Nous sommes face à un vrai problème : la criminalisation des mouvements sociaux s'attaque tout particulièrement aux anarchistes. Ce sont eux qui sont désignés comme responsables de TOUS les débordements, de toutes les violences durant les manifestations de l'antimondialisation. D'où la quasi-légitimité de l'assassinat de Carlo Giuliani par les flics italiens.

De la réponse politique que feront les libertaires à cette attaque en règle dépendra l'avenir du mouvement. L'absence de réponse claire risque de signer le retour de "lois scélérates" dans de nombreux pays dits démocratiques, le retour à la clandestinité, notre éviction totale des médias "grand-public".

Ce sera encore l'impossibilité de manifester ou d'agir au grand jour sauf à se déguiser en rouge ou en vert.

Les stratégies d'action dont il faut user contre le duo Capital-Etat amènent à se positionner sans équivoque. Le problème n'est pas de savoir si telle action est ou non légitime, le problème n'est pas davantage éthique autour de la non-violence militante par exemple. On ne peut se voiler la face derrière l'enthousiasme et la sincérité ; il est peut-être temps d'écouter les Cassandre.

Nous sommes face à un vrai problème : la criminalisation des mouvements sociaux s'attaque tout particulièrement aux anarchistes. Ce sont eux qui sont désignés comme responsables de TOUS les débordements, de toutes les violences durant les manifestations de l'antimondialisation. D'où la quasi-légitimité de l'assassinat de Carlo Giuliani par les flics italiens.

De la réponse politique que feront les libertaires à cette attaque en règle dépendra l'avenir du mouvement. L'absence de réponse claire risque de signer le retour de "lois scélérates" dans de nombreux pays dits démocratiques, le retour à la clandestinité, notre éviction totale des médias "grand-public".
Ce sera encore l'impossibilité de manifester ou d'agir au grand jour sauf à se déguiser en rouge ou en vert.

Cette attaque a avant tout des raisons politiciennes. C'est que la contestation internationale plus ou moins radicale sent la présence importante des libertaires de tous poils dans ses rangs. Pour tous les autoritaristes, ces alliés sont aussi un danger, d'où les déclarations ordurières de la nomenklatura d'ATTAC ou des Tute Bianche contre les Blacks Blocs et les anarchistes visant à désigner un bouc-émissaire.

Cette désignation arrange justement aussi les gouvernements pour qui il est important de dénoncer un groupe de "méchants", même si en échange ils vont être contraints d'accorder une part de légitimité à la contestation anticapitaliste la plus institutionnalisée. La stratégie des Rouges (même déguisés en antimondialistes) a toujours été la même : se servir des anars
comme alliés, s'en débarasser quelqu'en soit la manière le moment venu. Il est flatteur de penser que malgré nos misérables moyens et notre nombre réduit, ces faux amis nous considèrent comme dangereux pour la réalisation de leurs desseins.

Le handicap dont profitent nos ennemis politiques (la droite et la gauche jusqu'aux extrêmes) est plus la quasi absence de communication que le manque d'unité. Certes, tous les grands médias sont pourris par le Capital, mais ce ne sera pourtant pas avec la publication de nos brochures qui ne touchent même pas le dixième de ceux qui reconnaissent l'anarchisme comme leur idéal que nous expliquerons notre point de vue ni aux camarades ni au prolétariat ; surtout si elles se font interdire. La grande majorité des libertaires n'est ni engagée, ni militante (pas forcément par individualisme d'ailleurs). Ce fait de société ne changera pas après Gênes ni après le prochain sommet.

Si les journalistes écrivent n'importe quoi ce n'est pas seulement parce qu'ils sont d'infâmes agents du pouvoir, ils rapportent ce qu'on leur dit et comme les libertaires, par méfiance, ne leur parlent pas, ce sont leurs ennemis politiques qui racontent. Le nihilisme de certains anars qui s'en prennent stupidement aux journalistes dans les manifs n'arrange rien..

La violence dans les rassemblements anti-mondialisation est mise toute entière sur le dos des terrifiants Blacks Blocs et des anarchistes. Nous savons tous que cela est faux. Même si les anarchistes ne sont pas généralement les plus calmes des manifestants ce ne sont pas davantage tous des lanceurs de pavé, ni les seuls. Bien souvent les plus violents parmi le black bloc ne sont pas membres d'orgas, ils sont - et c'est légitime - indépendants ; pourtant c'est sur les orgas que risque de retomber le couperet de la loi.

Il n'est pas question de condamner la violence, ci ce n'est peut-être certains débordements (attaques de petits commerces, de modestes voitures particulières, de journalistes...) qui sont assez rares. Ce même si je considère que le message à adresser aux flics est plutôt de ne plus obéir à leur maître que des cocktails molotovs.

Il est par contre très important que les orgas communiquent pour appeller à manifester, aussi pacifiquement que les orgas non-libertaires ; en condamnant les violences dues à des provocateurs. Ce qui n'exclut pas d'affirmer sa solidarité avec ceux qui, face à l'injustice de la répression en sont venus aux mains. Il faut rappeller enfin que les anarchistes ne cassent pas aveuglément tout ce qui leur tombe sous la main mais ne s'en
prennent qu'aux symboles du Capital et de l'Etat (banques, voitures de riches, prisons...)

Peut-être que le pire est à craindre si cette communication avec le monde des non-militants (à vue de nez 99,999% de la population) ne se fait pas et que nous laissons les gouvernements et les réformistes rouges monopoliser la parole publique !

Tuttle

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