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Le Falun Gong et l'insoutenable intolérance du gouvernement chinois

vieuxcmaq, Viernes, Septiembre 7, 2001 - 11:00

Gabriel Anctil (ballonbleu@hotmail.com)

Voici un texte qui revient sur les derniers évènements concernant
le Falun Gong et le gouvernement chinois. Il met ces évènements
en perspective et tente d'explique brièvement ce qu'est le Falun
Gong. Il contient de plus une courte histoire de la répression
chinoise sur ce groupe. Il se termine en exposant l'aveuglement
de la communauté internationale qui préfère les billets verts aux
droits de l'homme.

Le Falun Gong et l'insoutenable intolérance du gouvernement chinois

Par Gabriel Anctil

Le 26 août dernier, cinq membres du Falun Gong de Montréalet d'Ottawa, ont complété devant l'ambassade de la Chine à Ottawa
une grève de la faim qui aura durée six jours. Ils demandent au gouvernement chinois de relâcher immédiatement les 130 membres dugroupe incarcérés et persécutés dans le camp de travaux forcés deMasanjia, en Chine, et implorent le gouvernement canadien de condamner l'acharnement vicieux de la Chine contre les 70 millions d'adeptes du rassemblement du Falun Gong. Les 130 forçats de Masanjia, détenus illégalement, ont aussi entamé il y a plus de trois semaines une grève de la faim pour protester contre les traitements inhumains, les humiliations, les tortures physiques et psychologiques dont ils sont victimes.
Ces actions s'insèrent dans une campagne internationale, un grand cri de " SOS ", lancé par le mouvement du Falun Gong en juillet dernier. Le groupement espère ainsi ameuter l'opinion publique et dénoncer la répression dont ses membres sont victimes depuis plus de deux ans.

Une montréalaise sous les barreaux chinois

On se souviendra que le 10 mai dernier, Ying Zhu, une étudiante en informatique de Concordia, fut arrêtée et incarcérée pendant 33 jours dans une prison chinoise parce qu'elle était accusée de pratiquer le Falun Gong.
Cette résidente canadienne se rendait dans sa Chine natale dans le but de visiter sa mère et son mari, qu'elle n'avait pas vus depuis son immigration au Canada en 1997.
À son arrivée à la frontière chinoise, les agents des douanes semblaient l'attendre et quelques instants après la présentation de son passeport, elle fut emmenée dans une pièce isolée où elle fut interrogée et fouillée. Les autorités chinoises ont alors confisqué son livre et ses cassettes de musique du Falun Gong, en plus de son carnet d'adresse qui constituait aux yeux des représentants de la loi chinoise, une pièce à conviction et une preuve de méfait.
Ying Zhu fut ensuite transportée dans un autre édifice, non-identifié celui-là, où elle fut gardée prisonnière et sous haute surveillance, sans aucun mandat d'arrestation pendant 33 jours.
Dans cette chambre de 20 mètres carré, elle fut surveillée, questionnée et intimidée. Jour et nuit trois personnes la gardaient et l'observaient. Ils étaient 12 à se relayer. " Chacun de mes mouvements, de mes humeurs, de mes expressions et de mes émotions étaient enregistrés et classés. Je ne pouvais pas dormir avec trois personnes qui me regardaient et une ampoule de 120 Watt dirigée directement sur moi, de jour comme de nuit." s'est-elle rappelée.
Quotidiennement ils l'ont bombardé de questions sur les gens qui apparaissaient dans son livret d'adresses. " Je crois qu'ils tentaient de trouver des indices ou des preuves que j'avais des relations avec une certaine " force anti-chinoise ". " a-t-elle expliqué. " Ils tentaient d'allonger leur liste noire dans le but évident de persécuter d'avantage les membres du Falun Gong à l'extérieur de la Chine.".
En plus de ces humiliations quotidiennes, Ying Zhu recevait aussi la visite d'un " psychologue " qui croyait dur comme fer que les membres du Falun Gong étaient tous atteint de graves maladies mentales. Il l'a même menacé à plusieurs reprises de l'interner si elle ne renonçait pas à sa pratique du Falun Gong.

Pendant ce temps à Montréal…

Le 25 mai des amis de Ying Zhu, Amnistie internationale et des membres du groupement Falun Gong de Concordia, ont organisé une conférence de presse où ils ont imploré le gouvernement canadien de mettre de la pression sur le gouvernement chinois pour qu'il libère Ying Zhu.
Par la suite, la Canadian Federation of Students, des membres du parlement canadien, le CSU (association étudiante de Concordia) et Frederick H. Lowy, recteur de l'Université Concordia, ont tous exprimés leur appui et ont entamés une campagne de mobilisation pour sortir Ying Zhu de cet enfer carcéral.
" Nous vous demandons de relâcher immédiatement Ying Zhu et d'arrêter toutes les violations contre les droits fondamentaux perpétrés contre des dissidents politiques, des groupes religieux et les membres du Falun Dafa (Falun Gong) en Chine. " clamait la lettre du CSU envoyée à l'ambassadeur de la Chine à Ottawa.
Pour sa part, Frederick H. Lowy, dans une lettre envoyée à ce même ambassadeur, menaçait de reconsidérer l'engagement qu'avait pris Concordia dans une série de sept contrats signés avec des institutions chinoises lors du dernier voyage de Team Canada en territoire chinois : " Il serait très dommage que la détention d'une de nos élèves puisse avoir une influence néfaste sur les relations entre nos deux milieux universitaires. ".
Deux semaines plus tard, Ying Zhu était libérée et placée sous surveillance chez sa mère avec interdiction de contacter quiconque au Canada. Une semaine après, elle quitte la Chine, après avoir dû promettre de ne pas entacher la réputation de la Chine à son retour au Canada.
Le lendemain de son arrivée à Montréal, Ying Zhu a participé à une conférence de presse où elle a raconté son aventure et dénoncé le gouvernement chinois.
" De cette expérience, j'ai compris qu'une forte voix internationale pour la justice peut apporter une fin à cette persécution sauvage. " a-t-elle conclue.

Mythes et réalités du Falun Gong

Le Falun Gong a été introduit dans la population chinoise par M. Li Hongzhi (le " Maître " ou le " Professeur ") en 1992. Il s'est inspiré des méthodes de " cultivation de la personne " millénaires bouddhistes et taoïstes pour créer une méthode d'exercices et une philosophie qui ont pour but d'aider ses membres à édifier une moralité plus élevée leur permettant de vivre avec moins de stress, plus de bonté et de paix dans leur vie de tous les jours. La base du Falun Gong repose sur trois valeurs fondamentales : La Vérité, la Bonté et la Tolérance.
Mais le Falun Gong ne se considère pas comme une religion, il n'y a ni formalisme, ni rituel, ni cérémonie dévotionnelle. Le Falun Gong surtout n'a aucun objectif politique, c'est une méthode d'amélioration de sa propre personne. Les cours sont gratuits et assurés par des bénévoles et les dons monétaires sont refusés.
En 1992, quand le fondateur du Falun Gong a présenté cette méthode en Chine, celle-ci a été très bien accueillie, et même soutenue par le gouvernement chinois. La méthode a été reconnue pour ses effets positifs sur la santé et la moralité sur la société. Les responsables chinois ont même remis à M. Li Hongzhi plusieurs prix qui ont fait mieux connaître le Falun Gong.
Au tout début, pendant deux ans, les enseignements de M. Li Hongzhi se rependaient de bouches à oreilles. La popularité de l'association prend lentement mais sûrement de l'ampleur. En 1996, un livre expliquant le Falun Gong est publié par M. Li Hongzhi et devient rapidement le livre le plus vendu en Chine à l'époque. En 1999, on estimait à plus de 70 millions le nombre de pratiquants du Falun Gong en Chine (dont des militaires, des policiers, des scientifiques et même des membres du Parti communiste chinois), et plus de quelques centaines de milliers à l'extérieur de ce pays.
Devant une telle recrudescence (il y avait alors 56 millions de membres du Parti communiste chinois, donc 14 millions de membres de moins qu'en comptait le Falun Gong), les leaders gouvernementaux se sont sentis menacé et ont déclaré le 20 juillet 1999, le Falun Gong illégal. La persécution systématique commence.

L'éthique du néo-libéralisme

Jennifer Nadeau, membre du Concordia Falun Dafa Club explique le conflit qui oppose les membres du Falun Gong et le gouvernement chinois comme suit : " Le Falun Gong propose certaines valeurs universelles qui ne sont pas respectées par le gouvernement chinois, qui voit reflété, à travers le Falun Gong, une image de lui-même qu'il n'aime pas et qu'il veut détruire. "
Depuis deux ans, Jiang Zémin, le président de la Chine, s'est fait un devoir personnel d'anéantir le mouvement du Falun Gong, qui a été décrit par la presse gouvernementale et propagandiste comme une " secte maléfique ", " une force occidentale anti-chinoise ", " un groupe anti-révolutionnaire ", " un groupement subversif ". En fait, depuis deux ans, tous les problèmes qu'a connu la Chine, sont causés par le Falun Gong.
Depuis le 20 juillet 1999, plus de 100 000 membres ont été détenus arbitrairement, plus de 20 000 membres ont été envoyés dans des camps de travaux forcés, sans procès, pour une durée pouvant atteindre 3 ans, plus de 600 membres ont été condamnés à un emprisonnement, certains d'une durée de 18 ans, plus de 1000 membres ont été internés dans des hôpitaux pour malades mentaux où ils ont été torturés, plus de 268 membres sont morts en détention, ou à la suite de tortures policières.
Tout cela, après qu'une mention spéciale des Nations Unies condamnant les violations des droits de la personne en Chine, n'ait pas reçu assez de votes pour être adoptée à la réunion annuelle des droits humains des Nations Unies.
De plus, le 13 juillet dernier, le Comité International Olympique a officiellement choisi Pékin comme site organisateur des Jeux Olympiques d'été de 2008.
Évidemment, les grandes multinationales ont sauté de joie en même temps que les militants des droits de la personne réalisaient à quel point l'argent pouvait acheter le silence.
Que les Tibétains et les adeptes du Falun Gong soient victimes de tentatives d'extermination, a peu de poids comparativement aux possibilités que représentent un marché de plus d'un milliard de futurs consommateurs. L'humanité a perdu; l'argent et le néolibéralisme ont gagné.
Washington ne s'est pas prononcé à la grande satisfaction du gratin de Wall Street. Selon les estimations du New York Times, plus de 20 milliards $US seront investis pour la construction des installations sportives et le réseau de transport, en plus d'un autre 12 milliards $US pour dépolluer l'air et l'eau de Pékin.
On sait déjà que Procter & Gamble, le géant agroalimentaire, a versé 362 000 $US au comité olympique chinois, que Telstra, important groupe australien de télécommunication, a fourni équipements et aides diverses à ce comité, que Budweiser sera le commanditaire no. 1 de la délégation chinoise aux jeux d'Athènes et de Pékin, qu'Ericsson, Motorola, Siemens, General Motors et Volkswagen sont tous prêts pour les jeux et pour après.

Instinct de survie

Mais les membres du Falun Gong gardent espoir et continuent leur lutte quotidienne. " Il faut approcher les gens individuellement et leur faire comprendre ce qui arrive et ce qu'est vraiment le Falun Gong. " explique Jennifer Nadeau.
Jean Chrétien et son équipe (néo)libérale de Team Canada visiteront en octobre prochain le pays du massacre de la place Tian An Men et auront alors tout le loisir de parler des droits humains et du sort des membres du Falun Gong et des Tibétains.
Une chance inouïe (comme s'il n'y en avait pas eu assez) pour le gouvernement d'un pays de grande démocratie comme le Canada de condamner les gestes barbares et le despotisme du gouvernement chinois. À suivre…



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