À propos du rapport de la Commission d'enquête sur l'APEC

Publication: LML QUOTIDIEN VOL. 31 NO. 139
DATE: 8/13/2001

Titre: Criminalisation de la dissidence sous couvert de
«professionnalisme» et de «planification»
Le rapport de la Commission d'enquête sur l'APEC présidée par
l'ancien juge Ted Hughes rendu public le 6 août contient les
témoignages de 151 personnes et plus de 40 000 pages de
procès-verbaux. Un total de 710 pièces ont été déposées et
jusqu'à présent cette enquête a coûté 10 millions $.
Les médias font grand cas du «blâme sévère» adressé à la GRC
dans ce rapport. On lit dans le rapport que la GRC «n'a pas été à
la hauteur des standards acceptés et attendus de compétence et de
professionnalisme» et que «la conduite de certains policiers a
contribué à donner l'apparence d'une répression policière» alors
qu'«en réalité» cette conduite «était le résultat direct d'une
action inadéquate de la police».
Comme exemple, le rapport cite les images largement
diffusées sur les toutes les chaînes de télévision du sergent
Hugh Stewart, surnommé «Sergent Pepper», arrosant de jets de
poivre de Cayenne les manifestants et les journalistes en train
de se retirer à l'entrée de l'Université de Colombie-Britannique.
«Dans toute la suite des événements examinés dans ce rapport, les
insuffisances de la planification et des mesures de sécurité
prises par la police pour la sécurité des chefs d'État à cette
conférence ne sont aussi flagrantes» que lorsque la GRC «a
réalisé que toutes les voies de sorties avaient été bloquées et
qu'elle n'avait pas de plan d'urgence pour répondre à cette
crise. L'arrosage inutile de poivre des manifestants est le
résultat direct de ces insuffisances.»
Une bonne partie du rapport traite des «insuffisances» de la
GRC et contient de nombreuses recommandations pour améliorer la
«planification», la «compétence» et le «professionnalisme» de la
GRC. Les recommandations du rapport vont des modifications de la
structure de commandement de la GRC à un manuel de politiques de
formation et l'«éducation juridique» des policiers.
Ce n'est pas sans raison que les médias monopolisés ont déjà
commencé à commenter dans leurs éditoriaux que les
recommandations de ce rapport sont dépassées parce que les
différents corps policiers les ont déjà adoptées. Dans un
éditorial, on donne comme preuve de cela la conduite de la police
lors des Journées d'action de Québec au moment du Sommet des
Amériques en avril. «À Québec, lit-on, la planification était
méticuleuse.» On cite les «observateurs civils» de la police selon
qui la «police a fait preuve de patience et de stoïcisme». On lit
en conclusion de cet éditorial: «Le comportement louable des
policiers à Québec montre que les forces de police canadiennes
ont déjà tiré les leçons des erreurs de Vancouver.»
Toutes les tentatives des médias monopolisés pour justifier
la répression politique et la criminalisation de la dissidence
entourant les journées d'action de Québec ont lamentablement
échoué. Ils cherchent maintenant à faire accepter, et
présentent comme «louable», la militarisation de toute une ville,
la présence de 6 000 policiers armés de matraques, de grenades de
gaz lacrymogènes, de balles de plastiques, de matraques
électriques, l'arrestation de centaines de personnes,
l'emprisonnement de dirigeants sous des accusations fabriquées,
des conditions de détentions brutales et les conditions de
libération arbitraires parce qu'étant le résultat d'une
«planification méticuleuse» appliquée avec «patience» et
«stoïcisme».
Depuis la Conférence de l'APEC, la police canadienne
perfectionne les méthodes de répression des opinions politiques
des travailleurs, des femmes et des jeunes du Canada. De
Vancouver à Windsor et à Québec, l'État canadien s'est livré
systématiquement à des démonstrations de répression contre-
révolutionnaires au Canada et à l'étranger. Ainsi, l'État
canadien est en voie d'élaborer la «planification méticuleuse» de
la répression des opposants au sommet du G8 l'an prochain en
Alberta et également des luttes des travailleurs et des masses
populaires dans tout le pays. Le fait que le gouvernement du
Canada, ses forces policières et les médias aient entrepris de
criminaliser ceux qui exercent leur droit de prendre des
positions politiques montre la nécessité d'intensifier la lutte
pour le renouveau.