En décembre 1999, la Chine et les USA signaient un accord commun en vue d'une probable adhésion de la Chine dans l'Organisation Mondiale du Commerce. Cette décision tombe alors que bon nombre de mouvements progressistes s'opposent à l'OMC. Solidaire a rassemblé les principaux arguments chinois.
La Chine et l'OMC
Pourquoi la Chine désire-t-elle adhérer à l'OMC
En décembre 1999, la Chine et les USA signaient un accord commun en vue d'une probable adhésion de la Chine dans l'Organisation Mondiale du Commerce. Cette décision tombe alors que bon nombre de mouvements progressistes s'opposent à l'OMC. Solidaire a rassemblé les principaux arguments chinois.
Présentation de Mao Ning
On peut subdiviser l'argumentaire chinois en deux parties. D'abord, considérons les conséquences qui se répercuteront à travers le tiers monde en cas d'adhésion de la Chine. Ensuite, examinons la situation dans le pays-même.
le tiers monde sort gagnant
La Chine demeure aujourd'hui partie intégrante du tiers monde. Si la capacité industrielle du pays se place dans le peloton de tête au niveau mondial, le revenu moyen de ses habitants reste encore faible. Cela s'explique simplement par le fait que les réformes économique ont d'abord profité aux régions côtières, notamment aux " zones économiques spéciales ". L'intérieur du pays continue dans une économie essentiellement rurale. Nous pouvons aussi remarquer que la Chine manque dans de nombreux secteurs de technologies de pointe.
Dans ce contexte, les autorités chinoises revendiquent au même titre que tous les pays pauvres, des échanges nord-sud équitables, c'est à dire la fin du pillage des richesses du tiers monde par les multinationales, et le développement de l'éducation, des sciences, des techniques industrielles et de la santé. La nécessité de législations pour 'réguler' le commerce mondial se fait sentir. Les autorités chinoises perçoivent leur accueil (probable) au sein de l'OMC comme équivalent à leur admission en 1971 à l'ONU : S'il est vrai que ces organismes sont contrôlés par les pays capitalistes, la Chine est résolue à se positionner en tant que porte-voix des pays en voie de développement (1).
Les Chinois donnent déjà depuis bien longtemps une preuve de ce qu'ils avancent. Les échanges commerciaux avec les pays capitalistes (USA, Japon et Union Européenne) apparaissent nettement bénéficiaires en faveur des Chinois. Au contraire, la balance commerciale chinoise envers les pays pauvres penche sans conteste en faveur de ces derniers. (2) Cette politique menée volontairement par la Chine s'inscrit dans un esprit de solidarité avec le tiers monde. Soulignons au passage, que se dessine ainsi une 'nouvelle géopolitique économique', en ce sens où la Chine émerge de plus en plus comme un carrefour incontournable des échanges nord-sud. Pas étonnant d'entendre le président brésilien Cardoso proclamer que ses liens avec la Chine s'élèvent au stade " de partenariat stratégique "(3). Pas étonnant non plus de constater que les Américains tentent de créer une zone économique pour les Amériques, afin de chasser les Chinois d'un marché qu'ils se réservent. En somme, le tiers monde peut être serein de voir la Chine marcher à ses côtés.
Le défi chinois
Depuis l'avènement de la Chine nouvelle, le gouvernement a dû s'atteler à nourrir une population nombreuse et éparpillée sur un pays-continent. Le développement économique est directement devenu une priorité (comme en témoigne le tableau ci-dessous), ainsi que son corollaire le développement de l'éducation et des technologies.
Année
1949
1959
1981
1982
1986
Industrie légère
103
616
2637
2766
4597
Industrie lourde
37
867
2483
2704
5252
Chiffres exprimés en 100 millions de tonnes de production
Source : China Statistics YearBook, 1987
La progression sans cesse croissante de l'économie chinoise pendant la période de construction du socialisme sous la direction de Mao ZeDong est évidente.
A cette époque-là, les impératifs économique se tournaient davantage vers l'industrie lourde, car la Chine devait d'abord penser à faire face aux menaces extérieures.
Cet type de production suffisait à nourrir le peuple, mais ne fournissait que très peu de 'biens de consommation' (car peu d'accumulation de capitaux).
Dans le tableau suivant, on remarque que l'ouverture économique et les réformes menées depuis 1978 ont accentué la hausse de la production, avec cette différence que l'économie chinoise s'est fortement tournée vers l'industrie légère, et cela principalement à cause d'une hausse importante de la demande.
Output Values of some Consumer good industries
Année
1980
1985
1990
1995
Boissons
67.27
149.91
384.97
1155.68
Cuir
50.1
84.09
199.11
974.41
Fibre chimique
33.75
79.3
272.42
809.94
Alimentation
393.63
632.91
1256.84
4040.17
Couture
107.05
171.78
414.64
1470.15
Bois
30.6
56.74
103.24
405.53
Articles de sport
21.82
37.65
90.11
371.06
Textile
699.11
1056.44
2291.08
4604
Imprimerie
47.15
84.04
173.39
411.59
Mobilier
22.85
47.35
81.37
226.03
Papiers
87.92
153.86
388.71
1014.46
Source of data : 1980-1996 issues of China Statistics Yearbooks
Cependant, les dirigeants chinois se sont très vite aperçu que ces nouvelles initiatives n'avaient de sens que si elles permettaient un développement à long terme, et profitant à toute la population. Des avancées technologiques se sont faites de plus en plus pressantes, et avec elles, un rehaussement du niveau d'éducation et de santé. La lutte pour acquérir des technologies de pointe est fondamentale pour un pays comme la Chine, car c'est une des garanties indispensables de son 'indépendance' vis à vis des multinationales et des pays capitalistes(4).
Car en effet, les Chinois ont rapidement pris conscience de l'urgence de contrer la tactique des multinationales. Non seulement la mise à jour technologique est suivie de près par les plus hautes instances du Bureau d'Etat au Plan, mais en plus le gouvernement chinois refuse les contrats qui rangent les industries implantées en Chine au rang de sous-traitant (5).
En définitive, le mot d'ordre général est " non à la stagnation économique et technologique ". Les gens de la rue répètent à qui veut l'entendre que pour voir s'épanouir le pays, " il faut réfléchir au passé. La Chine a manqué le rendez-vous de la révolution industrielle, et cela nous a coûté 150 années de colonialisme. Nous ne pouvons sous aucun prétexte manquer le prochain round de la mondialisation. " (6)
Dangers politiques!
Afin de se conformer aux normes de l'OMC, les autorités chinoises ont entrepris " de séparer les pouvoirs économique et politique, nous dit Liu Junning, de l'Académie des Sciences sociales de Chine. Adhérer à l'OMC, ajoute-t-il, va induire qu'il n'y aura plus de politique de la boîte noire, i.e. une transparence totale." (7) Cela comporte évidemment pas mal de risques. " La perte du contrôle du marché domestique chinois aurait de très graves conséquences. Cela signifierait la fin de la compétitivité des produits
chinois. " (8)
Le saviez-vous ?
1. Le PIB de la Chine était de 67.9 milliards de $ en 1952. Il est passé
à 7936.6 milliards de $.
2. Les exportations chinoises était de 1.94 milliards en 1952. Il est
de 323.9 milliards de $ en 1998. Ce chiffre a été multiplié par 166 fois,
soit une croissance de 11.8% par an en moyenne. 3. La réserve en devises
étrangères convertibles était de 2.15 milliards de $ en 1977. Elle est
passée à 145 milliards de $ en 1998.
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