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Les squatteurs en train de perdre la bataille de l'opinion publiquevieuxcmaq, Viernes, Septiembre 7, 2001 - 11:00 (Analyses)
Geneviève Gélinas (gengelinas@hotmail.com)
Définition d’un squatteur selon certains lecteurs du site web du Devoir : des « cancers sociaux », une « bande de fainéants », des « délinquants », ou encore « quelqu’un qui n’a pas droit au BS parce qu’il devrait être sous responsabilité parentale ». Au banc des accusés pour cet énorme malentendu : les médias « mainstream » et la propagande de la Ville. Mais les squatteurs doivent aussi faire le mea culpa de leur stratégie de communication avec les médias officiels. Une stratégie faite de méfiance qui, visiblement, ne fonctionne pas et est en train de leur faire perdre la bataille de l’opinion publique. Samedi soir, 1er septembre. Au bulletin de nouvelles de Radio-Canada, un reportage sur les squatteurs. Au menu, Pierre Bourque qui exprime son exaspération et un employé de la Ville qui s’indigne du « vandalisme » commis dans le Centre Préfontaine. Et les principaux intéressés, les squatteurs, où sont-ils? Le site est « interdit aux médias », nous apprend la journaliste. Résultat : on voit des images de la clôture qui entoure le site, des résidents du Centre Préfontaine filmés de loin, parfois masqués, et l’employé de la Ville qui peut à loisir parler de «graffitis, de chiens qui font leurs besoins n’importe où » et « d’entente non respectée », sans que les squatteurs n’y opposent leur version. On peut comprendre la crainte des squatteurs que les images des médias ne soient utilisées contre eux par la police. On peut comprendre leur volonté de protéger leur vie privée. On peut comprendre qu’un certain temps est nécessaire pour s’entendre sur une déclaration commune quand on fonctionne de façon consensuelle. Mais à la lumière des commentaires entendus dans les chaumières, il est évident que la stratégie de communication des squatteurs ne fonctionne pas. S’expliquer dans les médias alternatifs? Bonne idée, c’est un début. Reste que ce n’est pas par ce biais que la majeure partie des citoyenNEs s’informe. Et ce sont ces citoyenNEs-là justement que les squatteurs devraient chercher à rejoindre, plutôt que les lecteurs et lectrices « amiEs » du CMAQ et des autres publications alternatives, déjà vendus à leur cause. Les squatteurs (et le mouvement libertaire en général) ont senti la nécessité d’avoir recours à une stratégie à l’image de celles utilisées par les autres acteurs du jeu démocratique pour communiquer plus efficacement. Ils ont désigné des déléguéEs et organisé des conférences de presse. Cela parce qu’ils avaient l’impression que leurs idées et propos étaient mal exprimés dans les médias (au club des mal cités, savent-ils qu’ils se retrouvent en compagnie de tous les Chrétien, Landry et Charest de ce monde?). Autre initiative louable des squatteurs : leurs gestes de rapprochement envers les résidentEs du quartier Rosemont. Encore une fois, des délégués sont allés les rencontrer pour leur expliquer leur démarche, une fête de quartier a été organisée. Mais pensent-ils vraiment que leurs voisinEs vont se ruer au Centre Préfontaine lorsqu’ils viennent de voir des clôtures et des squatteurs masqués sur l’écran de leur téléviseur? Les résidentEs du quartier Rosemont ont la possibilité d’aller visiter eux-mêmes le Centre Préfontaine, de rencontrer les militantEs et de forger ensuite leur propre opinion, scénario idéal dans le meilleur des mondes. Mais la majorité de la population n’a pas le temps ou habite trop loin pour aller vérifier elle-même. C’est pour cette raison que les médias existent : pour être les yeux et les oreilles de la société (en restant dans le domaine de ce qui est d’intérêt public, bien sûr, et l’expérience anarchiste du Centre Préfontaine est certainement à ranger dans cette catégorie). Pour cette même société, quelqu’un qui refuse de parler aux journalistes, c’est quelqu’un qui a des choses à cacher. C’est d’ailleurs l’argument utilisé par les militantEs lors des réunions de l'OMC tenues derrière des portes closes. Le procès des médias officiels a déjà été fait, souvent avec raison, dans d’autres articles sur ce site. C’est tout de même par ces canaux que la grande majorité de la population s’informe. Les enjeux du logement social et la nature d’une expérience libertaire, les gens sont parfaitement capables de les comprendre. Reste qu’on doit le leur expliquer. Et les médias « mainstream » sont toujours, aux dernières nouvelles, les canaux de diffusion de l’information les plus fréquentés. Ce n’est pas en interdisant aux journalistes de ces médias l’accès au Centre Préfontaine qu’on pourra tirer profit de leur formidable potentiel pour rejoindre les citoyens et citoyennes. Le jeu de la transparence, les squatteurs doivent le jouer jusqu’au bout. Ce n’est qu’ainsi qu’ils pourront gagner la bataille de l’opinion publique. Sans cette victoire, leur acte de résistance n’aura pas servi à grand-chose. |
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