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Communiqué: Comme une boufée d'air frais

vieuxcmaq, Martes, Enero 8, 2002 - 12:00

Gabriel Anctil (ballonbleu@hotmail.com)

Les Soirées lacrymogènes sont d'heureuses soirées musicales, qui s'allient à la poésie, la philosophie, la peinture et la vidéo dans un but commun de résistance artistique

Comme une bouffée d'air frais

" Que ceux tentés par l'aventure
se joignent à nous. "

- Refus Global

par Gabriel Anctil

La révolte et la contestation se canalisent de mille façons différentes. Certains posent des bombes, d'autres militent dans différents groupuscules politiques ou encore écrivent dans des revues, des journaux, des manifestes. Frans Ben Callado (au piano) et son groupe ont choisi de militer à travers l'art. Ils ont décidé d'envahir le Café Ludik chaque dernier dimanche du mois et vous convient à un rassemblement de résistance artistique qu'ils ont ironiquement surnommé Les Soirées Lacrymogènes. Mais n'ayez crainte, à ces soirées-cabaret, on ne refoule personne ni ne brimons la liberté d'expression. On encourage même la réflexion et la créativité, chose rare de nos jours.

Sur fond d'improvisations musicales, des poètes, des pamphlétaires, des artistes-peintres ou encore des vidéastes s'expriment à leur façon et exposent leurs visions du monde, de la société et de l'art; pensent un monde meilleur tout en se permettant de critiquer le nôtre, bien imparfait. Chacun se relaye, les arts se complètent, le tout est fait dans un esprit de grande liberté libératrice, mais aussi de fraternité où le public est invité à participer et à faire partie du spectacle. L'on y pratique la démocratie participative. " C'est une espèce de forum de discussion artistique où des gens qui ont en commun un certain refus de la société de consommation, tel qu'on la connaît, se retrouvent et s'éclatent. Les gens qui assistent ou participent à nos soirées partagent un esprit de liberté qu'ils ne peuvent pas nécessairement assouvir dans l'encadrement de notre société", explique Frans.

Ces réunions sont aussi des occasions uniques de proposer une musique expérimentale mais aussi plus artisanale, où le respect de l'acoustique est primordial. " Nous sommes continuellement à la recherche d'une forme qui se rapprocherait de la nature, d'une esthétique plus organique, moins fabriquée. Nous expérimentons constamment. C'est un peu comme la vie. ". Selon Frans, qui a promené sa bruyante clarinette dans différentes manifestations, notamment au Sommet des Amériques où vous l'avez peut-être entendu exprimer sa colère, "nous vivons à une époque où l'esthétique connaît une véritable chute, où il existe un certain culte du laid. L'industrie musicale ou artistique en général nous présente des produits préfabriqués, superficiels, faciles à consommer, rapidement oubliés. Je crois que les gens se contentent de peu alors qu'ils pourraient trouver tellement mieux. Je pense que c'est dans l'authenticité que s'expriment pleinement les artistes. ".

Ces Soirées lacrymogènes s'opposent aux valeurs commerciales qui privilégient la rentabilité, le divertissement, la fuite, le conformisme et l'insipidité. Elles poursuivent une longue tradition artistique d'avant-garde, habilement poussée vers la marginalité par une industrie que rien n'épouvante plus que les idées et l'innovation. "On s'est un peu inspiré des poètes maudits de la fin du XIXe siècle, qui s'enfermaient durant des jours et qui créaient à contre-courant, qui refusaient en quelque sorte la société qui les entourait ", précise Frans. On pourrait aussi faire des rapprochements avec les beatniks qui ont mêlé poésie et jazz sur fond de révolte dans les années soixante à San Francisco ou encore avec les automatistes du Refus Global au Québec (manifeste de 1948), qui ont crié leur besoin d'affranchissement et d'émancipation : " nous entrevoyons l'homme libéré de ses chaînes inutiles, réaliser dans l'ordre imprévu, nécessaire de la spontanéité, dans l'anarchie resplendissante, la plénitude de ses dons individuels."

" L'Histoire nous montre que les avant-gardes artistiques surgissent souvent dans une période de déchéance humaine. Les artistes d'avant-garde sont ceux qui refusent de laisser tomber les valeurs essentielles de notre époque et l'équilibre de l'humain avec l'univers. Cette avant-garde qui s'organise spontanément à Montréal aura, je l'espère, dans dix ou vingt ans, laissé sa marque sur l'histoire de l'art. Mon but est donc de rallier ces artistes sous un même toit et de concrétiser la démarche qui nous unit ", souligne avec emportement Frans.

Mais les Soirées lacrymogènes c'est surtout un groupe hétéroclite qui se rassemble et qui, pendant une soirée par mois, se réapproprie l'espace et le temps, propose une philosophie différente où chacun trouve sa place. Ces gens forment, l'instant de quelques heures, une communauté spontanée où l'art quitte tous ses gonds et explore d'autres horizons, et où l'engagement social se concrétise, s'écoute, se voit et se vit.

Alors si les Britney Spears, Céline Dion, Garou et compagnie vous exaspèrent, venez faire un tour au Café Ludik le dimanche 27 janvier à 20h00 pour une soirée haute en surprises et en émotions. Vous pouvez aussi venir voir Frans s'amuser avec ses copains tous les mardi soir, de 17h à 19h.



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