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Le Commerce de la tragédie

vieuxcmaq, Domingo, Octubre 28, 2001 - 12:00

Carl Desjardins (cdesjardins10@hotmail.com)

: Et donc M. Zoellick nous demande de soutenir le libre-échange dans l’intérêt de la sécurité nationale, il devrait au moins avoir l’honnêteté de reconnaître qu’il demande à la majorité des américains de faire davantage de sacrifices, tandis que les autres s’enrichissent.

Chaque crise, chaque tragédie est pour certains une chance, n’importe quel avocat marron vous le dira. On s’attend à voir le Pentagone engraisser son budget déjà passablement gonflé, et l’Attorney général John Ashcroft égratigner la Déclaration des Droits, tout cela au nom de la Guerre contre le Terrorisme.

Mais que dire de « l’Administration de la Promotion du Commerce » ? Cela semble un peu gros, mais c’est pourtant ce que l’administration Bush se prépare à faire accepter par le Congrès en quatrième vitesse en usant du même prétexte, même s’il risque ce faisant de déclencher la première lutte entre les partis d’après le 11 septembre.

L’Administration de la Promotion du Commerce (autrefois dite « voie rapide » ou Fast track) donnerait à l’administration le pouvoir de négocier de nouveaux accords internationaux sur le commerce, le congrès ne pouvant que voter sur le produit final. En ligne de mire l’accord controversé de la ZLÉA (Zone de Libre-Échange des Amériques), qui concerne 34 pays.

« Le Congrès soutiendra-t-il le libre-échange, le fondement même de notre prééminence internationale ? » se demande Robert Zoellick, représentant des États-Unis pour le commerce, et expert de l’administration Bush. Cela dépend bien sûr de ce qu’il entend par « libre-échange ». Le scepticisme est très répandu dans le public : dans un récent sondage de l’Université du Maryland, 72 % des gend étaient d’avis que les dirigeants qui décident de la politique états-unienne du commerce prêtent trop peu d’attention aux préoccupations des travailleurs états-uniens.

Les gens ont bien raison d’être sur leur garde. Ce que Zoellick ne dit pas, c’est qu’une large majorité d’États-uniens ont subit une baisse de leurs revenus en raison de notre ouverture élargie au libre-échange durant les 20 dernières années, et de la manière dont cela s’est fait.

La plupart des économistes rechignent à l’admettre publiquement, le libre-échange étant la religion dominante de leur profession. Mais c’est une donnée avec laquelle ils doivent compter dans leurs travaux.

Des économistes ont estimé la contribution du libre-échange à la redistribution du revenu vers le haut aux États-Unis. Ils ont aussi tenté de mesurer le gain pour l’économie nationale, en termes d’augmentation des revenus, entraîné par la suppression des tarifs et des autres contraintes portant sur le commerce.

Il s’avère que, pour une large majorité d’états-uniens, l’impact négatif du libre-échange sur la redistribution – depuis les revenus bas et moyens jusqu’aux revenus les plus élevés – dépasse les gains dus à la baisse des coûts des importations. Cela est vrai même si l’on utilise les estimations les plus optimistes sur les gains provenant du libre-échange, et même si l’on utilise les estimations donnant les chiffres les plus bas sur l’accroissement des inégalités entraîné par le libre-échange.

Pratiquement tous les économistes reconnaissent que le libre-échange a accentué le fossé qui sépare ceux qui ont un diplôme universitaire des trois-quarts de la population active des États-Unis, qui n’en possèdent pas. Reste à savoir de combien. En utilisant les chiffres les plus bas sur l’accroissement des inégalités entraîné par l’ouverture du commerce, on voit que les trois-quarts de la population active ont perdu entre 1,6 et 2,4 % de leurs revenus durant les deux dernières décennies.

Si l’on se sert des estimation les plus élevées concernant l’impact du libre-échange sur l’éventail des revenus, ont voit que les trois-quarts de la population active des États-Unis ont perdu entre 12.2 et 12.9 % de leurs revenus.

Sans oublier que tout cela fait abstraction, comme le font tous les modèles économiques, des pertes économiques dues à la fermeture d’usines et aux longues périodes de chômage résultant du libre-échange.

Les sondages sont le reflet de ces tendances économiques, ce qui est tout à fait révélateur du fait que ceux qu’on donne comme « moins instruits » ont un regard beaucoup plus perspicace sur les réalités économiques que les experts et les intellectuels qui règnent sur les médias écrits et audio-visuels. Point n’est d’un doctorat en économie pour imaginer que mettre la plus grande partie de la force de travail états-unienne en compétition avec des gens qui gagnent quelques dollars par jour, cela va faire baisser la plupart des salaires chez-nous.

Il est certain que le terme de « libre-échange » donne une fausse idée de ces accords. L’ALÉNA (Accord de Libre-Échange Nord-Américain), ainsi que l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), ont développé la forme de protectionnisme la plus coûteuse au monde, aussi bien économiquement qu’en termes de vies humaines. Il s’agit de l’extension à l’échelle internationale de la protection par des brevets des produits pharmaceutiques contre la concurrence des produits génériques. L’ALÉNA a accordé aux compagnies le nouveau et puissant droit d’engager directement des poursuites contre les gouvernements, droit qu’elles ont déjà utilisé pour contourner la réglementation sur l’environnement.

-Tiré du courriel d’ATTAC

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