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<b>Du rêve (ou du cauchemar) à la réalité, voici l'euro société</b>

vieuxcmaq, Miércoles, Enero 16, 2002 - 12:00

Sébastien Gilbert-Corlay (sebgc@ziplip.com)

Prendre le temps de se construire un univers parallèle.
Le dollar canadien disparaît. La place est à une nouvelle monnaie, commune à l'intérieure d'une union des Amériques. Le Mexique, le Brésil, l'Argentine… partagent maintenant les mêmes billets, les mêmes pièces.

Prendre le temps de se construire un univers parallèle
Le dollar canadien disparaît. La place est à une nouvelle monnaie, commune à l'intérieure d'une union des Amériques. Le Mexique, le Brésil, l'Argentine… partagent maintenant les mêmes billets, les mêmes pièces. Cependant, le principal acteur économique du continent, les Etats-Unis, refuse d'adhérer au nouveau système; il ne veut pas perdre son dollar. La nouvelle monnaie s'installe malgré tout et notre quotidien est affectée. Au dépanneur du coin, le paiement s'effectue en dollars canadiens et le rendu de monnaie en américo, détail routinier de la vie quotidienne. Un mois suffit à faire disparaître les devises nationales.

Fiction, science-fiction? Pas sur le vieux continent. Qu'arrive-t-il donc à ces européens aux valeurs si ancrées, aux traditions si anciennes, aux fromages qui puent tant, au chorizo qui pique et à la bière qu'on célèbre. Y serait-on encore capable d'innover? De construire une paix intérieure? L'Union fera-t-elle la force? Entéka…Se livrer à un suicide collectifs pour y arriver, ça a au moins l'attout d'être original. La lire italienne, la peseta espagnole, le franc français, belge et luxembourgeois, le mark allemand, la livre irlandaise (mais pas la livre anglaise, chère aux Britanniques), l'escudo portugais, le florin hollandais, la drachme grecque, le markka finlandais et le schilling autrichien sont morts. Outil de colonisation, de guerre, argument quasi-imparable, l'argent fusionne. Voici l'Euro. Le dollar étasunien a trouvé un concurrent. Prévu et organisé depuis plusieurs années, le passage à l'euro se concrétise. Douze des quinze pays de l'Union Européenne ont adopté l'euro comme monnaie courante le premier janvier 2002. Fini la rigolade. Seuls l'Angleterre, le Danemark et la Suède n'y adhèrent pas, une question de temps, selon beaucoup d'experts…
Sur le terrain, le train-train poursuit son bonhomme de chemin. Pour l'œil impudique (et bienveillant?) des médias, l'euro représente un sujet en or (économie, fait divers, société, éducation, international…). Les problèmes techniques à régler (machines à sous, guichets, conversion) se règlent et les habitudes s'habituent.
Alors qu'un journaliste enquête à propos d'un banquier débordé qui fait "des p'tits trous, des p'tits trous, encore des p'tits trous" pour annuler les devises retirées du marché, un autre rapporte l'incident (grave) du barman belge qui, alors qu'il se demande comment un billet de cinq euro peut être si petit, se rend compte qu'il s'agissait de l'argent de monopoly. Dans les magasins, les transactions prennent un peu plus de temps. Les Français, fidèles à certaines habitudes, ronchonnent un peu, mais acceptent bien la nouvelle devise. Aux premières heures du premier janvier, ils s'empressent de retirer leurs premiers euros.

"Européens, pressés de vous débarrasser de votre monnaie nationale, engorgez banques et commerces!" clament publicités et articles. Les soldes sont avancés d'une semaine. Les médias ont leur nouvelle manchette. Oussama en page trois, les emplettes en manchette! "Soldes, tous les francs doivent disparaître", peut-on lire dans Libération. Le sujet chaud, comprenons-le, c'est l'euro. L'Afghanistan et le Moyen-Orient sont relégués au second plan du Monde, du Figaro et des bulletins télés. Une journaliste titre même un de ses articles de la sorte: "J'ai tenu huit jours et demi sans toucher à l'euro". Passée proche de l'overdose…

Combien d'articles écrits, combien de reportages réalisés ? Impression: gros videuniforme.
Quel symbole pour l'euro?
Ainsi s'installe la monnaie unique, symbole d'une forte unité économique européenne. Si quelques difficultés sont recensées (signes de pénurie de pièces, hausses de prix dans plusieurs pays, euroscepticisme), elles restent secondaires. C'est l'euro qui compte. L'Europe économique est donc là, preuve en main. Mais qu'en est-il de l'Europe sociale ? Moins évident d'en parler. La proportion de la place accordée à ce sujet dans les médias, si on la compare à l'euro, se situe certainement à l'échelle du centième. Le social est apparemment une préoccupation secondaire pour notre société de … consommation?
La loi de l'offre et de la demande reste maîtresse dans la presse : le journal est une entreprise qu'il faut rentabiliser, sinon c'est la faillite. Il faut vendre et donc intéresser le public. Et ce qui intéresse le public, c'est l'euro, pas l'ennuyeux débat social!

Et pourtant, non loin de cette attraction fatale, en plein cœur de l'Europe, un jour (il n'y a pas si longtemps que ça) il y eut un sommet et un forum européen traitant du somnolent débat social. Le sommet européen de Laeken, les 14 et 15 décembre 2001, se déroula quand même sous l'œil de plus de 100 000 manifestants, sans incident majeur et presque sans affrontements. Mais les médias s'y attardèrent peu. Libération n'y consacra pas grand chose, Le Monde, à peine plus. Les journaux télévisés saupoudrent quelques brèves "nano-infos". Si le sommet retint malgré tout l'attention, ce fut d'abord pour son aspect pacifique: une première. C'est ensuite parce qu'il y eut nomination d'un ancien président de la république française de droite (Valérie Giscard d'Estaing), à la tête d'une convention (une assemblée européenne) dont le but fut de redonner un avenir à la construction européenne.

Média: "silence! Chut…"
Un Forum non-gouvernemental sur l'Europe sociale (à l'image des sommets parallèles) ??? Ben oui, dit donc! Juste une semaine avant de sommet de Laeken. À l'origine du forum comme de la monstrueuse manifestation, la Confédération européenne des Syndicats (CES), qui représente une soixantaine d’organisations dans toute l’Europe, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union. Oserai-je souffler (au risque de propager) que, pour la CES, "l’intégration européenne ne peut se confiner à un marché unique et à une monnaie unique; elle doit être parachevée par la gouvernance économique, une véritable union sociale, et évoluer vers une union politique fondée sur des institutions démocratiques et efficaces ainsi que sur la reconnaissance totale des droits civiques et sociaux." Oups, j'ai dit des gros mots?

Mais qu'en est-il donc de l'Europe sociale?
À puiser dans les sources du ministère des affaires étrangères de la France, je récolte un rapport qui fait un "bilan appréciable de la chose": "Car le bilan (de l'Europe sociale) n'est pas aussi maigre qu'on le dit parfois. Il faut le considérer avec objectivité (comme si elle existait-c'est moi qui rajoute ça-), ce qui n'est pas souvent le cas tant la politique sociale communautaire appelle des commentaires tranchés : considérée par les uns comme le parent pauvre de la construction européenne, toujours subordonnée à l'économie, elle est vue avec méfiance, voire hostilité, par d'autres qui estiment qu'il ne faut surtout pas créer des obligations sociales supplémentaires à l'échelle européenne." Rassurez-vous, il existe quelques ouvrages sur l'Europe sociale. Quelques articles aussi, mais rien de critique dans la presse de masse. S'il y a un incontournable (là, il y a quatre mots pour le prix de ceux), c'est un petit édito nommé Europe sociale ou Europe S.A.?">. Cliquez , vous y serez!:http://www.iuf.org/french/%C3%A9ditoriaux/56-00.htm

Il est vrai (je préfère éviter le négationnisme) qu'il faut s'avouer certains progrès réalisés et d'autres en construction. Amélioration des normes de travail, équilibrage des richesses à l'intérieur de l'Union, naissance d'une nouvelle forme de communauté aux identités culturelles extrêmement variées. Petit exemple concret: la "traçabilité" (loi européenne) des produits de la mer est dorénavant obligatoire. Le droit de savoir existe. Dans le domaine de la consommation. Et le constat reste. Celui d'une Europe à deux vitesses. Celle de l'économie, et l'Autre, du social. Avec comme principe de donner la priorité à l'économie pour ensuite parler social. M'y ferai-je un jour?



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