Les terres Mapuches furent envahies à la fin du siècle dernier par l'armée chilienne. Avec les dernières technologies militaires de l'époque, les Chiliens écrasèrent les foyers de résistance de l'Araucania, étendant la nation chilienne de Arica à Punta Arena. Des milliers de mapuches trouvèrent la mort en ces circonstances, et l'invasion de leurs terres ancestrales se poursuit aujourd'hui sous la main avare de l'entreprise privée.

La Charte des Droits et Libertés affirme que tout les peuples ont droit à leur autonomie et autodétermination.... Pourtant cette affirmation insinue que des centaines de peuples à travers le monde voient ce droit quotidiennement violé depuis des siècles.

En ce qui concerne le peuple Mapuche, il sut conserver son indépendance territoriale jusqu'au siècle dernier, il sut résister l'invasion tant des Incas, comme des Espagnols. Cette force de résistance était principalement dûe au type d'organisation sociale du peuple Mapuche.

Organizé en plusieurs communautés autonomes, les multiples lonkhos (lonkhos -têtes-: dirigeants communales) se coordinaient pour faire front à l'envahisseur. L'inexistence d'une direction politique centrale occasionnait confusion, les envahisseurs pouvaient lutter contre certaines communautés, mais jamais ils ne vaincraient la résistance qui s'organisait de forme autonome dans chaque communauté. Jamais ils ne pouvaient tuer un chef suprême qui leur aurait permit de soumettre le peuple entier...

Pourtant la technologie les rattrapa... lorsque, suite à l'indépendance, les chiliens s'armèrent avec les capitaux anglais pour gagner les territoires du salpêtre au Nord, après leur victoire dans la guerre qui fut dite du "pacifique", ils déplacèrent directement leur troupes vers le sud, dans une opération qui s'appela "pacification de l'Araucania".

Les terres Mapuches, jusqu'alors respectées au sud de la rivière Bio Bio, furent donc envahies à la fin du siècle dernier par l'armée chilienne. Avec les dernières technologies militaires de l'époque, les Chiliens écrasèrent donc les foyers de résistance de l'Araucania, étendant la nation de Arica à Punta Arena. Des milliers de mapuches trouvèrent la mort en ces circonstances, et l'invasion de leurs terres ancestrales se poursuit aujourd'hui sous la main avare de l'entreprise privée.

La dictature militaire condensa un processus de privatisations des forêts natives qui se poursuit aujourd'hui avec la nouvelle "démocratie". Les Araucarias, arbres ancestraux dont les fruits constituent l'alimentation de base du peuple Mapuche, furent massivement rasés. Les entreprises remplacèrent les Araucarias, qui n'atteigne leur maturité qu'après plusieurs années, par des pins et des eucalyptus, qui grandissent plus vite. Pourtant, les sols régionaux n'étant pas fait pour ce type de végétation, la terre s'apauvrit, amenuisant les possibilitées de croissance d'Araucarias et de vie traditionnelle pour les Mapuches.

En 1996, face à la menace de la centrale hydro-électrique Ralco, les droits du peuple Mapuche passèrent au premier plan. De quel droit allait-on chasser un peuple de ses terres ancestrales? Au nom du progrès du Chili? Mais à quoi leur servait ce progrès? L'année suivante, les Mapuches passèrent à l'action, occupant plusieurs terrains d'entreprises forestières coupables de la dégradation de leur milieu naturel. C'est aussi au cours de cette même année que un groupe Mapuche brûla trois camions de Forestal Arauco (de l'entreprise Angellini), suite à quoi le gouvernement applica la loi de Sécurité Intérieure.

C'est dans ce contexte que la Coordinadora Arauco-Malleco commença a faire parler d'elle. Suivant la logique organisationnelle traditionnelle Mapuche, la Coordinadora se concentra, dès ses débuts, à coordonner entre elles les résistances de plusieurs communautés disperses. Revendiquant avant tout l'indépendance et l'autonomie du peuple Mapuche, la Coordinadora se différencie de toutes les institution légales, telle la CONADI et les ONG, qui avaient jusqu'alors le monopole des revendications Mapuches pour l'amélioration de leurs conditions de vie. Plus qu'une quelconque charité, la Coordinadora revendique la dignité comme peuple, la récupération de leur identité culturelle comme de leurs terres ancestrales.

Présentement, la Coordinadora Arauco-Malleco vit un processus de transformation, car bien que les conflits se poursuivent sur plusieurs terrains occupés, une unité au sein du peuple Mapuche devient indispensable. Il est aujourd'hui nécessaire de revaloriser l'identité Mapuche, si intensément souillée par le racisme de la société chilienne. Apporter aux nouvelles générations une conscience claire de leur histoire, des conditions présentes, et de la longue route de construction qui leur reste à parcourir.