondialisation ? Jusque récemment, les intellectuels progressistes chantaient eux aussi les louanges du marché mondial (…). Et à juste titre. L’expérience nous apprend que chaque % supplémentaire d’ouverture de l’économie d’un pays génère une augmentation de 1% du revenu par habitant de ce pays ». Pense-t-il que l’Argentine championne de l’ouverture économique, des privatisations, des cultures de soja transgénique, élève modèle du FMI jusqu’il y a peu, confirme son affirmation ? La liste des pays du Tiers-Monde qui paient un prix socialement et économiquement très élevé suite à leur ouverture au marché mondial est très longue. Monsieur Verhofstadt a de la peine à trouver des pays du Sud dont la population tire profit de l’ouverture telle qu’il la conçoit. Dans la même lettre, Guy Verhofstadt affirmait : « Ainsi une frange importante du mouvement antimondialiste, même si elle n’en est pas consciente, flirte dangereusement avec l’extrême-droite… » (sic !). Un mois après publication de sa lettre, le 30 octobre, Guy Verhofstadt organisait dans sa ville de Gand un grand show sur la mondialisation, destiné à la société civile au sens large (c’est-à-dire dans toute son ambiguïté), et invitait Bill Clinton à faire le discours final. Face à la vague de protestations que sa lettre avait provoquée, Guy Verhofstadt a modifié son discours. Il a eu une attitude plus insidieuse. Il a fait comme si les alter-mondialistes et lui-même étaient dans le même bateau : «Nous luttons ensemble contre les effets pervers de la mondialisation» . C’est faux : Guy Verhofsdat est chef d’un gouvernement qui organise et met en place la mondialisation néo-libérale avec tous ses effets pervers. Il ne fait rien pour rencontrer les revendications du mouvement (taxe de type Tobin, annulation de la dette du Tiers-Monde, interdiction des paradis fiscaux, réduction des dépenses militaires, respect du droit d’asile, politique fiscale redistributrice pour une justice sociale, défense des services publics, Aide Publique au Développement portée à 0,7% du PNB des pays riches, abandon des politiques d’ajustement structurel, lutte contre la criminalité financière,…). C’est pourquoi nous sommes opposés à la politique que cherche à masquer maladroitement son discours. Pour paraphraser Voltaire, il ne faudrait pas qu’on prenne les altermondialistes pour des crétins qui croient aux fables racontées par des coquins. Cette question n’aurait pas beaucoup d’importance si les conditions de vie de centaines de millions d’êtres humains n’était pas en train de se dégrader à l’échelle de la planète et si des chefs de gouvernement tel Guy Verhosftadt n’étaient pas directement responsables de la poursuite de ce scandale. Dans le même ordre d’idées, au moment où les conséquences néfastes de la politique néolibérale éclatent au grand jour en Argentine, il est proprement honteux de voir Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI, être appelé à conduire la conférence de l’ONU sur le Financement du Développement qui se tiendra à Monterey (Mexique) en mars 2002. Le mouvement pour une autre mondialisation devra être attentif à ne pas banaliser ce genre de comportement. Guy Verhosftadt et Michel Camdessus qui proclament que la mondialisation telle qu’elle se déroule est incontournable, se rendront compte tôt ou tard qu’eux ne sont pas incontournables car le mouvement alter-mondialiste a décidé de changer de cap. |
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