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Manifestations du vendredi 9 novembre 2001 à Montréalvieuxcmaq, Lunes, Noviembre 12, 2001 - 12:00
Benoit Dépot (maxgorki@hotmail.com)
Manisfestations du vendredi 9 novembre01à Montréal Montréal, vendredi 9 novembre 01 Deux manifestations se sont tenues le vendredi 9 novembre dernier à Montréal en vue de protester contre la tenue de la réunion de l’OMC au Qatar. La première manifestation, commandée par un groupe affilié à la CLAC, s’est ébranlée à partir du square Philips vers 12h30. Près de trois cents personnes s’étaient rassemblées en vue de prendre part à cette activité éducative d’un point de vue citoyen. Premier objectif de la manif : perturber le fluide économique que constitue la circulation automobile dans le centre-ville. Deuxième objectif : réaliser une action directe éclair d’une forte valeur symbolique pour les habitants de Montréal et du Québec. Troisième objectif : opération Déficit Zéro, c’est-à-dire aucune arrestation de militants. Dès le début du rassemblement, les services d’information de la police étaient sur place. D’ailleurs avis à tous : le salon de coiffure Le Carré, situé au-dessus du Burger King en face, du côté sud-est, du square Phillips hébergeait les caméramans de la police. Après enquête auprès du propriétaire, nous avons su qu’il croyait que c’était TVA qui filmait. Nous lui avons demandé si les gens en question avaient montré leur carte de presse, et il nous a répondu « non ». Et comme nous sommes nous-mêmes des « médias », nous avons demandé si nous aussi nous pourrions filmer du site privilégié qu’est le salon de coiffure Le Carré, et nous nous sommes fait répondre par la négative (voir note 1). Après les discours d’usages, portant entre autres sur les méfaits de l’OMC et les méfaits futurs de la tout aussi future loi c-36 (loi anti-terroriste), la manif s’est donc ébranlée à travers la dense circulation de la rue Ste-Catherine. À coup de slogans et de bonne humeur, les militants ont marché devant les nombreux commerces et nombreuses banques des artères commerciales du centre-ville de Montréal. Le premier objectif était atteint. De nombreux passants observaient la scène, certains un peu inquiets, d’autres criants aux manifestants : « United States of America!! ». Arrivée au coin Bleury et Maisonneuve, la colonne de citoyens engagés est parvenue au site de l’action directe : l’édifice de la Domtar (voir note 2) qui siège au 395 de Maisonneuve. Un mot d’ordre est alors lancé au mégaphone : nous devons occuper brièvement les locaux de la Domtar en vue de protester et de mettre en relief les actions négatives de cette entreprise qui profite des largesses légales, contre le peuple, des organisations internationales comme l’OMC et le FMI. Sur un tract, distribué par un militant, on pouvait lire : « Domtar s’enrichit au détriment de la forèt ! Durant l’année 2000, elle a accumulé 275 millions de dollars de bénéfices et elle a maintenant coupé plus de 65 % des arbres de la réserve faunique de La Vérendrye grâce à plusieurs Contrats d’Approvisionnement et d’Aménagement Forestiers (sites de coupe que le gouvernement donne aux entreprises pour faire de la coupe et qu’elles peuvent exploiter souvent pour 25 ans ». L’occupation n’a duré que quelques minutes, le temps pour une employée de se saisir de son téléphone cellulaire pour narrer « en temps réel », à je ne sais trop qui, ses craintes face à la contestation qui ciblait l’entreprise qui lui fournit si gentiment son chèque de paie. Toujours est-il qu’après avoir laissé un graffiti, les militants ont quitté les lieux. Le deuxième objectif était atteint. Le troisième objectif, aucune arrestation, a également été atteint. La manif se dispersait près du métro Place des arts et aucune arrestation n’a eu lieu. Les policiers sont descendus dans la station souterraine, mais ils n’ont intercepté personne. D’ailleurs, la cellule Groulx, dont fait partie l’auteur du présent article, a eu l’heureuse occasion de se faire demander par un policier, l’agent Piettrangelo, pourquoi on manifestait. Nous lui avons parlé de l’OMC et de l’avenir de ses enfants. Ses sourcils tordus de perplexité témoignaient de son ignorance et nous sommes partis prendre une pause avant la manif de 16h00. Après avoir fait recharger les piles des caméras, nous nous retrouvons à 16h00 au carré Cabot, près de la station de métro Atwater. Nous nous préparons à occuper les rues encore une fois, mais cette fois en compagnie, entre autres, de militants du GOMM (Groupement Opposé à la Mondialisation des Marchés), des cégeps de Montréal et de l’OPDS (Organisation Populaire des Droits Sociaux). Après un court discours qui relatait les divers évènements militants de la journée à l’échelle locale, nationale et mondiale, les joyeux citoyens se sont mis en route sur la rue Ste-Catherine. Cette marche était une joyeuse procession-chantante qui s’arrêtait à divers endroits symboliques pour entonner, de toutes les cordes vocales réunies, des chansons militantes tirées du meilleur répertoire militant jamais entendu (voir note 3) . Ainsi la manif en chanson s’est arrêtée devant un restaurant Mc Donald, devant le centre de recrutement de l’armée canadienne, coin Ste-Catherine et Bishop. L’ambiance générale était plus détendue que celle de la manifestation de 12h00 et cette manifestation a été une franche rigolade. Arrivés à la fin de la procession, qui se terminait au square Phillips, les militants ont fait de la peinture sur toile et discuté de l’avenir qu’ils aimeraient pouvoir se donner. Cela semblait importuner certaines personnes, car, évidemment, nous étions sous surveillance policière. Des militants sont d’ailleurs venus nous voir pour nous informer qu’ils avaient repéré un de ses policiers déguisés en citoyen honnête. Nous nous sommes donc dirigés vers lui, caméra à l’épaule, comme si nous voulions faire un « vox-pop » parmi la foule de curieux et passants. Arrivés au policier-camouflé, nous lui avons alors demandé s’il savait pourquoi des gens manifestaient aujourd’hui. Sûrement que sa propre ignorance l’a offusqué (je le comprends) car il a alors empoigné notre caméraman en lui disant : « Donne-moi ta caméra pis ton film sinon je te « bouque » ! ». Pauvre cave ! Il venait de trahir son déguisement ! Nous nous sommes sauvés en gardant notre caméra et notre film. Nous avons d’ailleurs eu la chance de nous entretenir avec un officier de la police, en uniforme cette fois-ci, sur notre petite altercation avec le policier-caché. L’officier a démenti, sans surprise, le fait qu’il y ait eu des agents cachés. Aucune arrestation n’a cependant eu lieu lors de la manifestation. Benoit Dépot, membre de la cellule Groulx. Notes: 1-Nous avons filmé les policiers qui filmaient à partir du Salon. Vive le zoom in! 2-Voici une petite description de Domtar, telle qu’on peut la trouver sur le site web de l’entreprise : « La société Domtar est le second plus important producteur de papiers fins non couchés en Amérique du Nord et le troisième au monde. Elle est également un chef de file dans la fabrication de papiers d'impression, d'édition, de spécialité et à usage technique. Domtar gère près de 36 millions d'acres de forêt au Canada et aux États-Unis et elle est un des principaux fabricants de produits forestiers dans l'Est de l'Amérique de Nord. L'entreprise possède également 50% de Norampac Inc., Le plus important producteur de cartons-caisses et de cartonnages ondulés au Canada. Domtar compte 12 500 employés en Amérique du Nord ». 3- Ok, peut-être que j’exagère un peu, mais la chanson « Crosse, crosse, crosse » sur l’air d’une « toune » de Passe-Partout est une pièce d’anthologie. |
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