26 personnes arrêtées suite aux protestations de novembre 2000 à l'École des Amériques de l'armée américaine (SOA) à Fort Benning, Géorgie

Publication: LML QUOTIDIEN VOL. 31 NO. 091
Date: 6/5/2001 (MM/DD/YY)

Titre: International: Criminalisation des opposants à l'école des Amériques

Le 23 mai, 26 personnes arrêtées en connexion avec les protestations de novembre 2000 à l'École des Amériques de l'armée américaine (SOA) à Fort Benning, Géorgie, ont été inculpées par la cour fédérale des États-Unis. La majorité des condamnés ont reçu des peines d'emprisonnement extraordinaires: un total de 12 ans. Les peines varient entre deux mois de probation jusqu'à une année de prison assorties d'amendes allant de 500$ à 3 000$.

Vingt activistes ont été condamnés à six mois dans un pénitencier fédéral. L'âge des condamnés varie entre 19 et 88 ans (Dorothy Hennesey, une religieuse Franciscaine qui a reçu une sentence de six-mois).

La plupart des activistes ont accepté de se présenter volontairement et attendent maintenant l'ordre de se rapporter à un pénitencier fédéral. Trois activistes ont refusé, déclarant que c'était un geste de solidarité avec ceux à qui on n'avait pas donné le choix. Ceux-ci ont été emprisonnés sur le champ. Ils rejoignent en prison Charles Liteky qui s'y trouve depuis le 31 juillet 2000 pour avoir manifesté contre la l'École des Amériques.

Les 26 de la SOA, comme on les appelle maintenant, ont été accusés et condamnés pour avoir violé les conditions d'interdiction qu'ils avaient reçues suite à leur participation à des actions de désobéissance civiles antérieures. En novembre dernier, ils ont marché en procession avec 3 400 autres manifestants sur Fort Benning. Cette base est le siège de l'École des Amériques, récemment rebaptisée l'Institut de l'hémisphère occidental pour la coopération de sécurité (WHISC), dans un effort pour dissocier cette école de son passé de violence. Le comité de surveillance de l'École des Amériques (SOAW) rappelle qu'en 55 ans d'histoire, la SOA a formé et entraîné plus de 60 000 militaires d'Amérique latine. Elle continue chaque année à entraîner des centaines de militaires dans les méthodes de luttes «contre-insurrectionnelles», de commandos, de pose de mines antipersonnelles, de renseignements militaires et de guerre psychologique. Comme l'explique la SOA, des centaines de milliers de personnes en Amérique latine ont été torturées, violées, assassinées, ont disparu, ont été assassinées ou forcées de se réfugier dans des camps par ceux qui ont été entraînés à l'École des Amérique. Le SOAW a affiché la documentation de ces crimes sur le site web: www.soaw.org.

Lors de leurs procès, les 26 de la SOA ont transformé leur audiences en un procès de l'École des Amériques, de l'armée américaine et de l'impérialisme américain. Plusieurs sont venus affirmer qu'ils avaient été témoins des atrocités commises par les militaires soutenus et entraînés par les États-Unis. L'un d'eux a expliqué que dans un rapport sur les violations des droits humains commises par 240 militaires de l'armée colombienne, 147 étaient des diplômés de la SOA.

En réponse à la question du juge sur la fermeture de la SOA et de sa réouverture sous le nom de WHISC, tous ont répondu qu'il s'agissait d'un changement superficiel. Un activiste a dit: «Changer de nom n'est pas la réponse. La seule réponse doit être la fermeture définitive de la SOA et la fin de la domination de l'impérialisme américain en Amérique latine et dans le monde».

Tous les activistes ont tour à tour affirmé que ces condamnations n'auraient aucun effet sur la résistance à la SOA et que l'opposition continuerait de grandir. Un activiste de 21 ans de Washington a terminé sa déclaration finale devant le tribunal en ces termes: «Je refuse de me laisser intimider». Pour confirmer sa déclaration, d'autres actions de désobéissance civile ont eu lieu à Fort Benning au moment du prononcé des sentences et 11 autres personnes ont été arrêtées. Cinq autres activistes ont tenté de livrer une lettre d'injonction au nouveau directeur du WHISC, le colonel Richard Downie. La lettre dit que l'École a «dépassé les limites» de la décence humaine et qu'il lui était interdit d'enseigner des techniques de torture, d'assassinat et de contre-insurrection. Elle dit de plus que l'École était interdite à cause de ses crimes contre l'humanité et portait la signature: «Le peuple».