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Les luttes des femmes au Chiapasvieuxcmaq, Sábado, Enero 12, 2002 - 12:00
Chat noir (worker-a-infos-fr@ainfos.ca)
Souvenez-vous, on en a entendu parlé il y a déjà presque 8 ans, quant les Indiens et les Indiennes se sont soulevéEs en armes au sein de l'EZLN (armée zapatiste de libération nationale) contre le néolibéralisme et pour leur autonomie. On a surtout retenu la figure de Marcos ou celle des mythiques cagoules, ces images vides qui conviennent aux médias pour réduire ce large mouvement révolutionnaire à une anecdote romantique. A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S Soirée du Chat noir Avec une militante féministe, a séjourné une année au Chiapas et qui vient présenter : Les luttes des femmes au Chiapas Chiapas, Mexique : actualité du conflit Le chiapas ? Souvenez-vous, on en a entendu parlé il y a déjà presque 8 ans, quant les Indiens et les Indiennes se sont soulevéEs en armes au sein de l'EZLN (armée zapatiste de libération nationale) contre le néolibéralisme et pour leur autonomie. On a surtout retenu la figure de Marcos ou celle des mythiques cagoules, ces images vides qui conviennent aux médias pour réduire ce large mouvement révolutionnaire à une anecdote romantique. On a pu éventuellement suivre de loin l'évolution du conflit et se sentir choquée par la nouvelle du massacre de 45 IndienNEs à Acteal en décembre 1997. Ensuite on a perdu le fil : dialogue, non-dialogue, silence. Silence, des médias du moins. Les guerres de " basse intensité " sont moins spectaculaires que les guerres " classiques " puisque leur principal but c'est de ne pas apparaître comme une guerre. C'est pourquoi on ne sait généralement pas que le Chiapas est toujours un état occupé au sein du Mexique (1 tiers de l'armée mexicaine s'y trouve), que les accords sur les demandes du mouvement, signé par le gouvernement il y a presque 6 ans, sont restés lettre morte et sont quotidiennement bafoués, que des viols sont régulièrement commis contre les femmes Indiennes en toute impunité, que deux commissions civiles (une troisièmes est en route) ont élaborés des rapports sur la violation des droits humains au Chiapas et la nécessité d'un rapporteur spécial de l'ONU sans jamais être écoutées, que l'Union Européenne ferme les yeux et signe des traités de libre échange avec le gouvernement mexicain, etc. Beaucoup de choses qu'on ignore souvent. Et surtout sur le quotidien de la résistance des IndienNEs. Aujourd'hui cette résistance continue, évolue et porte ses fruits. L'autonomie se construit malgré la répression, dans les villages et les quartiers zapatistes. Des écoles, des cliniques, des coopératives d'agriculture et d'artisanat, des forums politiques, des ateliers d'éducation populaire : les pratiques autogestionnaires et solidaires qui ont fleuri au Chiapas ces 8 dernières années sont innombrables. Au début de cette année, le mouvement a encore prouvé sa force de mobilisation sociale en organisant une large " marche " zapatiste jusqu'à Mexico pour forcer les pouvoirs législatifs à se prononcer sur les droits des IndienNEs. De cela, on en a peut-être entendu parler, les médias ont bien aimé : " Marcos qui sort de sa forêt ". Par contre on a rien su à propos des suites de cette mobilisation : les législateurs ont voté une loi sur les droits des IndienNEs qui va à l'encontre des revendications l'armée ne s'est pas retirée mais s'est déplacée au sein du Chiapas et les corps de police ont augmenté les communautés indiennes zapatistes sont régulièrement victimes d'agressions ou d'intimidation militaires une partie des prisonnières-ers politiques sont toujours enferméEs et de nouvelles arrestations ont lieu régulièrement le gouvernement va encore plus loin dans les politiques néolibérales et impose des zones de " libre échange " en Amérique Centrale pour que les multinationales puissent mieux exploiter le travail et la terre des IndienNEs des militantEs féministes, pro-zapatistes, ou pour les droits humains sont victimes de meurtre, de viols, de menaces de mort, sont agresséEs, enlevéEs, suiviEs, contrôléEs, fichéEs, etc. LUTTES DES FEMMES AU CHIAPAS Pourquoi la lutte des femmes est-elle au cœur du mouvement zapatiste ? Il est impossible de comprendre le mouvement zapatiste et la lutte des IndienNEs au Chiapas sans parler de la lutte des femmes. D'abord parce que l'histoire du soulèvement zapatiste repose en grande partie sur l'organisation des femmes indiennes. Bien avant que l'on entende parler des zapatistes, un mouvement de coopératives d'artisanes et d'agricultrices avait surgi dans les régions à forte population indienne, dont le but premier était de survivre face au néolibéralisme. L'organisation des femmes en coopératives impulsa une pratique de résistance et d'autogestion au quotidien, par laquelle les femmes indiennes prenaient l'espace politique réservé aux hommes et s'opposaient aux politiques autoritaires, paternalistes et racistes de l'Etat. La construction progressive de ces coopératives en réseaux, ainsi qu'une coordination de plus en plus ample des organisations de femmes indiennes entre elles et avec le mouvement féministe, ont constitué une solide base sociale pour l'insurrection zapatiste. Quel est aujourd'hui le poids des femmes dans la résistance des IndienNEs ? Actuellement ce sont précisément les femmes indiennes qui forment la principale base civile du mouvement zapatiste. Par leurs réseaux de coopératives qui vont en s'agrandissant, elles assurent la mobilisation politique et souvent le soutien économique à l'EZLN. Elles le font aussi par leur participation aux manifestations, barrages de route, occupations, etc., où elles usent de leur force civile contre l'agression militaire. Le soulèvement armé de l'EZLN est différent des anciennes guérillas parce que son action révolutionnaire repose essentiellement sur la mobilisation de ses bases d'appui et de la " société civile ", c'est-à-dire des paysanNEs milicienNEs, ainsi que des multiples organisations politiques et militantEs sympathisantEs. Une grande partie de ce travail de base est mené par des femmes, aussi bien dans les communautés indiennes que dans les villes, où ce sont des femmes (mexicaines et étrangères) qui sont les plus engagées dans le mouvement zapatiste. Enfin, les femmes indiennes ont aussi des grades et des responsabilités dans les instances militaires et politiques de l'EZLN, dans lesquelles elles ont exigé l'accomplissement de la loi révolutionnaire des femmes, charte élaborée par les femmes des communauté et garantissant l'égalité entre femmes et hommes. Comment les femmes du Chiapas nous donnent des idées de lutte féministe, anti-raciste et pour l'autonomie ? L'organisation et la participation croissante des femmes indiennes au mouvement zapatiste tend à transformer les pratiques dans les communautés. Les femmes prennent conscience de leurs droits, revendiquent l'espace publique et se rapprochent des idées du féminisme. Leur lutte est radicale, car elle met en question le système patriarcal aussi bien que le capitalisme, les rapports Nord-Sud et le racisme contre les IndienNEs. Leur pratique de lutte passe par la construction de l'autonomie dans divers domaines de la vie sociale, comme la production et la préparation des aliments, la connaissance et l'usage des plantes médicinales, la confection et la diffusion de l'artisanat, la gestion de l'éducation, etc. En tant que femmes, en tant que militantes féministes et anti-capitalistes, il est possible de s'identifier à leur combat et surtout de s'en inspirer pour mettre en place nous aussi des espaces autonomes. Extrait du site de l'OSL : http://www.rebellion.ch ===== ___________________________________________________________ ****** Agence de Presse A-Infos ****** Pour s'abonner -> écrire à LIS...@AINFOS.CA Vous voulez reproduire ce message? -------------------------------------------------------------------------------- |
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