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Harcèlement sexuel et violences chez les fournisseurs indonésiens de Nikevieuxcmaq, Viernes, Enero 18, 2002 - 12:00
Laure belot (info@transnationale.org)
Pour la première fois, le groupe rend publics les témoignages de 4 000 salariés chez ses sous-traitants. Selon le rapport, "presque 2,5 % des salariés ont déclaré avoir été victimes d'attouchements sexuels". C'est une première. Nike, le groupe dirigé par Philip H.Knight, a rendu public, jeudi 22 février, un rapport accablant sur les conditions de travail chez ses sous-traitants en Indonésie. Selon les termes mêmes du rapport, «presque 2,5% des salariés ont déclaré avoir été victimes d'attouchements sexuels et 8% de commentaires à caractère sexuel inappropriés. Plus de 3% ont déclaré avoir été victimes d'abus physiques de la part de leur hiérarchie» Enfin, «30% des salariés ont reçu des reproches verbaux abusifs». Le rapport ajoute que «des faveurs sexuelles auraient été réclamées en échange d'emplois dans deux usines et deux incidents auraient entraîné le décès de salariés qui seraient survenus en dehors du lieu de travail». Ces résultats ont été obtenus par une enquête longue et approfondie auprès de 4 000 salariés - sur 54 000 - de 9 sites de fabrication produisant des chaussures, des vêtements ou accessoires à la célèbre marque en forme de virgule. En tout 5 000 heures d'écoute ont été nécessaires! Jamais une multinationale n'avait mis autant de moyens pour connaître quelles étaient les conditions réelles de travail des salariés chez ses sous-traitants. Ce rapport, autant par ses révélations que sa publication elle-même, marque un tournant dans la courte histoire de la délocalisation industrielle mondiale. Cette enquête a été menée par la Global Alliance, une organisation indépendante créée à l'initiative de Nike en 1999 en partenariat avec la Banque mondiale. Lors de sa création, Nike déclarait vouloir étudier les conditions de travail dans le monde et faire émerger des témoignages. (Le Monde du 2 juin 1999). «À l'époque, nous ne savions pas vraiment où la Global Alliance allait nous mener», reconnaît aisément Maria Eitel, vice-présidente chargée de l'engagement éthique. Le groupe a désormais la réponse. Les entretiens anonymes, en tête à tête, font jaillir ce qui était tu. «Oui, nous avons été surpris qu'il y ait autant de problèmes en Indonésie, explique-t-elle. Ces résultats sont préoccupants, mais c'est exactement ce que nous voulions savoir. Nous avons ouvert les portes et donné la parole». L'entreprise a détaillé, mercredi, une série de mesures pour remédier aux problèmes soulignés par le rapport. Nike, dans la ligne de mire des associations de consommateurs depuis des années, a multiplié les actions pour tenter d'assainir les conditions de travail chez ses fournisseurs asiatiques ou sud-américains. Ses 420 sites sous-traitants ont été «socialement» audités par le cabinet Pricewaterhouse Coopers. Mais «ces audits-là sont efficaces pour vérifier les niveaux de salaire, les dépassements d'heures, mais pas pour contrôler les conditions sociales de travail» reconnaît Mme. Eitel. En outre, une équipe de trente salariés de Nike sillonnent la planète pour vérifier l'application du code maison, des contrôleurs étant même à demeure chez les sous-traitants les plus importants. Ces méthodes de vérification ont toutes montré certaines faiblesses. Nike a tout d'abord tenté d'éviter le problème. Depuis maintenant trois ans, après une pression sans relâche des organisations non gouvernementales, l'entreprise y fait face. A l'opposé de la grande majorité des groupes mondiaux tout aussi concernés. Tout est une question de moyens. Outre le recrutement de cadres et d'équipes de haut niveau pour gérer ces problèmes, Nike a pratiquement doublé ses dépenses annuelles pour participer à cette Global Alliance. Celle-ci a pour l'instant un budget de 14 millions de dollars ( 15,4 millions d'euros) pour cinq ans. Nike en a apporté 7,8 millions, Gap, 5, le reste étant donné par des universités et des fonds privés. Cette organisation attend que d'autres groupes la rejoignent. Nike prévient «nous avançons dans ce processus, mais si nos concurrents n'ont pas la même démarche, nous pourrions à la longue ne plus être compétitifs», note Maria Eitel. Les enteprises pionnières en matière de contrôle, qu'elles soient européennes ou américaines, veulent susciter un effet d'entraînement. De nombreux pays de sous-traitance n'ont pas ratifié certaines conventions sur l'interdiction du travail des enfants ou du travail forcé. Une pression générale des clients occidentaux est, de leur avis, nécessaire pour faire véritablement changer les choses dans les sites de production (Le Monde du 1er janvier 2001). Nike continue en tout cas à prendre le taureau par les cornes et s'attaque à la Chine ! En mars 2001 commence l'inspection sociale de 10 sites dans les régions de Guangzhou et Fuzhou. Environ 4 500 salariés textile et de chaussures vont être interrogés un à un, anonymement. Les résultats devraient être publiés dans quelques mois. |
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