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Où le monde se dirige-t-il ?

vieuxcmaq, Lunes, Enero 7, 2002 - 12:00

Noam Chomsky (cdesjardins10@hotmail.com)

Le nouveau millénaire a commencé avec deux crimes monstrueux : les attentats terroristes du 11 septembre et la réponse faite à ces mêmes attentats, réponse qui, bien sûr, a provoqué un nombre beaucoup plus important de victimes innocentes.

Ce texte est un extrait d'un discours de Noam Chomksy prononcé à la Lakdawa Memoria Lecture, à Delhi.

Le nouveau millénaire a commencé avec deux crimes monstrueux : les attentats terroristes du 11 septembre et la réponse faite à ces mêmes attentats, réponse qui, bien sûr, a provoqué un nombre beaucoup plus important de victimes innocentes. Les atrocités du 11 septembre ont été considérées comme un événement historique et cela est certain. Mais nous devons rendre clair pourquoi. Ces crimes représentent peut-être le plus grand tribut humain payé d'un coup si ce n'est durant une guerre. Les mots "d'un coup" ne doivent pas être pris à la légère. Il est triste mais il est certain que les crimes ne sont absolument pas rares dans les annales d'une la violence qui se rapprochent beaucoup de la guerre. Leurs conséquences sont une des innombrables illustrations. La raison pour laquelle le monde ne sera jamais plus la même après le 11 septembre, pour utiliser une phrase maintenant bien usée, est tout autre.

La dimension de la catastrophe qui a eu lieu déjà en Afghanistan et celles qui peuvent advenir, on ne peut que les supposer. Mais nous connaissons les projections sur lesquelles se basent les décisions politiques, et à partir de ces dernières, nous pouvons comprendre un peu la question sur l'avenir du monde. La réponse est que nous avançons sur des sentiers très connus. Même avant le 11 septembre, des millions d'Afghans survivaient à peine grâce à l'aide alimentaire internationale. Le 16 septembre, le New York Times a annoncé que Washington avait exigé l'élimination des convois qui fournissaient une bonne part des aliments et d'autres biens à la population civile afghane. Il n'y a eu aucune réaction aux États-Unis et en Europe face à l'exigence qu'un très grand nombre de dépossédés soient soumis à la faim et à une mort lente.

Dans les semaines suivantes, le principal journal du monde a annoncé que les menaces d'attaques militaires nécessitaient l'évacuation des travailleurs et travailleuses des organisations d'aide internationale et paralysaient les programmes d'aide; les réfugiéEs qui arrivaient au Pakistan après un dur voyage depuis l'Afghanistan décrivaient les scènes de désespoir et de peur dans leur pays pendant que la menace des attaques militaires dirigées par les États-Unis convertissait la misère dont ils souffraient depuis un certain temps en une catastrophe potentielle. Le pays était suspendu à l'aide a dit un volontaire évacué et nous venons de la couper.

Le programme d'alimentation mondial des Nations-Unies, est parvenu à faire quelques envois d'aliments au début d'octobre mais depuis les bombardements, on a été obligé de les suspendre pour les reprendre plus tard à un rythme beaucoup plus lent, pendant que les organismes d'aide condamnaient complètement les largages aériens d'aide américaine. Le New York Times annonçait, sans commentaire, qu'on prévoyait que le nombre d'Afghans ayant besoin d'aide alimentaire augmenterait de 50 pour cent suite aux bombardements pour parvenir à 7,5 millions de personnes. En d'autres termes, la civilisation occidentale basait ses plans sur l'hypothèse que son intervention pouvait provoquer la mort de plusieurs millions de civils innocents : non les Talibans mais leurs victimes. Le même jour le leader de la civilisation occidentale rejetait de nouveau les offres de négociation faites par les Talibans et leur demande de preuves crédibles face aux exigences de capitulation. Sa position a été considérée comme juste et adéquate pour ne pas dire héroïque. Le délégué spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation a prié les États-Unis de mettre fin aux bombardements qui mettaient en péril la vie des millions de civils et a réitéré son appel au Haut-commissaire des droits humains de l'ONU Mary Robinson et a averti qu'on organisait une catastrophe comme celle du Ruanda. Les deux appels furent rejetés comme ceux des principaux organismes d'aide humanitaire. Ils ne reçurent presqu'aucune couverture médiatique.

La FAO avait averti à la fin de septembre que plus de sept millions de personnes pouvaient mourir de faim à moins qu'on recommence immédiatement l'envoi de l'aide et qu'on mette fin aux menaces d'actions militaires. Une fois commencée les bombardements, la FAO a averti qu'une catastrophe humanitaire encore plus grave pouvait se produire parce que les bombardements avaient interrompu les semences qui fournissaient dans un proportion de 80 pour cent les provisions de grains du pays de façon à ce que les effets l'année prochaine seraient encore plus grave. Cela aussi ne fut pas publié.

Ces appels que l'on ne rendit pas public coïncidèrent avec la Journée mondiale de alimentation sur laquelle on fit aussi silence, comme sur l'accusation du délégué spécial de l'ONU qui affirma que les riches et les puissants ont les moyens mais pas la volonté d'éviter ce «génocide silencieux».

Traduction La Gauche

- Publié sur le site de la Gauche Socialiste

www.lagauche.com


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