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Médiallucinationsvieuxcmaq, Martes, Mayo 8, 2001 - 11:00 (Analyses)
Eric Charbonneau (natureboy3@hotmail.com)
À entendre les médias officiels, on croirait qu’il n’y a que deux camps dans l’épopée de la mondialisation : les « ultralibéralistes », organisés et porteurs de la bonne nouvelle, et les « antimondialisations », désarticulés et troubles-fête. Tss ! Tss ! Cette vision des choses est une invention des mass medias, arme ultime des ultralibéralistes contre les groupes antimondialisation. De cette façon, monsieur-tout-le-monde reste bien tranquille à la maison. En effet, l’ultralibéralisme, tout comme le judo, utilise la force déployée par l’adversaire pour mieux le neutraliser. La démonstration de force télédiffusée suffit à dénigrer le message antimondialisation et à encourager les téléspectateurs à ne pas s’en mêler. Pourtant, la grande majorité des militants sont pacifistes. Que se passe-t-il? Comment l’ultralibéralisme parvient-il à tuer le poussin dans l’œuf? En fait, ceux qui servent le mieux les médias officiels, outils de la pensée unique, sont les anarchistes d’extrême-gauche avec leurs « black blocs ». Voici, à titre informatif, une partie d’un texte d’invitation à un black bloc : (...) L'objectif n'est plus qu'une simple mise en scène pour les médias, mais vise surtout à perturber l'infrastructure capitaliste en bloquant les principales artères, en forçant les entreprises à fermer, en détruisant la propriété des corporations et de la police et en empêchant la tenue d'importantes rencontres. De nombreux militant(e)s radicaux en sont venus à la conclusion que la participation aux manifestations approuvées par l'État ne constituait pas en soi une forme de résistance. Un permis ne sera jamais émis pour une révolution. Dans le but de s'opposer fermement au capitalisme, au patriarcat et à l'État, nous devons avoir recours aux actions militantes combatives, comprendre orchestrer des actions directes (...) Ces fameux débordements de violence et de vandalisme servent très bien la quête capitaliste en faisant peur à la population civile, par le biais des médias officiels, qui finit par trouver justifiable le phénomène des périmètres de sécurité et des opérations policières à grand déploiement - opérations qui servent surtout les ultralibéralistes dans leur remodélisation de l’opinion publique vers la pensée unique, en associant les groupes militants antimondialisation à des terroristes. Voilà pourquoi ils ne font pas leurs réunions loin des grands centres urbains. Se cacher donnerait l’impression à trop de gens qu’on y concocte le mal, qu’on conspire en cachette. Les médias ne pourraient pas diffuser d’images d’anarchistes déchaînés lançants des cocktails molotov aux policiers. Aucun matériel de propagande ne serait disponible pour étouffer le très légitime mouvement antimondialisation (anti-ultralibéralisme, nous devrions dire) en l’associant à des actes terroristes, en brouillant systématiquement les faits. Il faut comprendre la colère des anarchistes et leur besoin de liberté, mais nous ne sommes plus en 10 000 av. J.-C.! L’Homme est un animal social et l’histoire humaine a démontré que nous sommes portés naturellement à se rassembler en (très) grands groupes, de force ou de plein gré. Nous sommes 6 milliards et la vie ne peut être qu’un gigantesque Woodstock continuel. Tout ce beau monde doit s’organiser harmonieusement dans une vrai démocratie, et non chaotiquement. Donc, on assiste à un combat entre deux clans antagonistes qui occupent tout l’espace médiatique. Le premier est très bien organisé, avec de son côté les médias, les chefs d’États (de leur plein gré?), la police et l’armée. De l’autre, des « tribus » anarchistes qui tentent de faire maladroitement un pied-de-nez au système en jouant inconsciemment le même jeu de destruction que lui. Puis, au milieu de la tumulte, il y a tous les groupes antimondialisation pacifistes, qui font les frais des ultralibéralistes et des anarchistes extrémistes auprès de l’opinion publique. Pourtant, ces regroupements sont la grande majorité, mais restent des acteurs secondaires au petit écran et dans les journaux. Les ultralibéralistes ont en effet tout avantage à ne pas dissocier dans la tête des gens les anarchistes des autres militants, ce qui justifie l’utilisation des gaz lacrymogènes, les matraques, et les balles plastiques dans les grandes mobilisations citoyennes. On tire sur des pacifistes pour donner l’impression aux téléspectateurs que beaucoup de manifestants cherchent le grabuge : on revendique un millier de choses et on brise des vitrines! Voilà le message véhiculé. 1-0 pour les ultralibéralistes. Pourtant, ces « milliers de choses » sont toutes les conséquences du même système ultraproductiviste qui favorise les prédateurs au détriment de ceux qui vivent sans cette soif de pouvoir, de conquête et de richesse. Malheureusement au point de vue médiatique, il ne peut y avoir qu’un seul groupe revendicateur chez les antimondialisation pacifistes, puisque nous faisons face à un système de pensée unique, donc qui s’installe partout et confortablement dans notre vie quotidienne, de notre culture et notre façon de consommer – un système « touche-à-tout » à deux vitesses qui roule à toute vitesse vers nulle part... Que les revendications soient de l’ordre des normes du travail, de l’environnement, du droit à la santé, à de la nourriture saine ou l’accès à l’éducation, la source du problème est la même : l’ultralibéralisme et la privatisation qui pousse l’humanité et la planète vers le burnout. Donc, l’ultralibéralisme et l’anarchisme sont des culs-de-sac. Ce sont pourtant les vedettes du spectacle. Les défenseurs de la loi naturelle du marché ne dissocient plus, dans leurs discours, les mots « démocratie » et « libre-échange ». Et pour leur part, les anarchistes d’extrême-gauche scandent que la démocratie est une utopie irrationnelle en favorisant le scénario catastrophe. Le mouvement antimondialisation doit lutter pour bien se dissocier de l’anarchisme. La première bataille des militants antimondialisation pacifistes devrait être d’emmener la population à bien distinguer les trois camps et que ni l’ultralibéralisme, ni l’extrême-gauche ne nous fera parvenir au monde « civilisé » auquel nous aspirons (presque tous) : un monde libre basé sur une science, des moyens de productions et des échanges respectueux de notre Terre, favorisant l’épanouissement des sociétés dans la sécurité et le respect de leurs cultures respectives. Une mondialisation démocratique où les lois et les moyens servent au bien-être du plus grand nombre. Dans une vision globale de notre monde, en ce début de millénaire, il y a trois camps. Dans lequel vous situez-vous?
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