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L'après-sommet de Québec : lettre ouverte à Philippe Duhamel

vieuxcmaq, Miércoles, Mayo 23, 2001 - 11:00

Jean Horace-Opporoutz (lampions@hotmail.com)

Analyse critique, sous forme de lettre ouverte à M. Philippe

Duhamel de SalAMI, des positions de désolidarisation quant à

certaines pratiques d'opposition politique tenues par

plusieurs porte paroles et militants dans la foulée du Sommet

de Québec.

L'après-sommet de Québec : lettre ouverte à Philippe Duhamel,

Résumé :

Analyse critique, sous forme de lettre ouverte à M. Philippe

Duhamel de SalAMI, des positions de désolidarisation quant à

certaines pratiques d'opposition politique tenues par

plusieurs porte paroles et militants dans la foulée du Sommet

de Québec.

« In a great democracy like Canada we have the ability

to allow peaceful protest as part of the process »

-- Lynn Myers, secrétaire parlementaire du Solliciteur

général du Canada, ex-directeur de la police de Waterloo

(CounterSpin, CBC, mai 2001)

Monsieur,

La présente lettre est certes opiniâtre mais elle est tout autant une

interpellation visant à communiquer un contenu de réflexion. En un mot,

c'est une intervention intellectuelle qui, par sa rhétorique autant que

son contenu, vise à vous reprocher tout court de ne pas avoir pensé de

manière sérieuse notre situation commune de militants, comme il vous

incombait. Pourquoi pouvons-nous vous demander d'être plus conséquent

intellectuellement, vous l'activiste plus souvent qu'autrement appelé à

prendre des décisions pragmatiques ? C'est que vous êtes aussi quelqu'un

qui accepte volontiers de livrer ses idées dans les mass media. Et votre

situation n'est plus alors celle de l'activiste qui offre deux ou trois

conseils à l'attention de celui qui veut résister passivement à une

arrestation, mais bien celle d'une personne à qui l'on demande de

légitimer de manière plus réflexive ce au nom de quoi elle pose des

actes illégaux. Le problème tient pour nous dans le fait que dans vos

plaidoyers massmédiatiques, vous optez pour la voie facile du moralisme

anti-violence qui n'a pour effet que de soumettre d'autres formes de

militance aussi politisées que la vôtre à une réputation d'illégalité

aggravée en regard de la résistance passive. Conséquemment, malgré tous

vos efforts, votre activisme n'apparaît plus d'abord comme étant mû par

une conviction pacifiste, mais comme une expression modérée et

respectable d'illégalisme. Lorsque tout est ainsi laminé par l'idée que

le moins illégal est préférable au plus illégal -- et qu'en sus, votre

moralisme laisse croire que le plus illégal est nécessairement plus

irresponsable, tout débat sur la dialectique de l'opposition politique

se trouve exclu. Vous nous direz que vous n'êtes pas un dialecticien :

nous vous répondrons que là est votre irresponsabilité. À chaque fois

que vous parlez de la violence et que vous en faites le synonyme de

l'excès impardonnable, et que vous pensez ne parler que du point de vue

de la force tranquille de votre vertu, vous jouez en fait le jeu du

légalisme : dans le cadre de votre assumance de l'illégalité, vous

inventez alors la loi de la non-violence qui vous permet de transformer

la militance de résistance passive en croisade préventive contre les

militants qui ont choisi des stratégie plus musclées. La goutte qui a

fait déborder le vase pour nous fût votre intervention à l'émission

radiophonique de Michel Lacombe du samedi 28 avril, où vous vous êtes

non seulement montré mesquin à l'égard de la mobilisation inespérée

contre la ZLEA dont la ville de Québec fut le théâtre, mais où

finalement vous avez vous-même fait étalage des limites de vos tactiques

et, en dernière instance, des lacunes de votre analyse.

Votre mesquinerie s'est exprimée dans le fait que votre analyse

embryonnaire de ce qui s'était passé à Québec a cédé rapidement le pas à

vos spéculations imaginatives sur ce qui aurait pu arriver si vous aviez

été désigné organisateur d'un festival de désobéissance civile de masse.

Nous sommes estomaqués du fait que vous ne soyez pas capable de regarder

la réalité en face : la mobilisation de Québec est celle que vous devez

accepter parce qu'elle est le fruit d'une forme de mouvance sociale.

Mais avant de pouvoir regarder la réalité en face, il faut souvent

travailler sur soi-même. Nous allons vous aider un peu. En l'occurrence,

nous croyons qu'il faudrait perdre cette naïveté qui vous fait croire

que votre pacifisme vous met à l'abri de la mauvaise foi politiquement

motivée de nos adversaires. Car en effet, ce n'est pas vous qui allez

ultimement décider si vos agissements sont violents ou non-violents. La

présomption juridico-policière selon laquelle Jaggi Singh était un

artilleur potentiel est exemplaire à cet égard. La leçon que l'expert

criminologue -- Jean-Paul Brodeur -- a voulu vous donner lors de

l'émission radiophonique à propos de votre fantasme de corvée de pinces

le long de la clôture relève de la même logique. C'est l'État et la

police -- et plusieurs alliés discrets comme Brodeur qui, malgré son

hésitation à juger la police sous couvert de réserve d'expert, a affirmé

de manière définitive l'inutilité d'une enquête publique sur les

agissements de la police -- qui, au nom de la sécurité civile, en sus de

l'usage « légitime et exclusif » de la violence, s'arrogent le privilège

d'invoquer tactiquement le « danger appréhendé » à la mesure de

l'ampleur imprévue de la mobilisation politiquement significative. Il

est heureux de savoir que vous avez reconnu le caractère politique de

l'arrestation de Singh en signant la pétition en faveur de sa libération

provisoire. Mais pourtant, vous n'avez pas trouvé l'occasion de voir la

portée politique du verbiage de Michel Lacombe qui, lors de l'émission,

a tranché la querelle de chiffres entre la police (bien représentée par

M. Brodeur) et les syndicats (ainsi que d'autres groupes d'activistes

politiques) à propos de la mobilisation en invoquant l'aveuglement

subjectif de part et d'autre. Vous avez manqué l'occasion de demander

pourquoi la police, qui prétendument ne fait pas de répression politique

mais plutôt du travail professionnel de contrôle des foules, aurait

intérêt à maintenir qu'il y avait 30 000 personnes plutôt que 60 000 le

samedi du Sommet ? Ne serait-il pas normal qu'en tant qu'institution

professionnelle désintéressée, la police affirme fièrement qu'elle a

contribué à contrôler 60 000 personnes plutôt que 30 000 ? Quoi qu'il en

soit, nous ne sommes pas sûrs que vous tirerez les conclusions qui

s'imposent pour vos propres actions et pour vos interventions

massmédiatiques. C'est pourquoi nous allons encore insister un peu.

Il faut comprendre que votre conscience morale de pacifiste n'a rien à

voir a priori avec la portée politique éventuelle des arrestations que

vous choisissez de subir. C'est une conjoncture complexe dépendant

entres autres des visées de l'appareil juridico-policier qui permet

qu'une arrestation ait éventuellement une signification politique. Vos

chorégraphies de désobéissance civile passive qui culminent paisiblement

dans les bras de la police, laquelle participe du coup à ce grand

ballet, ne sont politiques que pour l'idéaliste en vous. Vos actions

n'ont certes pas toujours été stériles, mais cela ne dépendait pas de

votre vertu. Quand vos actions ont été efficaces, c'est parce que la

société qui se représentait comme société pacifiée fut surprise de voir

que des gens pouvaient être arrêtés parce qu'ils défendaient des idées.

Mais à part vous-mêmes, les résistants passifs et tout ceux qui ont le

fantasme d'en être (ils ne sont pas si nombreux, et vous le savez quand

vous affirmez sur le ton de l'entrepreneur que les syndicats ont manqué

le virage de la désobéissance civile), personne n'a vraiment pensé que

ce fût la paisibilité de votre ardeur, votre force tranquille, qui avait

une portée politique. On a bien sûr admiré votre courage -- le « making

of » filmique de l'action de Salami nous en a donné l'occasion -- mais

ce n'est finalement que la seule surprise contextuelle de l'arrestation

massive de gens simplement assis dans la rue au sein d'une société

pacifiée qui a eu une signification politique.

Voici où nous voulons en venir : c'est chaque fois l'explicitation des

tactiques d'intimidation terroriste de la police, c'est-à-dire la

puissance calculatrice spécifique que lui confère son monopole d'usage

de la violence, qui a immédiatement une signification politique autant

d'ailleurs lors de vos meilleures actions que lors de celles du sommet

des Amériques dont vous boudez la réussite. Vos actions pacifiques, si

elles ont une quelconque efficacité, ne l'ont d'abord que par le sens

inattendu qui en émerge lorsque sont déployées les forces démesurées de

la police. Vos actions comme les actions dites violentes, qu'elles

soient tactiques ou même simplement expressives, sont marquées par une

asymétrie essentielle par rapport au moyen de la police. L'occupation

passive, le bris de la vitrine ou l'assaut à l'égard de la police, ont

tous une portée politique quand la police contribue par ses actions à

expliciter le conflit politique que l'état de nos « démocraties » dénie

par lui-même. La police n'est pas qu'une institution saine pervertie par

un penchant malheureux des hommes. Sa violence est le symptôme de la

ténacité du cynisme barbare de ceux qui ne cessent de nous parler de

démocratie tout en ordonnant de matraquer et gazer les citoyens qui

s'opposent de manière légitime. On entend souvent de votre bouche, ainsi

que de celle de Françoise David et d'autres consciences apaisées par

l'espérance idéaliste, qu'il est hors de question d'opposer à la «

violence institutionnelle » quelque autre forme de violence. Mais vous

rendez-vous compte que d'appeler la violence de la police une violence «

institutionnelle » est un euphémisme qui trahit votre incapacité de

regarder les choses en face ? C'est d'abord faire bien mauvaise presse

au concept d'institution lui-même. À ce que je sache, il s'agit d'un

concept qui, dans les sciences humaines, veut saisir la capacité de la

société de réfléchir sur sa destinée et de concrétiser des idéaux pour

elle-même. Par ailleurs, je serais étonné d'apprendre que sous le

vocable de « violence institutionnelle », ce que vous visez soit la

violence que vous jugeriez, d'un point de vue anarchiste, inhérente à

toute institution -- après tout, vous avez bien montré dans les mass

media que la métaphysique politique n'est pas votre affaire. Nous sommes

donc amenés à croire que vous dites «violence institutionnelle » pour ne

pas dire « violence exercée en fonction d'un but proprement politique »,

but qui ne peut être que la terreur quand cette violence est exercée par

l'État au nom de la démocratie contre les voix qui s'opposent. Appeler

un chat un chat : voilà ce à quoi nous vous invitons.

Une fois que l'on a été à même de constater que cette violence

terroriste est effectivement déployée contre les opposants dans les

régimes prétendument démocratiques -- on n'avait pas à attendre les

événements de Québec pour en être sûr --, il vous incombe à vous,

l'activiste démocrate, de faire les distinctions nécessaires non pas

entre la « violence institutionnelle » et la «non-violence», mais entre

la violence politique, juste, mesurée et légitime d'une part, et la

violence terroriste de l'État d'autre part. Cela suppose que votre ligne

éditoriale condamnant toute violence soit abandonnée. Il faut savoir

qualifier les violences. Françoise David nous donne plus souvent

qu'autrement l'impression qu'elle assimile la violence pathologique avec

toutes les formes de violence. Vous faites de même. En prime, votre

sentiment d'être appelé à donner l'exemple vous fait croire qu'il

importe que l'on ne puisse soupçonner que vous ayez un goût pour

l'expression violente de l'opposition. N'ayez crainte, ne pas condamner

la violence ne vous rendra pas violent pour autant, et si par hasard

vous aviez en cachette un goût plus engageant pour les actions musclées,

n'écoutez pas votre conscience; ne vous confessez pas aux inquisiteurs

massmédiatiques de nos démocraties.

Pour vous aider à libérer votre conscience de ces démons, nous vous

proposons maintenant une analyse visant à mettre en valeur la

solidarisation des résistants dans le respect réciproque des tactiques

-- ce qui n'exclut pas la critique ponctuelle réciproque --, ce à quoi

l'on a assisté à Québec. Nous croyons qu'il s'agit d'une voie

prometteuse s'il faut penser la mobilisation encore minoritaire comme

l'expression d'une opposition politique efficace. Quoi que vous en ayez

pensé jusqu'à maintenant, cette tactique a réussi à mettre au jour

l'essence répressive de la violence de l'État sans que cela soit trop

onéreux de notre côté. Grâce à elle, les expressions diverses de notre

opposition ont réussi à faire en sorte que l'indifférence de la classe

politique à l'égard de notre opinion se retourne contre elle-même. Et là

nous ne parlons pas d'exposer la mauvaise foi de l'État devant notre

présentation des faits concernant la ZLÉA -- car, comme vous le savez,

cette mauvaise foi n'a pas encore mauvaise presse --, mais de commettre

l'État dans des mesures extravagantes où l'indifférence -- évidemment

feinte -- de la classe politique à notre égard est mise en contradiction

explicite avec tout ce qui est mis en oeuvre pour tenter de nous faire

taire. La classe politique se commet ainsi à chaque fois qu'elle prend

des moyens ou laisse la police prendre à sa place des moyens pour nous

intimider, c'est-à-dire des mesures policières exceptionnelles,

illégales et démesurées. Il ne s'agit pas d'espérer séduire les masses

par notre martyre dû à l'aveuglement policier : par la juste mesure de

notre propre force mobilisée contre la police, il est évident que là

n'est pas notre but. En effet, il n'est aucunement nécessaire de frapper

un « grand coup » et de risquer la mort pour réussir à compromettre la

classe politique et sa police. Des actions titillant l'appareil policier

sont suffisantes pour déclencher la répression démesurée dont les

conséquences sont atténuées d'emblée par la mesure de notre propre force

dans l'action. Cela dit, la raison pour laquelle, en dernière instance,

l'État frappe ne tient pas, comme il le prétend, dans ce qui n'est au

fond que des bravades à l'égard de la police. Ce que craint la classe

politique et la police est le plébiscite massif et spontané par tous les

militants des « coups » justes et mesurés de ceux qui sont prêts à les

commettre. L'approbation spontanée de la violence juste et mesurée à

l'égard de la propriété des grandes entreprises capitalistes, de

l'équipement des mass media, des barricades illégales et des armures de

policiers, voilà sans doute ce qui inquiète le plus l'État parce que

c'est une démonstration de solidarité réelle et massive dans

l'opposition et la résistance réelles. L'État sait bien que cette

solidarité n'a rien à voir avec le sens commun qu'il prétend dégager de

la confusion des votants et de la volatilité des réponses aux sondages;

il sait aussi -- malgré ce qu'il en dit, encore de mauvaise foi -- qu'il

ne s'agit pas non plus d'une forme d'enthousiasme sportif qui ferait des

approbateurs des bravades à l'égard de la police, des amateurs

d'houliganisme. Il sait qu'il s'agit d'une pure expression de la

solidarité politique fondée en raison alors que lui-même ne peut que

faire semblant d'être le fruit d'une telle solidarité. Mais

malheureusement, les gens comme vous et Françoise David, qui ont

contribué, de notre côté de la barrière, à rendre opérante dans le sens

commun mass médiatique la distinction entre la « bonne » désobéissance

civile presque sur le point d'être légalisée et la « mauvaise » violence

qui mène à l'apocalypse, faites le jeu de l'affirmation martelée par

l'État que tous les violents sont des voyous et que ceux qui les

approuvent sont des voyeurs irresponsables. Vous contribuez au travail

de propagande visant à faire apparaître comme dépolitisée la résistance

radicale.

Qu'à cela ne tienne, le tourment de l'État reste bien réel et c'est la

démesure de la police qui en fait foi. La démesure ne trompe pas quand

elle consiste à arrêter n'importe qui sous prétexte de participation à

une émeute alors qu'au même moment, la police martèle dans les médias

qu'il n'y a pas eu d'émeute pour ne pas donner l'impression qu'elle

aurait perdu le contrôle. En fait, l'État policier ne ment pas quand il

affirme que Québec n'a pas été le théâtre d'émeutes car il est vrai que

les manifestants ne sont jamais devenus la foule de pillards que tous

les réactionnaires attendaient. Mais l'État policier pêche tout de même

par omission en ne disant pas qu'il a craint bien plus que l'émeute, ce

que trahissent en fait les mesures qu'il a prises, lesquelles n'étaient

pas simplement des mesures de contrôle de foule, mais des mesures

anti-insurrectionnelles. Cela est évident quand on constate la

militarisation dont la police fut l'objet, d'abord par sa mobilisation

massive démesurée puis par ses manouvres visant à contrôler non pas les

foules mais les territoires -- nous référons à l'étanchéisation du

quartier délimité par le périmètre de sécurité et l'évacuation

systématique du quartier St-Jean-Baptiste dans la soirée du samedi 21

avril. Des tactiques terroristes qui sont typiques des États policiers

en état de crise ont également été mises en oeuvre à Québec. La

réputation de nos agents de la paix, selon laquelle ils sont doux comme

des agneaux, a été définitivement démentie par leurs tactiques

d'intimidation non plus seulement à l'égard de militants surchauffés --

ce qui serait déjà illégal -- mais de n'importe quel citoyen. Elle

consistaient en des arrestations-kidnappings, des arrestations

arbitraires sans chef d'accusation, des détentions abusives, des délais

abusifs de toute sorte pour les détenus, voire de la torture blanche

pendant la détention. En prime, la police a organisé non pas

l'infiltration d'une dangereuse cellule de terroristes, mais celle d'un

groupe d'étudiants militants pour éventuellement les commettre dans

presque rien du tout et monter l'affaire en épingle dans les médias, ce

qui relève encore des tactiques de propagande des États policiers.

Évidemment, la justice ne pouvait qu'être complice de la police : des

cautions inhabituellement élevées ont été exigées; des manifestants

pacifiques ont été gardés en prison sous prétexte qu'ils représentaient

un danger pour la société; un juge a même fait dire à un témoin qui

parlait en faveur de J. Singh le contraire de son propos pour appuyer sa

décision de garder J. Singh en prison.

Vous pourriez maintenir qu'il est inadmissible que plusieurs personnes

paient de leur arrestation leurs convictions politiques sans avoir été

pour autant impliquées dans la confrontation active avec la police et

qu'elles ne se soient pas décidées de manière franche, comme vous le

faites, à payer ce prix. Nous vous dirions d'abord que ces arrestations

ne tiennent pas à quelque irresponsabilité des militants actifs : c'est

toujours la police qui doit être considérée responsable quand elle

décide d'assaillir arbitrairement les militants. En l'occurrence, c'est

bien pour tenter de parer à l'arbitraire de l'action policière, quand

elle est devenue répression politique, que la tactique consistant à

déployer la manifestation sur différentes zones désignées en fonction du

degré de risque d'arrestation que comporte le fait de s'y retrouver est

mise en oeuvre. Incidemment, il est intéressant de noter que plusieurs

militants ont décidé de prendre le risque de l'arrestation non pas en

commettant des actes violents mais en décidant d'être présents là ou la

résistance était plus radicale et, le cas échéant, en approuvant

explicitement les actions musclées. Parmi ces personnes, celles qui

furent arrêtées l'ont été non pas parce qu'elles l'avaient choisi --

comme il vous arrive parfois de le faire -- mais parce qu'elles avaient

choisi la résistance radicale. Et l'on ne voit pas pour autant ces

personnes condamner de manière unanime le fait qu'elles ait été arrêtées

alors que d'autres, plus compromises, ne l'ont pas été : les personnes

arrêtées sont pour la plupart convaincues du caractère essentiellement

politique de leur arrestation et elles en ont assumé le risque. En un

mot, les manifestants qui n'ont pas suivi vos cours de désobéissance

civile savent quelque chose qui vous échappe : c'est le caractère

arbitraire de leur arrestation, qui confère à celle-ci son caractère

politique et ils assument le risque d'être l'objet d'une arrestation

politique en sachant qu'elle n'est jamais juste. Surtout, ils ont perdu

cette naïveté, qui vous englue, de croire que le martyre de

l'arrestation volontaire permet de politiser leur procès. C'est en

débusquant l'intention systématique d'outrepasser la légalité chez

ceux-là mêmes à qui l'on confie l'usage exclusif de la violence dans nos

démocraties que l'on trouve le meilleur moyen de politiser le procès des

militants. Et cela, bien des gens l'ont compris à Québec; il serait

temps que vous le compreniez aussi.

Tout n'est pas perdu. Nous avons remarqué que la gauche institutionnelle

modérée a exigé une enquête publique concernant les agissements de la

police à Québec et a même affirmé qu'elle comprenait l'expression de

colère le long du mur de la honte. Nous imaginons que vous en êtes. Il

faudra que vous soyez dans la rue les 22 et 24 mai avec tout ceux qui

vont demander que cesse l'extravagance juridico-policière qui coûte cher

aux personnes déjà emprisonnées abusivement et qui courent la chance

d'avoir des condamnations démesurées.

Au plaisir de vous voir parmi nous,

LE COLLECTIF DE RÉFLEXION SUR L'AIR DES LAMPIONS*

* Ce collectif se propose de réfléchir sur les nouvelles formes

expressives des revendications populaires qui reprennent la rue. «

L'air des lampions » est un nom qui sert à désigner les slogans

revendicatifs populaires et qui en évoque un très célèbre datant de

1848, revendiquant un meilleur éclairage des rues de Paris.



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