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À lire, à en rire !

vieuxcmaq, Miércoles, Abril 25, 2001 - 11:00

Robert Minguez (robertminguez@hotmail.com)

Je suis donc allé à Québec pour manifester contre le projet déjà bien avancé de Zone de Libre Échange des Amériques. Si tu n'est pas trop informé, il s’agit des accords visant la Globalisation des marchés (Mondialisation n'étant plus le terme adéquat).

C'est un sujet assez inquiétant!

Brossé par le maître d'oeuvre Américain monsieur George W. Bush, nous est imposé un tableau représentant un monde de rêve, où une alliance économique garantirait prospérité et démocratie pour tout le continent Américain, ainsi que pour tout ces citoyens.
C’est alors qu’un grand Chrétien « con firmé », invite des experts, au nombre de 33, comme l’âge du Christ lors de son trépas sur la croix. Excepté son demi-frère « QU’EST BÈGUE » et Juda « QU’EU BEIN » du trouble au large sur son île, sont accueillis les 33 membres dans une cité tellement féérique que pour le commun des mortels, elle est comme un sommet inaccessible. Afin de discuter des règles de composition qui font de cette image, un chef-d’oeuvre si parfait à leurs visions hautement sensibilisées par la grandeur du pouvoir et de l’argent, un banquet est donné. Pour ces rois sont servis plus que « cène$ ». Entre-autre précieuses denrées poindront sur le sunday, des « bleuets ».

Non loin de là, certains penseurs et philosophes populaires associés à tort à des « Manitous » sortis de cauchemards ou autres songes enfumés, s’éveillent irrités à l’idée qu'il pourrait se cacher sous le vernis de « l’Oncle », un paysage bien uniforme; minimaliste, insipide, vide de sens, sans perspective ni profondeur ni même ... si, il y a une couleur: le vert; mais pas celui de l’herbe ou de ma pomme pas encore très mûre.

Alerte! Ces gens d’un autre genre qu’on appelle humains, hommes et femmes, peuples, prétendent voir dans la trame picturale opaque un mauvais dessein; un shéma hypnotique révélant une volonté hypothécaire et hypothétique basée sur l'avoir. Ils prétendent que la seule expression de cette image est la main-mise sur toutes les richesses les énergies et la vie qui elle pour se défendre, gronde. Tout comme le monde qui se rassemble attiré par l’écho troublant du slogan ZLÉA et par ce qui est en train de se passer là-haut; pas au ciel, dans la citadelle.

Qu’est-ce que c’est donc, cette ZLÉA?

Sachant que les accords en jeu n'ont même pas été révélés au public, cela laisse à désirer sur la réelle volonté d'impliquer les populations concernées, dans une discussion concernant leur avenir commun. En effet, c'est bel et bien en cachette, derrière un véritable mur d'enceinte érigé pour le temps du sommet afin d'éviter tout mouvement protestataire, qu'on eu lieu ces discussions.

On constate une dictature du pouvoir économique sur le pouvoir politique et la démocratie. Le contrôle des états par les multi-nationnales est une réalité. Les accords vont asseoir les bases législatives qui rendront des états pauvres encore plus faibles devant des compagnies privées principalement américaines, c’est quasi évident. On s'écarte des débats sociaux de fond, santé, éducation, aide sociale, protection de l'environnement (Kyoto non signé), même si notre « glorieux » 1er ministre du Canada s’est voulu rassurant sur ces points lors de la conférence de presse donnée à la fin du sommet.
Il y a pire. Une entreprise privée pourra concurrencer en territoire étranger, les services publics tels que ceux de la santé et l’éducation. Si elle le désire, cette compagnie aura le droit de traîner en cours ce même pays si elle n'obtient pas les avantages nécessaires à son bon développement, ce qui lui permettra de réclamer des compensations pour couvrir les pertes causées par les ralentissements encourrus et d’anéantir la concurence pourtant légitime. La logique du libre-échange signifiant que ces droits pourraient s’appliquer à toutes compagnies de tous les pays d’Amérique, on pourrait voir cela d’un plutôt bon-oeil. Seulement, on le sait, les principaux lobby sont dirigés par les Américains. Les États-Unis détiennent 80% des richesses avec le Canada dans une proportion bien plus modeste. Les gros sont évidemment là, à se frotter les mains. Pas étonnant que le Mexique avec son président Fox (ancien directeur de Coca-cola Mexique, un parachuté au pouvoir) veuille sa part du gros GATTeau qui s’annonce et accéder à un rang plus enviable que celui qu’il détient présentement. Que deviennent alors les autres pays membres? Il n'y a qu'à se référer à ce qui parallèlement à ce sommet touche l'Argentine, l'Équateur, le Vénézuela par exemple et de constater l'état déconcertant de leurs économies ravagées par la dette et l’inflation, les migrations de peuples autochtones dépossédés de leurs terres vers des bidon-villes grossissants ou le phénomène de la dollarsation annonçant une uniformisation contagieuse.

J'ai l'air d'avoir un vrai discours de syndiqué, de militant, de communiste même, mais ce n'est pas le cas. Je ne fait parti d'aucun mouvement politisé, même si je m'informe de plus en plus sur ceux qui se sont créés récemment. Pour ma part, c'est le bon sens qui parle. Ici, on se rend bien compte que ces chefs d'états barricadés sont des fous, qu’ils sont inconscients. Qu'ils sont par leurs méthodes sournoises les vrais violateurs de la démocratie et les vrais générateurs de la violence qui se déclare un peu partout. Leur arme favorite: avec beaucoup de cynisme consiste à rejetter la faute sur des gens excédés qui n'étant pas écoutés ni pris en comptes n'ont d'autre choix que la révolte. Ainsi ils crééent l’instrument qui permet leur règne; la peur, l’insécurité, la pauvreté, la haine, l'anarchie. En diabolisant ses victimes ou ses précurseurs, les possédants au pouvoir les condamnent d’être anti-démocratiques par leurs agissements. Ils les accusent de ne pas suivre la voie constitutionnelle, celle des urnes, celle qui permet d’élire leurs représentants qui d'ailleurs n'existent pas puisqu'ils ne sauraient avoir un quelconque poids politique. Quand les syndicats sont impuissants, non tolérés ou pas autorisés à se développer dans certains cas; quand la râle des individus n'est pas écoutée; quand on voit à quel point les gens ne sont pas portés à manifester car ici en Amérique du Nord cela devient un acte répréhensible (dans le sud aussi mais de façon plus grave encore), on peut se demander vraiment ce que la statue de la liberté fout Aux États-Unis, à New York et pourquoi l’Europe (la France) la leur a donnée.

Ici, royaume du capitalisme, la liberté, c'est la liberté de consommer. Si tu peux t'acheter quelque chose, tu es un être qui vit librement. Si tu ne peux rien acheter, on te donne encore une chance avec les crédits ou la marchandise qui ne vaut pas un clou, faite par des pauvres, pour des pauvres et pour enrichir des riches. Si cela également t’es impossible, tu as droit au jeux d’argent. Si tu ne peux miser le peu que tu possèdes, les compagnies pharmaceutiques feront de toi un cobaye moyennant une somme d’argent. Si tu es sans ressources et que tu refuses d’être un cobaye, il y aura encore ton corps pour la jouissance d’autres perdus. Si ton corps est encore sain, certains de tes organes pèseront peut-être quelque chose dans la balance d’un marché illégal. Si tu fais manquement à un de ces quelques exemples alors ta peau ne vaudra pas grand chose. Le bien-être est dans l'acte de consommer. Tout devient un produit de consommation. Tout est en passe de devenir marchandisable. Même la nature que l’on croyait plus forte que tout, perd ses droits face à l'argent. Et les exploitants qui ne manquent pas d'idées juteuses pour faire du vivant une source d’argent : OGM, clones, eau ... Ça c'est le débat de José Bové (dénonciateur de la « mal-bouffe », et de la politique productiviste qui a transformé la paysannerie en gestionnaires d’une industrie polluante) dont j'ai lu le bouquin et que j'ai d'ailleurs croisé dans les rues de Québec, avec ses petites lunettes de natation vert-fluo, « anti gaz lacrimogènes » pour l’occasion, portées autour du cou pendant une brève dissipation de gaz fumigènes irritants.

En tout cas, ici à Québec il n’y a eu rien de plus que du grabuge. J'ai voulu voir de près à quoi ça ressemblait des affrontements entre casseurs et forces de l'ordre. C'était moins grave qu'à Seattle paraît-il. La police et l'armée se sont préparés exagérément. Plus de cinq mille agents armés jusqu'aux dents. Une prison a été vidée pour accueillir les trouble-fêtes. La force de dissuasion des médias s’est montrée parfaitement efficace, grâce à leurs annonces hyper-tapageuses sur tout ce qui vise à créer un état de psychose chez les gens, qui pour beaucoup je crois se sont abstenus d'aller à Québec pour cette Marche des Peuples des Amériques qui se voulait pacifique et qui l’a été en grande partie.

Entre 35000 et 60000 personnes se sont pointées au rendez-vous pour protester. Moi je me suis bien amusé. Le soleil était présent et le rassemblement s'est fait progressivement. La foule est devenue de plus en plus hétéroclyte. La joie, la bonne humeur était grandissante. L'humour et la créativité de certains manifestants aussi était étonnant. Des panneaux et des banderoles bariolés, des marionettes et des chansons de la musique accompagnée de danses, tout cela ridiculisant et traitant avec dérision l'atrocité infligée par les riches gouvernants aux peuples démunis.

Je suis allé voir de près les « terribles » affrontements. La tête enturbannée dans mon chandail en guise de masque à gaz et ne laissant apparaître que mes lunettes de soleil, je me suis mêlé aux casseurs, sans rien casser d'ailleurs, je le jure, mon but se limitant à n'être qu'un observateur. C'était la fête! J'ai pu goûtter au canon à eau quand il a fait trop chaud. Quel gâchis, cette eau qui sera bientôt si précieuse si l’on n’y prend pas garde...! Les gaz aussi, nommés poivre de cayenne pour leurs donner une saveur plus « politically correct » bien sûr, mais qui n’en sont pas moins « picante ». Enfin j'ai senti que je devais vraiment avoir l'air d’un malfrat affreusement menaçant avec ma veste en jeans attachée autour de la taille, lorsque j'ai reçu une balle en plastique sur la hanche ... même pas mal!
Certains manifestants faisaient preuve « d’héroïsme » en ramassant pour les renvoyer à leurs expéditeurs, les bombes lacrymogènes lancées à la foule mal protégée contre leurs effets.
Sur un tronçon d’une bretelle d’autoroute menant à un point stratégique proche d’une partie du « mur de la honte » se trouvaient des centaines de personnes qui avec des pierres cognaient sur les rembardes, les poteaux et panneaux routiers métalliques , créant un vacarme claquant qui donnait le rythme à tous ceux et celles qui s’en donnaient à coeur joie, en envoyant des cailloux et quelques cocktails molotov sur les poulets en faction. Ça a duré au moins 6 heures. Quand il a commencé à faire nuit, la police a doublé ses effectifs. Elle s’est rapprochée par d’autres rues pour venir maîtriser les vandales. Tout cela s’est déroulé progressivement et très facilement, en même temps que la nuit tombait et que la lune s’élevait dans le ciel que l’on pouvait voir étoilé, malgré la fumée asphyxiante. La partie de plaisir touchait à sa fin et sous les embranchements d’autoroute, loin de toute cible sérieuse, près d’un grand feu de joie improvisé avec des bouts de bois.

Preuve que tout le monde ne souhaitait que s’amuser dans ce faut semblant d’explosion de violence, tout s’est déroulé comme si cela avait été programmé, comme un bon show avec ses effets pyrotechniques. Je pense personnellement qu’un choix a été fait par les dirigeants des forces policières. Il fallait bien contenter tout le monde.C’était une démonstration, un moyen de permettre à des agents de la paix manquant d’exercice de se défouler et de tester leur lourds équipements. Pour les manifestants, cela a été très animé, la haine de certains était mêlée à un grand enthousiasmes chez d’autres.
Bravo! Beau spectacle, surtout pour les journalistes qui ont pû profiter de ces événements sensationnalistes pour couvrir la une en titrant des idioties du genre « _ Québec, comme à Beyrouth ! » dans le but probable de détourner l’attention des lecteurs du réel sujet qui a motivé tout ce qui s’est produit entre le 17 et le 21 avril 2001 à Québec à l’occasion du sommet des Amériques et du contre-sommet, celui des peuples des Amériques.



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