«Le coût humain de la guerre au Congo a été peint dans des termes apocalyptiques, pire que tout ce qu’on a vu dans un conflit en Afrique», affirme The
Washington Post, le 30 avril 2001.1 On se rappelle les enfants squelettiques
du Biafra dans les années 60, les milliers de bébés osseux aux yeux démesurés d’Ethiopie en 1984, les petits cadavres sans poids de Somalie début 1990. Et
bien, l’apocalypse congolais est pire encore.
Cette fois-ci, les télévisions, aux mains des multinationales, n’ont pas organisé de grands shows pour récolter des millions de francs. Parce que les
multinationales ont intérêt à ce que cette guerre continue.
Dans certaines régions, trois bébés sur quatre meurent avant deux ans…
«Le coût humain de la guerre au Congo a été peint dans des termes apocalyptiques, pire que tout ce qu’on a vu dans un conflit en Afrique», affirme The
Washington Post, le 30 avril 2001.1 On se rappelle les enfants squelettiques
du Biafra dans les années 60, les milliers de bébés osseux aux yeux démesurés d’Ethiopie en 1984, les petits cadavres sans poids de Somalie début 1990. Et
bien, l’apocalypse congolais est pire encore.
Cette fois-ci, les télévisions, aux mains des multinationales, n’ont pas organisé de grands shows pour récolter des millions de francs. Parce que les
multinationales ont intérêt à ce que cette guerre continue.
Au Congo, il y avait un gouvernement nationaliste, dirigé par un type qui ressemblait à Lumumba, celui que nos gouvernants ont tué, coupé en
morceaux, dilué dans l’acide. Ses idées d’indépendance faisaient peur aux
hommes d’affaires belges qui entassaient des milliards grâce au cuivre, au cobalt et aux diamants du Congo…
Mais beaucoup de Congolais sont restés fidèles à ses idéaux, comme Mulele et Kabila. Le premier fut coupé vif en morceaux. Kabila seul a traversé le désert du mobutisme. Et il a fini par chasser le dictateur grâce à un mouvement populaire insurrectionnel.
Laurent-Désiré Kabila voulait que les immenses richesses du Congo profitent
à ses 55 millions d’habitants. C’était intolérable pour nos multinationales qui
comptent sur l’or, le cuivre, le cobalt, le tantalium, le nobium, l’uranium, le
diamant du Congo pour faire les bénéfices nécessaires à leur survie au XXIe
siècle…
Le International Rescue Committee (IRC), basé à New-York, écrit que le
nombre de morts à l’Est du Congo «avoisine maintenant les 3 millions». J’ai
écrit que l’agression américano-rwando-ougandaise au Congo avait causé
3.500.000 de morts2. Examinons les chiffres du rapport de l’IRC de plus près.
Les Roberts, qui avait déjà dirigé l’enquête de l’IRC du mois de mai de l’année
passée, déclare: «Nous avons alors estimé le nombre de morts à 1.700.000.
Mais les estimations étaient trop basses».
Au moins 3 millions de morts à l’Est
L’an dernier, Roberts avait estimé que le nombre excédentaire de morts à l’Est
était de 3.000 par jour, soit 90.000 par mois. Selon ces calculs, cela nous
amènerait aujourd’hui à 2.700.000 morts. Mais Les Roberts estime que ses
chiffres de mai 2000 étaient trop bas. S’ils étaient 10 % trop bas, cela nous
donne aujourd’hui 3.000.000 de morts, rien qu’à l’Est.
Avec les conditions de survie qui ne cessent de s’aggraver à cause de la
guerre, la mortalité doit encore avoir augmenté depuis un an. Des études
réalisées l’année passée dans la région de Moba ont montré que presque 50
% des nouveaux-nés meurent avant leur première année. Les Roberts trouvait
cela si terrible qu’il a réduit ce pourcentage lorsqu’il a fait l’extrapolation pour
toute la province du Katanga occupé. Mais une étude récente montre que la
situation est pire encore: dans le district de Kalémie, trois enfants sur quatre
meurent avant deux ans!
En mai 2000, le nombre annuel «normal» de décès au Congo était de 1,8% de
population congolaise augmentait encore de 3% par an. Les naissances
atteignaient donc 4,8%.
2,5 fois plus de morts que de naissances
Merlin, une organisation humanitaire anglaise, a calculé, en janvier 2001, que
dans le district occupé de Kalima, au Maniema, dictrict relativement paisible, il
y avait 2,5 fois plus de morts que de naissances. A cause de la guerre, le taux
de naissances peut avoir chuté de 25 %; il serait alors tombé de 4,8 % à 3,6%.
S’il y a 2,5 fois plus de morts que de naissances, le taux de mortalité se situe à
9%. Un chiffre terrifiant qui nous mène bien au-delà des 3.000.000 de morts, et
cela uniquement dans l’Est du pays.
Les Roberts donne encore un autre élément indiquant que ce chiffre est
dépassé. Sa méthodologie a été jugée très rigoureuse par des responsables du
gouvernement américain. N’y a t-il pas possibilité d’erreurs? «Certainement»,
affirme Roberts, «mais des erreurs de sous-estimation. L’année passée, nous
avons trouvé que les régions les plus éloignées avaient les taux de mortalité
les plus élevés. Je suis sûr qu’il y a une auto-sélection qui rend les chiffres
plus bas, parce que je suis un lâche…»
Dans les territoires congolais libres, la malnutrition et les maladies font aussi
des ravages. Le taux de mortalité y a également fortement augmenté. S’il n’a
augmenté que de 10% par rapport au taux constaté à l’Est, cela équivaut à un
surplus de morts évalué entre 300.000 et 400.000. Pour l’ensemble du Congo, il
s’agit d’un génocide américain de 3.500.000 morts. Un génocide jamais vu en
Afrique.
Les Roberts affirme que des taux de mortalité semblables à ceux constatés au
Congo, ont été vus au Libéria, en Somalie: «Mais cela ne durait que deux ou
trois mois, parce qu’il y avait l’une ou l’autre intervention. Au Congo, les taux
extrêmement élévés de la mortalité se poursuivent depuis déjà 32 mois.»
Claude Jibidar, du Programme Alimentaire Mondial (PAM), affirme que
380.000 habitants du Kivu ont été chassés de leur maison, pour la plupart
dans les forêts. «Vous n’arrivez pas à les voir. Vous verrez seulement les
cadavres.» Le PAM avait demandé une aide de 110 millions de dollars (5
milliards de francs) au mois de janvier. Mais les pays riches n’ont apporté
qu’un tiers de ce montant… L’UNICEF avait demandé 15 millions de dollars
(680 milliards de francs) pour des médicaments pour enfants. Elle n’a reçu
que10 % de ce montant.
1 Tous les chiffres et citations: Washington Post Foreign Service, Karl Vick,
April 30, 2001, p. 101: Death Toll in Congo War May Approche 3 million • 2
Entre autres dans le Solidaire du 9 mai 2001.
Des médicaments et une caméra pour le Congo
• Médecine pour le Tiers monde a entrepris une action humanitaire appelée
Médicaments pour le Congo. L’organisation récolte du soutien financier ainsi
que des médicaments. Pour plus d’informations, contactez Médecine pour le
Tiers monde, 68 rue de la caserne, à 1000 Bruxelles. Tél: 02/504.01.40, fax:
02/513.98.31, e-mail G...@ngonet.be. Le soutien financier peut-être versé sur
le n° de compte 001-1951338-18 de Médecine pour le Tiers monde à Bruxelles,
avec mention ‘Médicaments Congo’. Pour tout don à partir de 1.000 francs,
vous recevez une attestation fiscale.
• Pour réaliser des reportages, nous voulons envoyer une caméra à Kinshasa.
Prix: environ 100.000 francs. Vous pouvez verser votre soutien au n° de
compte 001-1151486-75 du PTB à Bruxelles, avec mention ‘Caméra Kinshasa’.
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