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Que penser de la piste " Armée rouge japonaise " ?

vieuxcmaq, Jueves, Septiembre 20, 2001 - 11:00

Anarchist Straightedge (blackredflag@hotmail.com)

texte tiré de A-Infos-Fr sur la possibilité de l'implication de l'armée rouge japonaise dans l'attentat du 11 septembre 2001

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A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
http://www.ainfos.ca/
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[titre d'A-infos-fr]

Que penser de la piste " Armée rouge japonaise " ?

Le 11 septembre, peu après les attentats, une dépêche de l'agence AFP à New
York signalait que : " Un interlocuteur anonyme a revendiqué au nom de
l'Armée rouge (une organisation extrémiste japonaise) la série d'attentats
aux Etats-Unis 'pour venger les morts d'Hiroshima', en téléphonant à un
journal jordanien. L'Armée rouge japonaise a été fondée en 1969, et elle a
noué des liens avec des organisations extrémistes au Moyen-Orient, notamment
avec le FPLP, le Front populaire de libération de la Palestine. Elle a été
responsable de plusieurs détournements d'avions et d'attaques contre des
ambassades occidentales. "

Cette revendication ne semble pas avoir été prise au sérieux. Plus
exactement, elle n'a fait l'objet d'aucun commentaire, d'aucune critique,
sérieuse ou journalistique, par la suite. Elle a disparu, comme par
enchantement, tandis que les soupçons portaient d'abord sur les
organisations palestiniennes, puis sur le réseau Ben Laden. Dans le même
temps, toute comparaison avec Pearl Harbour - pourtant martelées dans les
premières heures après l'événement - disparaissait des chroniques. Affaire
de diplomatie : la veille, " La ministre japonaise des Affaires étrangères
Makiko Tanaka a présenté samedi des excuses pour les exactions commises par
son pays durant la Deuxième Guerre mondiale, mais sans évoquer des
réparations. " (AFP San Francisco, 10/09/01). Elle s'exprimait à l'occasion
des cinquante du traité de San-Francisco, signé le 8 septembre 1951, qui
mettait officiellement fin à la guerre américano-japonaise et confirmait la
présence de l'armée US sur le sol japonais.

Il n'entre ni dans nos intentions, ni dans nos capacités de participer à la
chasse au(x) coupable(s) ; mais nous sommes en droit de nous interroger sur
le traitement médiatique de l'information, sur la manière dont on essaie de
nous conduire à aligner nos pensées sur les intérêts du Pentagone. Avant de
revenir sur la " piste japonaise ", il faut rappeler que Ben Laden est le
suspect officiel n° 1 des Usa, mais que cette piste est loin de faire
l'unanimité. Europol, la police européenne, a clairement marqué ses
distances en expliquant qu'on ne pouvait mettre systématiquement Ben Laden
au centre de tous les actes terroristes commis contre des intérêts
américains (Reuter, 16/09/01). Au demeurant, tout en affirmant s'associer à
la machine de guerre américaine, plusieurs états ont exprimé la même
inquiétude en demandant que l'on se mette d'accord sur le choix de la cible.
C'est le paradoxe de cette guerre annoncée à grands cris, mais qui se
propose d'opposer la quasi-totalité des états du monde à. un seul homme.

Cette annonce spectaculaire est déjà en train de se casser la gueule,
puisque les Etats-Unis ont précisé - alors même que les Talibans
tergiversent pour savoir ce qu'ils feront de leur encombrant ami Ben Laden -
qu'ils ne se contenteraient pas de l'extradition de celui-ci. Ils veulent
l'intervention militaire, et seraient fort maris de la voir compromettre par
la bonne volonté de l'adversaire présumé.

Les indices invoqués pour construire la piste Ben Laden frisent parfois le
ridicule - encore que, dans ce monde renversé, le ridicule soit parfaitement
recevable - un bagage transitant par une autre voie livre un manuel de
pilotage en Arabe (même si on apprend plus tard que les terroristes seraient
des pilotes confirmés) ; on aurait retrouvé le passeport de l'un des
terroristes parmi les milliers de mètres cubes de débris (même si, par
ailleurs, l'un des terroristes présumés semble bien vivant sur le sol
saoudien, et fort surpris de voir son nom cité) ; les passagers du vol de
Pittsburgh se seraient sacrifiés pour faire tomber l'avion ailleurs que sur
une cible stratégique (mais ils étaient suivis par des avions de chasse,
puisque l'armée et le FBI ont suivi l'opération dès avant le double crash).
Bref, au travers du flot déferlant d'informations, on trouve le pire et le
meilleur, et il est bien difficile de se faire sa propre idée des
événements. Enfin, comme le rappelle le Nouvel Observateur (13/09/01) : " Le
souvenir de l'attentat d'Oklahoma City, où 168 personnes avaient trouvé la
mort en avril 1995, incite certes à la prudence : après avoir d'abord
soupçonné des terroristes islamistes, les enquêteurs avaient fini par
identifier et arrêter Timothy Mc Weigh, un militant d'extrême-droite
américain originaire de l'Etat de New York... ".

Alors, puisque la piste Ben Laden n'est pas aussi sûre que la presse ne veut
bien le dire, pourquoi pas étudier les alternatives, et parmi elles, la
seule revendication officiellement exprimée, celle de l'Armée rouge
japonaise. Forte d'une centaine de membres, cette organisation "
marxiste-léniniste " et " anti-impérialiste " fondée en 1969 au Japon, est
en réalité basée dans la vallée de la Beqa'a au Liban. La majeure partie des
opérations de l'ARJ sont liées à la cause palestinienne, parfois menée
conjointement avec le FPLP. En 1974, Carlos est intervenu pour les assister
dans une opération en Hollande. Apparemment, l'ARJ serait aujourd'hui
divisée en deux branches, l'une au Proche-Orient - proche du Hezbollah - et
l'autre en Corée du Nord, dont elle servirait les services secrets. (d'après
des extraits de Jeffrey A. Builta, Extremist Groups: A Compilation of
Terrorist Organizations, Violent Political Groups, and Issue-Oriented
Militant Movements, OICJ Publications). Depuis 1988, le groupe est assez
discret, et son histoire surtout marquée par leurs problèmes avec la police
japonaise. La leader Fusako Shigenobu (55 ans) a été arrêtée en novembre
2000 au Japon, où elle vivait sous une fausse identité. D'autres militants
ont été emprisonnés au Liban, où ils bénéficient de réseau de soutien,
malgré les demandes réitérées d'extradition de la part du Japon ; l'un
d'entre eux fut même, à sa sortie de prison, la première personne à
bénéficier de l'asile politique au Liban.

Bref, la piste japonaise ramène au Proche-Orient, mais pas particulièrement
au réseau Ben Laden, même si des liens avec des organisations islamistes
semblent exister. Pourquoi l'ARJ, petit groupe vieillissant et réputé peu
actif depuis plus de dix ans, aurait-elle lancé, directement ou
indirectement, une telle attaque ? La revendication parle d'Hiroshima, ce
qui est éventuellement cohérent avec l'anniversaire du traité de
San-Francisco. Est-ce suffisant ? Difficile à dire. L'histoire de l'ARJ, ses
difficultés récentes, la mettent en situation de n'être plus qu'un relais
dans un maillage d'organisations publiques ou privées du Proche-Orient, sans
liens réels avec l'histoire japonaise. Il faut tout de même noter que l'ARJ
s'est déjà attaquée à des intérêts économiques japonais, et que,
précisément, la société qui doit déplorer le plus de morts dans la
destruction du World Trade Center est une compagnie japonaise, installée
dans l'un des étages directement frappés par un Boeing. En l'absence
d'autres informations, il est difficile d'en dire plus pour l'heure.
L'essentiel, ce n'est pas de trouver des coupables, c'est d'essayer de
conserver son esprit critique, de frayer son chemin à travers les mailles de
la surinformation et de la désinformation.

Lors des sommets de Göteborg ou Gênes pour ne citer que les derniers, les
médias alternatifs ont joué pleinement leur rôle de contre-information, ont
permis de disposer d'une information indépendante de la presse officielle.
Les réseaux militants ont décortiqué la situation et proposé des analyses.
Aujourd'hui, nous nous trouvons de nouveau tributaires de l'information
contrôlée, paralysés par le discours bipolaire (anti-terrorisme contre
anti-américanisme). Nous avons besoin de comprendre, parce que nous avons
besoin d'agir, de ne pas rester passives face à la machine de guerre qui se
met en place.

Nicolas (Cercle social)
http://www.crosswinds.net/~minerval
http://groups.yahoo.com/group/cerclesocial

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