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Violences en Kabylie, à la découverte des Kabyles de Montréalvieuxcmaq, Miércoles, Mayo 30, 2001 - 11:00 (Analyses)
Bertrand Vagnon (vagnonb@magellan.umontreal.ca)
Les émeutes se poursuivent en Kabylie, région du nord-est de l’Algérie. Depuis le 18 avril, et la mort de Massinissa Germouth, 18 ans, dans un poste de gendarmerie, les rues de Tizi Ouzou, capitale de la Grande Kabylie, ressemblent à celles de Gaza en Palestine. La société civile kabyle est ulcérée par la misère et par la négation de son identité culturelle. Les émeutes se poursuivent en Kabylie, région du nord-est de l’Algérie. Depuis le 18 avril, et la mort de Massinissa Germouth, 18 ans, dans un poste de gendarmerie, les rues de Tizi Ouzou, capitale de la Grande Kabylie, ressemblent à celles de Gaza en Palestine. Les jeunes lancent chaque jour des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre qui répliquent en tirant pour tuer. La société civile kabyle ( d’origine berbère et non arabe) est ulcérée par la misère et par la négation de son identité culturelle. « Madame Zerar, pourquoi la Kabylie s’embrase-t-elle ? - Tout d’abord, la population kabyle ne supporte plus la négation de sa langue, le berbère, et de sa culture. La langue berbère, malgré les colonisations successives, a survécu durant des siècles, grâce à la tradition orale. Le pouvoir d’Alger, malgré les déclarations officielles, interdit toujours l’usage de cette langue. Par exemple, il n’y a pas de programme berbérophone au Baccalauréat. Et depuis 1962, tous les intellectuels, poètes et chanteurs berbérophones ont été écartés de la culture nationale algérienne. Et le gouvernement, qui a épuisé toutes les recettes pour se maintenir, ressort aujourd’hui le mythe du kabyle opposé à la nation algérienne. Rien n’est moins vrai. Si les Kabyles sont Berbères, ils sont profondément Algériens. C’est parce que l’on s’épanouit dans sa région que l’on aime passionnément son pays. - Face à ce malvivre, quelle est l’alternative pour la population ? - L’immigration, malheureusement, apparaît pour beaucoup comme la solution, surtout pour les jeunes. Ils ont connu la guerre et maintenant, malgré leurs diplômes, ils ne vivent que la misère. Alors, ils partent, d’autant qu’ils idéalisent l’étranger. La destination finale est de plus en plus le Canada, surtout depuis que l’Europe a fermé ses frontières. Mais l’exil n’est jamais un choix. C’est toujours une nécessité. Moi, j’étais en danger. Je vivais la mort au quotidien. Pour mes enfants, je devais quitter ma terre natale. La violence était omniprésente. Un jour, ma sœur est rentrée du marché. Un quart d’heure après, une bombe explosait à l’endroit même où elle avait fait ses courses. Peut-on vivre dans ces conditions? - Comment se passe l’intégration des immigrants kabyles à Montréal? - Comme tout immigrant, au début les choses sont difficiles. L’exil est un processus de deuil. C’est l’une des expériences les plus douloureuses de l’humanité. Pendant un an ou deux, on est en colère, on refuse cette situation. Puis on se jette dans la bataille, on renaît peu à peu. Il faut se réinventer un quotidien. Personnellement, j’ai redécouvert les sorties au parc avec mes enfants. Mais pour certains immigrants c’est plus difficile. Il y a beaucoup de détresse. D’ailleurs, l’aide psychologique est un objectif essentiel de notre association. Dans les cas les plus extrêmes, nous organisons des collectes d’argent pour payer le rapatriement en Algérie. |
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