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Opinion: Porto Alegre : les liaisons dangereuses de l'opportunisme

vieuxcmaq, Lunes, Enero 14, 2002 - 12:00

sans gêne (sansgene@free.fr)

Le Forum se veut un moyen d'aboutir à un " consensus citoyen mondial ". Mais qu'est-ce qui se cache réellement derrière les termes de " citoyenneté ", " alternatives à la mondialisation " ou encore " inclusion sociale " ? Une première réponse se trouve dans la nature des principaux promoteurs du Forum: Attac

Le Forum se veut un moyen d'aboutir à un " consensus citoyen mondial ". Mais qu'est-ce qui se cache réellement derrière les termes de " citoyenneté ", " alternatives à la mondialisation " ou encore " inclusion sociale " ? Une première réponse se trouve dans la nature des principaux promoteurs du Forum: Attac En février prochain, se tient le deuxième Forum social mondial de Porto Alegre (FSM) au Brésil. La gauche latino-américaine la plus opportuniste et conciliatrice d'Amérique Latine (PT, Cuba, FSLN, Marcos, etc.) rencontre, à cette occasion, une partie du mouvement " anti-libéral " et " anti-globalisation " avec à sa tête ATTAC.

Le Forum se veut un moyen d'aboutir à un " consensus citoyen mondial ". Mais qu'est-ce qui se cache réellement derrière les termes de " citoyenneté ", " alternatives à la mondialisation " ou encore " inclusion sociale " ?

Une première réponse se trouve dans la nature des principaux promoteurs du Forum: Attac

Attac est une association para-gouvernementale, né en France sur
l'initiative du mensuel Le Monde Diplomatique. Présent dans
plusieurs pays, elle fait du lobbying auprès des institutions
internationales et des gouvernements pour imposer une réforme fiscale taxant les spéculations financières.

En fait, elle sert surtout à recruter et à orienter les gens, écœurés par " les excès du libéralisme " et l'inaction du vieux personnel politique bourgeois, vers des solutions inoffensives pour le capitalisme en les empêchant de rompre définitivement avec l'ordre établi. Elle compte " barrer la route à la déréglementation libérale, à la spéculation financière, aux violations des droits de l'homme et aux atteintes à l'environnement " en convainquant par le " dialogue " et la " concertation " les chefs d'état impérialistes.

Les membres de la direction d'Attac-France sont ainsi les invités réguliers de l'Internationale Socialiste pour trouver de nouvelles idées politiques. Pascal Lamy, le commissaire européen au commerce est l'invité de marque des rencontres d'été d'Attac.
Récemment, le Premier ministre français Lionel Jospin a envoyé une lettre de soutien au congrès national en novembre 2001. En
échange de ses services rendus à leur bourgeoisie, l'association reçoit de l'argent du gouvernement français au travers de
commissions et de " conventions " financières.

Les attaques verbales contre la Bourse se transforment en fumée dès qu'elles sortent du monde des idées. Le Monde Diplomatique
appartient à 51% à un autre journal, Le Monde , côté en Bourse et le mensuel est engagé dans des opérations financières de rachat de journaux en difficulté.

Attac représente une partie des classes moyennes des pays impérialistes qui ont perdu beaucoup son niveau de vie provenant de l'exploitation parasitaire sur le dos des nations et peuples opprimés mais de plus en plus accaparé par les monopoles. Ainsi, ils recherchent un meilleur répartissement capitaliste, non se libérer du Capital, de la propriété privée et de l'impérialisme.

Rénover les institutions impérialistes

A Porto Alegre, les liaisons avec le capital financier et les
gouvernements impérialistes sont aussi nombreuses. Le Fond Monétaire International a envoyé un observateur au 1er Forum (tenu en janvier 2001) qui a aussi reçu un cadeau de 100.000 dollars par la fondation impérialiste Ford. On y côtoyait des membres du gouvernement français (socialiste). Cette année, des Forums de parlementaires, d'élus nationaux et locaux des gouvernements bourgeois, sponsorisés par l'administration brésilienne, se tiennent quelques jours avant pour permettre des " échanges " et " le lancement de nombreuses initiatives " (Le Monde Diplomatique.
Janvier 2002).

Attac et les autres ONG à sa suite sont ainsi un moyen supplémentaire pour la fraction impérialiste " socialiste " de créer des liens d'affaires et servent de relais efficace pour tromper les masses populaires et s'implanter un peu partout dans le monde.

On sait que les ONG vivent de l'argent des institutions internationales comme l'ONU et servent de caution humanitaire aux entreprises néo-coloniales comme les missionnaires il y a un siècle.

Dans ce cadre, l'Amérique Latine constitue un nouveau marché "
alternatif " très prometteur.

Derrière le slogan " maîtriser la mondialisation " lancé par le
président Jacques Chirac lui-même, lors de sa tournée au Brésil et en Argentine en 1997, il faut entendre un réservoir de débouchés commerciaux, technologiques et agricoles plus important que l'Europe centrale et les pays de l'Est réunis.

Un premier accord a été signé entre l'Union européenne et le Mercosur, le marché commun sud-américain, en 1995. Même si on
présente ces relations comme une " coopération " entre pays, ce n'est que du néo-colonialisme commercial et financier dont le
continent Africain est depuis toujours habitué.

Pourtant, certains pensent que l'Europe est moins pire que les
Etats-Unis et peut permettre un développement régional. C'est
préférer une meute de loups à un tigre. Voyons ce qui se passe en Europe. L'écart entre pauvres et riches ne cesse de s'accroître. Le chômage est plus important que pendant la crise économique des années 30. En France, la qualité de la vie quotidienne est revenue au niveau des années 70. Le militarisme se développe : les budgets militaires et policiers s'envolent. L'Union Europénne est en train de construire sa propre force militaire indépendamment de l'OTAN pour pouvoir s'engager partout où il le faudra. Enfin, les mouvements sociaux et les pauvres sont criminalisés et suspectés de " terrorisme ".

De leur côté, que cherchent les capitalistes bureaucratiques et
compradores d'Amérique Latine en invitant les capitalistes européens à investir? D'abord, à diversifier leurs partenaires et mieux se placer diplomatiquement pour faire face aux Etats-Unis qui veulent convertir le continent en un immense marché unique sous son contrôle total. Ensuite, ils pensent pouvoir récupérer quelques misérables miettes de ces nouvelles relations (au passage, en profitant du matériel militaire moderne de l'Europe) et à se faire alors accepter parmi le cercle fermé des impérialistes comme l' OCDE (l'Organisation de Coopération et Développement en Europe).

La vieille gauche latino-américaine veut aussi sa part des promesses du butin. Mais avant, il faut que la région soit pacifiée et qu'il y ait un minimum de stabilité sociale. C'est là qu'intervient le respect du " droit international contre la force " réclamé par Attac. En Palestine, ces partisans d'un " radicalisme raisonnable " réclament l'envoi de troupes étrangères de l'ONU ( européennes de préférence…) en Palestine afin de " rétablir la paix ".

Urbaniser les luttes, neutraliser tout combat anti-impérialiste

On voit comment ces manigances rejoignent les rêves de capitulation et d'accommodements de la gauche et des guérillas
d'Amérique Latine qui utilisent la lutte armée comme une arme de
pression et de dialogue.

Depuis longtemps, ils ont découvert que le pouvoir est au bout du fusil et que le continent possède une grande tradition
révolutionnaire chez les masses, liées à cette vérité historique. Pour des gens comme Marcos, la présence de fusils n'est que l'occasion de transformer le Mexique en un vaste cirque et de parader devant l'opinion publique internationale. Entre les pauses de sa " marche de la dignité ", il trouve le temps d'accorder un long entretien personnel au Monde Diplomatique. (entrevue avec Ignacio Ramonet " Marcos la dignité rebelle ")

Ainsi, les discours sur le " droit international " et la lutte contre la finance globale servent aujourd'hui de couverture aux
révisionnistes latino-américains de tous genres pour discuter comment avoir des postes dans un capitalisme d'Etat bureaucratique en alliance au projet de domination impérialiste de l'Union européenne.

" Maintenant, il n'y a que la lutte pour le socialisme ". Derrière ce slogan clamé par le Forum de Sao Paulo, le regroupement qui a précédé Porto Alegre, l'objectif est clair : nationaliser la terre comme à Cuba et ainsi d'empêcher le partage de la terre pour ceux qui la travaillent.

Il s'agit de bloquer toute révolution agraire dirigée par un parti du prolétariat, encerclant les villes par la campagne et frappant les intérêts impérialistes là où ils sont les plus vulnérables.

Pour les FARC de Colombie qui participent à Porto Alegre, l'avenir est tout tracé. Comme les zapatistes, il s'agit de trouver des accords de paix pour trouver une sortie négociée et s'assurer un avenir politique dans le système actuel. Après avoir rendu les armes, ces ex-guérilleros pourront s'enrôler dans la police et les armées nationales comme au Nicaragua ou au Guatemala et laisser " l'avenir du pays " aux pires ennemis du peuple.

Mais, par nature, l'opportunisme utilise les vieux partis
sociaux-démocrates et électoralistes lorsque c'est possible. A ce sujet, le Brésil semble battre tous les records et ce n'est pas un hasard si c'est ce pays qui a été choisi pour organiser le Forum.

Le PT, parti des travailleurs, qui a 'conquis' la mairie de Porto Alegre en 1998, s'est fait connaître par la " démocratie
participative ". Il s'agit d'inviter " les citoyens " à fixer eux-mêmes les priorités du budget municipal qui leur est soumis afin " d'établir la hiérarchie des urgences, examiner leur comptabilité avec les ressources disponibles, quitte à augmenter ces dernières par des mesurez fiscales "(Le Monde Diplomatique Août 1998). Comme Attac, le message ne s'adresse qu'aux classes moyennes et aux industriels de l'aveu même du PT. Au-delà, cela sert surtout de tremplin à la bureaucratie syndicale et aux chefs de ce parti en vu de postes lucratifs. Luiz Inacio da Silva, ancien dirigeant syndical des métallos de Sao Paulo et chef historique de ce parti, se présente ainsi régulièrement comme candidat aux présidentielles. Mais pour les pauvres, il s'agit de participer à la gestion de sa propre misère.

Le PcdoB, un autre groupe brésilien associé à Porto Alegre, a depuis longtemps abandonné toute perspective révolutionnaire et
considère que les luttes électorales et parlementaires sont importantes pour " recruter de nouvelles forces" et servir de " tribune ".

Enterrer le marxisme et l' anti-capitalisme

Démasquer ce regroupement continental de véritable trafiquants des luttes populaires ne serait pas complet si on ne se penche pas sur leurs quelques principes et voir, en contraste, la véritable théorie marxiste.

Malgré toutes leurs différences, ces organisations sont d'accord sur l'importance de l'Etat mis en danger par le néolibéralisme, sans poser la question de savoir quelle classe dirige. A Porto Alegre, on parle ainsi beaucoup de " souveraineté" " d'espaces publics " et de " société civile ". L'avertissement de Marx que le prolétariat ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la vieille machine d'Etat mais qu'il doit la briser est complètement écarté.

Antonio Negri et Michaël Hardt dans leur livre " Empire " (qui a
bénéficié d'une grande publicité pas seulement dans le mouvement
anti-mondialisation) partage la même obsession de l'Etat et la même volonté d'étouffer toute la lutte des peuples opprimés du Sud (malgré les différences avec Attac). Selon eux, la mondialisation est la fin de l'impérialisme comme système historique. Il n'y a plus de nations impérialistes ni de différence de fond entre les Etats-Unis et le Brésil ou encore l'Inde, " seulement des différences de degré ". Il ne reste qu'un " Empire " planétaire et une bourgeoisie globalisée qui n'a pas de nationalités, ni de visage en particulier mais qui régit le monde au nom d'intérêts économiques globales. La guerre du Golfe n'est pas une guerre mais une opération de police globale pour ramener l'ordre. Il est facile d'en conclure qu'il n'y a plus besoin de combattre la machine d'Etat capitaliste ni l'impérialisme puisqu'ils ont virtuellement disparut.

Au contraire, d'après la théorie marxiste-léniniste, l'existence de monopoles ne fait pas disparaître la concurrence ni les intérêts nationaux mais, au contraire, les accentuent dans la compétition que se livrent les monopoles en quête de bénéfices, ce qui provoque finalement la guerre. Les institutions comme le FMI sont un lieu d'entente mais surtout des rivalités inter-impérialistes.

En fait, les pseudo-analyses sur la mondialisation correspondent aux craintes des petits-bourgeois devant une force économique
irrationnelle qu'ils ne comprennent pas : toute-puissante et
totalitaire, qui agit au-dessus des nations. A partir de là, il ne leur reste que la condamnation morale des " excès " du néolibéralisme et l'appel à la raison des puissants pour retrouver la situation d'avant.

D'où l'importance de l'Etat érigé en fétiche. En définitive, " Lutter contre la corruption et le clientélisme "(PT) en participant à leur fonctionnement, voilà la seule " expérience exemplaire " et " la pédagogie " que les opportunistes proposent aux masses populaires pour se libérer. Au contraire, Marx a répété que le prolétariat, couche inférieure de la société, ne peut se mettre debout sans faire sauter toute la superstructure des couches qui constituent la société officielle. (Le Manifeste Communiste)

L'appel du droit contre la force est un autre principe charlatanesque de ces " anti-mondialistes ". Avant tout, le droit ne peut pas être supérieur à l'état économique qu'il protège et au type de société correspondant. Ils occultent ainsi la question essentielle de l'abolition de la propriété privée des moyens de productions et de l'utilisation de la violence révolutionnaire comme droit le plus élevé de la classe opprimée. Attac dénonce ainsi systématiquement " les anticapitalistes violents " et les " gauchistes " lors des manifestations anti-mondialisation. L'association négocie avec les autorités policières la modification du trajet des manifestations pour mieux isoler et faire coincer les militants radicaux, comme à Gênes en juillet dernier où la police a tué un manifestant.

Leur collaboration de classe rivalise avec leur délire anticommunisme. Le Monde Diplomatique compare Al-Quaida, le groupe islamiste de Ben Laden, avec la Gauche Prolétarienne, le mouvement maoïste français des années 70. Les partisans du
néolibéralisme sont taxés de " léninistes de marché ". (Edition de janvier 2002).

Pourtant nombre de ceux de la base de ces associations commencent à réaliser le pot aux roses et s'aperçoivent que ces Forums ne servent qu'à pondre des déclarations de bonnes intentions à l'intention des dirigeants impérialistes. Le mouvement contre la guerre d'agression en l'Afghanistan s'est développé en Europe occidentale, par la base, en dépit de la direction d'Attac.

Les " opposants à la mondialisation " sincères s'aperçoivent ainsi que cette gauche de " la gauche caviar " dont certains en viennent même à rêver du vieux projet hégémonique des Etats-Unis d'Europe dénoncé à son époque par Lénine comme social-chauviniste, est le meilleur défenseur de l'Union européenne et de ses rêves de nouveaux marchés.

En 1917, Lénine expliquait que le contenu politique de l'opportunisme et celui du social-chauvinisme sont identiques : collaboration de classes, renoncement à la lutte révolutionnaire, reconnaissance sans réserve de la légalité bourgeoise, manque de confiance dans le prolétariat, confiance dans la bourgeoisie.( Cf. L'Etat et la Révolution)

Finalement, derrière les belles promesses des opportunistes et les théories " modernes " sur l'impérialisme, il y a la lutte contre " les charlatans sociaux de tout acabit qui veuleut, grâce à diverses panacées et toutes sortes de rapiéçages, supprimer les défauts de la société, sans faire le moindre tort au capital et au profit (et)… qui vivent en dehors du mouvement ouvrier et cherchaient un appui auprès des classes 'cultivées' " (Cf. Engels, Préface allemande au Manifeste Communiste)

Janvier 2002



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