Un courrier pour vous informer de choses très graves se déroulant au Brésil. Le Fórum Social Mundial pourrait s’en trouver très gravement affecté. Le texte qui suit a été visé par une copine dirigeante du mouvement social qui avalise mes affirmations et “analyses”. Tout ça ne sort donc pas d’une fertile imagination.

Le Maire PT (Partido dos Trabalhadores) de Santo André, ville de la périphérie urbaine de São Paulo, a été enlevé et exécuté dans la nuit du 18 au 19 janvier à la sortie d’un restaurant. 18 balles ont été retrouvées dans son corps.

Ce maire était un élément important dans l’organisation de la campagne présidentielle du candidat PT Lula, leader historique des luttes sociales brésiliennes qui firent tomber la dictature. L’attentat a été revendiqué par un mystérieux “Front Révolutionnaire Brésilien” qui menace tous les maires PTistes de meurtres qui “se sont rapprochés de la droite”.

Dans la gauche brésilienne, de même que dans le mouvement anarchiste, n’existe aucun groupe utilisant ce type de violence. Les seuls à pouvoir assassiner avec la logistique qui a été utilisée pour le maire de Santo André, sont les nervis de l’oligarchie corrompue. Certaines de ces personnes sont entraînées par d’anciens militaires ou policiers, quand ils ne sont pas eux-mêmes militaires ou policiers. Il y a, dans la gauche brésilienne jusqu’aux anarchistes, un consensus politique qui empêche ce type d’actions entre “partenaires” de la lutte sociale.

Un antécédent récent a déjà eu lieu, qui montre bien qu’une action concertée contre le PT est en marche. En effet, le Maire de Campinas, toujours dans l’État de São Paulo, avait été abattu au mois de septembre. Il est clair qu’une opération de grande envergure pour déstabiliser et anéantir le PT a été engagée. Plusieurs faits nous font supposer cela, à l’encontre d’un mouvement politique engagé fermement dans la lutte contre le libéral-capitalisme et les multinationales, essentiellement nord-américaines.

D’une part, des menaces graves ont été envoyées par courrier à 15 sur 37 des maires PTistes de l’État de São Paulo en novembre dernier. Le Maire de São Paulo, Marta Suplicy, a elle-même a été directement menacée de mort.

D’autre part, une information qui donne à réfléchir. Au cours de l’année 2000, a été organisée au Paraguay ( ?) une rencontre entre divers responsables militaires ultra-nationalistes et de sevices secrets d’Argentine, du Chili, du Paraguay, d’Équateur, du Pérou et du Brésil. Pinochet était présent lors de cette réunion quasi secrète. L’objectif était d’organiser la lutte contre les militants anti-globalisation en Amérique Latine. Deux militants paraguayens ont déjà étrangement disparus. Cette information diffusée sur le réseau “Nuestramerica” semble se confirmer à la vue de ce qui se passe au Brésil tant contre PT que le MST (Mouvement des travailleurs Sans Terre). Au cours de la semaine passée José Rainha, responsable important du MST à Pontal do Paranapanema , a été pris dans une embuscade. Il s’en est heureusement sorti indemne.

En outre, les services secrets militaires ont commencé une infiltration des divers groupes acteurs de la lutte sociale (partis politiques, syndicats, organisations étudiantes, journaux –pourtant la plupart bien à droite, ...). Le texte du Journal do Brasil (JB) relatant ces faits se trouve en pièce jointe (portugais, mais facile à lire ; certains pourront le traduire pour une diffusion à l’information citoyenne).

Un danger plane donc sur le Fórum Social Mundial. Le Maire de Porto Alegre, Tarso Genro, l'a dit lors de son discours public après la “Marcha dos Sem” du 26 septembre : la droite risque de tenter de perturber la tenue du FSM. Cette fois, le risque semble mieux et gravement se préciser.

Pour ceux qui penseraient que le boulot contre le Capital est bientôt achevé (baratineurs sociaux-démocrates), voila des éléments qui démontrent que bien des luttes radicales et dures sont à mener. Et l’Amérique Latine ce n’est pas “loin”. Dans l’ordre totalitaire libéraux-capitalistes, c’est la porte d’à côté. Quand il n’auront plus rien à dévaliser ici, ils iront ailleurs. D’Argentine, ils sont en train de rapatrier leurs moyens au Brésil, où ils affirment, avec encore plus d’arrogance qu’avant, leur présence.

Pierre Bérard.

P.S. : Le document cité du réseau “Nuestramerica” est en cours de traduction. Il pourra être communiqué plus à ceux qui ne l’ont pas déjà eu entre les mains.

La gauche locale est sidérée et assez choquée.

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