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WomenAction au Sommet des peuples - 21 avril

vieuxcmaq, Martes, Abril 24, 2001 - 11:00

Nicole Nepton (nnepton@videotron.ca)

Plus fortes et déterminées que jamais
Une marcheuse chavirée

Plus fortes et déterminées que jamais

Selon les médias et les “monsieur et madame tout le monde” que j’ai rencontré-es ces jours-ci, beaucoup ont compris l’essentiel du message que les militant-es sont venus passer à Québec, mais on parle peu des enjeux du point de vue des femmes. Comme le disait Lorraine Guay, l’une de nos grandes militantes québécoises, le 20 avril dans le périmètre de la solidarité, il est essentiel que la lutte contre la mondialisation néolibérale soit aussi une lutte contre le patriarcat. Nous avons du pain sur la planche pour transmettre notre analyse féministe qui ne venait pas non plus d’emblée aux militants du Sommet des peuples. Si celui-ci n’a toujours pas rejoint le “grand public”, il serait temps d’analyser ensemble pourquoi notre discours ne passe pas dans le but d’améliorer nos stratégies. Comme tout mouvement social, nous avons des forces et des faiblesses et nous serons d’autant plus fortes si nous ne repoussons pas celles-ci sous le tapis. D’ailleurs ne sommes-nous pas plus fortes et déterminées que jamais, Sommets et Marches aidant?

Nicole Nepton - Cybersolidaires – WomenAction

Une marcheuse chavirée

Le gazage, la difficulté de passer la frontière et le prix exorbitant de location d’autobus n’ont pas empêché 68 000 personnes (et non pas 20 000 tel que rapporté par M. Jean Chrétien dans les médias) de venir exprimer leur opposition à la ZLEA le 21 avril, à la Marche des peuples des Amériques. La diversité des contingents et la forte participation des jeunes des deux sexes étaient frappantes et enthousiasmantes. Il est évident que le vieux discours sur l’apathie de la jeunesse ne correspond pas à la réalité. Même s’il a fallu beaucoup de temps avant que tous les contingents puissent démarrer, deux heures de marche séparant la tête de la queue de la manifestation, tout se passait dans une joie partagée. C’était la fête… sous la surveillance de policiers postés sur le toit d’édifices.

Les messages portés par les manifestant-es, la créativité des contingents et la musique étaient un régal. Les femmes ont eu du mal à toutes se retrouver autour de la marionnette géante des SalamiELLES. Finalement rassemblées avec l’Opération SalAMI et ses musicien-nes, c’était un plaisir de les voir très nombreuses à être venues manifester leur rejet de la ZLEA des puissants. Il y avait bien des personnes pour lesquelles une telle marche était un exploit. Entre autres, il était impressionnant de voir Madeleine Parent, une grande militante québécoise, faire la marche jusqu’à la fin en dépit de son âge avancé, ainsi que d'autres aîné-es souvent venu-es avant tout pour soutenir les jeunes dont les perspectives d’avenir les inquiètent.

La vue des colonnes de gaz lancé à cœur joie par une police dont le mot d’ordre était assurément de gazer tout ce qui bougeait dans la haute-ville effarait les regards des marcheuses et des marcheurs. Ça n’empêchait pas la jeunesse - nos enfants - de continuer de monter goûter aux bombes lacrymogènes et aux balles de plastique. Ils-elles ont été gazés et arrosés tout en se prenant des balles de caoutchouc en veux-tu en voilà afin de laisser les puissants régler leur avenir sans s’inquiéter de savoir ce qu’ils-elles en pensent. Au retour de la marche, il n’était pas rare de rencontrer des manifestant-es blessés. La seule consolation était de penser que les policiers devaient crever de chaleur sous leur armure.

La violence exagérée utilisée par les forces policières envers les manifestant-es et leurs choix stratégiques - tels que de les repousser dans la basse-ville en leur laissant tout le temps de faire de la casse jusqu'à ce que les forces policières décident que c'était suffisant pour justifier les plus de 100 millions $ dépensés en mesures de sécurité tout en donnant une image négative des militant-es anti-mondialisation - ont encouragé la casse qui a eu lieu dans la basse-ville au cours de la nuit. Il serait aussi étonnant qu'il n'y ait pas eu d'agitateurs alors que l'on rapportait la présence de bon nombre de policiers habillés en civil. Somme toute, les dégâts n'ont pas été plus importants que lors d'une nuit de fête de la Saint-Jean-Baptiste.

Autant je me suis sentie regénérée d’avoir participé à la Marche des Amériques, autant suis-je revenue à Québec le coeur chaviré par ce que j’ai vu. La lutte sera longue mais je garderai en mémoire que nous avons une belle relève de militant-es courageux dont il y a de quoi être fières et une belle continuité de chefs d'État n'hésitant pas à balancer des discours creux visant à manipuler l'opinion publique pour pouvoir faire leur ZLEA. Mais “je pense, donc je nuis” (selon l'un des slogans de la Marche), comme je diffuse aussi, je nuis encore plus et comme je suis revenue de Québec plus forte et déterminée que jamais, ça craint.

Nicole Nepton - Cybersolidaires – WomenAction

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