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WomenAction au Sommet des peuples - 20 avril 2001vieuxcmaq, Martes, Abril 24, 2001 - 11:00
Nicole Nepton (nnepton@videotron.ca)
Vers un libre-échange participatif? Vers un libre-échange participatif? Lors de la plénière de fermeture du Sommet des Peuples, le 19 avril 2001, tous les rapporteurs des différents forums se sont accordés pour clamer "Non à la ZLEA", "pour le respect des droits humains". Les conclusions des forums partent toutes d'un constat affligeant, que ce soit en matière d'éducation, de droits humains, du désengagement de l'État…, tout en mentionnant quasi systématiquement la spécificité de la situation catastrophique des femmes, et promeuvent l’éducation populaire et le développement des réseaux continentaux pour assurer la sensibilisation des populations. Selon les parlementaires, l'accord de libre-échange des Amériques constitue une "insulte à la démocratie". En déclarant vouloir se rapprocher de la société civile, ils ne s'interrogent néanmoins pas sur d'autres formes de démocratie que la représentative. Leur discours respire certes une certaine intention de soutenir les revendications des mouvements sociaux, mais en aucun cas ne laisse de place à l'expression propre de la vindicte populaire. D'ailleurs, la société civile est-elle prête à prendre les rennes de la prise de décision? Rien de moins sûr. Le chemin vers la démocratie participative sera long. Le point de vue des femmes, une importance capitale! Mercredi 19 avril, la veille de la plénière de fermeture, les participantes des différents forums rapportaient au Comité Femmes les discussions et les propos échangés. Certes intéressants, mais force est de constater que les contenus à saveur féministe étaient variables en quantité et en qualité pour chacun des forums. Ainsi, celui sur l’éducation semble avoir fait consensus sur le plus grand nombre de principes qui intègrent autant les préoccupations des hommes que des femmes. Quant aux participantEs du forum sur les droits humains, ils-elles ont déclaré vouloir s’appuyer sur les grands mécanismes d’encadrement des droits et libertés de l’espace panaméricain déjà en place pour s’assurer que les nouveaux traités les respectent. Cependant, plusieurs groupes s’inquiètent du fait que ces chartes n’ont pas été élaborées de façon à respecter les droits de toutes et de tous, tant des femmes, des hommes que des enfants. Pour sa part, le forum sur les communications a laissé peu de place à la discussion sur les priorités pour la défense du droit à la communication et encore moins d’un point de vue féministe. Le format des rencontres étant de type table ronde et atelier thématique, peu sinon aucune place n’était laissée à la discussion et surtout à l’élaboration de principes directeurs à intégrer dans le document sur les alternatives des Amériques. Ainsi ont été invoqués la concentration des médias, la convergence, la déréglementation, le manque d’accès comme facteurs négatifs pour l’épanouissement d’un espace de communication qu’on voudrait libre, pluraliste, diversifié et non-sexiste, bref, de l’existence d’un espace de dialogue, nous dit Marc Raboy, de l’Université de Montréal (Canada). Toutefois, bien que toutes ces contraintes aient été répétées de diverses façons par plusieurs participantEs, peu de temps était alloué pour décider ensemble des principes à mettre en avant dans le document des alternatives et des futures actions à entreprendre pour tenter de garder le contrôle sur cet espace public de plus en plus privatisé. Ainsi pourrions-nous discuter des recommandations de chacun des forums. Retenons une chose: la place prise par les préoccupations des femmes a beaucoup variée selon l’importance de leur participation à chacun des forums. Si les femmes sont très présentes en éducation, on ne peut pas en dire autant dans le domaine des communications. C’est à nous de prendre le bateau! La culture et la connaissance ne sont pas à vendre La toile de fond a incité le Sommet des peuples à renoncer à la communication comme secteur critique de la lutte sociale, qui doit être inclus dans ses actions futures, au niveau théorique et pratique. De plus, il a insisté sur les recommandation suivantes : La présentation a conclu que "la culture et l'économie ne doivent être mises en vente!". Qui représente légitimement les peuples? Le 19 avril, au cours de la plénière du Sommet des peuples, les participant-es se sont élevés contre le rôle désormais joué par les États. La terrible violence des pratiques commerciales néolibérales rapportées par les représentant-es de la société civile du sud au nord des Amériques montre clairement que la ZLEA n’est pas pour les femmes, ni pour les travailleurs et les travailleuses, ni pour les peuples autochtones. Même les parlementaires s’élèvent unanimement contre ce processus de négociation opaque qui ne fait de place qu’au point de vue des gens d’affaires. Si les États jouaient leur rôle de défense du bien commun au lieu de satisfaire avant tout les intérêts des transnationales, ils ne sentiraient pas le besoin de s’entourer de milliers de policiers armés et d’un processus de négociation qui ne fait pas de place aux exigences de la démocratie et de la transparence. N’ayant rien à cacher et venu-es à Québec pour rappeler que les droits des personnes ont préséance sur les droits des transnationales, les participant-es au Sommet des peuples n’ont que faire de policiers armés pour les protéger. Qui représente légitimement les peuples? Pourtant, les médias de masse questionnent plus facilement la représentativité des organisations de la société civile au lieu de celle des chefs d’État tout en effrayant la population avec la venue des manifestant-es. Malgré tout, il semble que nous soyons en train de gagner la guerre médiatique. Après le Sommet, afin de poursuivre le travail de sensibilisation des citoyen-nes, les femmes devraient faire de l’exploitation d’Internet une stratégie clé de lutte contre la mondialisation néolibérale, d'autant plus que leurs points de vue sont peu présents dans les médias de masse tandis qu'elles la subissent de plein fouet. Le mouvement des femmes saura-t-il prendre cet urgent virage? Les propositions du 2e Sommet des peuples Les propositions qui émanent de ce 2e Sommet des peuples apportent quelques stratégies nouvelles. Parmi celles-ci, l'élaboration d'une Carte sociale continentale des droits est en discussion, conçue en tant qu'instrument de lutte et d'organisation, et à élaborer avec la participation de la base. L'autre proposition est de réaliser un référendum populaire continental, pour que les millions d'habitants des Amériques puissent se prononcer sur le projet de la ZLEA. Où sont les femmes impatientes, en colère et bruyantes ? Jeudi dernier (19 avril 2001), le mouvement des femmes s'est rassemblé à Québec pour protester contre l'Accord de libre échange des Amériques (ZLEA), elles ont organisé une manifestation pacifique avec beaucoup de couleurs, de chansons et de slogans. Beaucoup de banderoles témoignaient sur la manière dont l'échange néo-libéral et la libéralisation de l'investissement se font au détriment des droits des femmes : la brutalité du système des maquilladoras; la migration des femmes, la commercialisation des corps des femmes, l'accroissement du des tâches des femmes quand l'Etat se soustrait à ses responsabilités publiques, les conflits armés, etc. Cependant, la grande douceur de la manifestation constituait un étrange contraste avec la lucidité concernant les effets violents de la ZLEA sur les vies de femmes. Les chansons étaient douces et presque calmes, plusieurs manifestantes s'étaient déguisées en femmes enceintes, et quand la manifestation-procession atteignit les barrières de sécurité, une action superbe mais presque tendre, des toiles de femmes se rejoignant sur les murs de sécurité a eu lieu. Confrontées aux menaces imposées par la ZLEA sur les vies des femmes, on aurait pu souhaiter voir, sentir et entendre - fort - plus de la colère sans complaisance et de l'impatience des femmes - demandant un processus d'intégration qui inclue les droits des femmes comme un objectif central. La désobéissance civile, une arme redoutable Dans la soirée du 19 avril, au cours du débat animé par Judy Rebick et Monique Simard avec le sinistre bruit de fond des hélicoptères survolant Québec, Philippe Duhamel, de l’Opération SalAMI, expliquait que la désobéissance civile non-violente est une arme redoutable devenue incontournable pour lutter contre la mondialisation néolibérale. Le périmètre de sécurité n’a pas pour objectif de protéger les chefs d’État mais plutôt d’empêcher la désobéissance de masse. Il montre combien les chefs d’États redoutent le pouvoir d’un peuple qui dit NON. Philippe en appelle à redécouvrir ce pouvoir afin d’arriver ensemble à bloquer les institutions mortelles. Comme les travailleurs et travailleuses ont dû apprendre à faire la grève, les militant-es sont en train d’expérimenter la désobéissance civile. Mais les femmes habituées à des méthodes d’action plus conventionnelles oseront-elles s’engager dans cette voie afin d'exprimer clairement leur impatience de voir leurs droits enfin respectés? Cyber-rendez-vous samedi le 21 avril Dans sa couverture du sommet du 18 avril (http://www.itinerant.qc.ca/sommet.html), Monique Fréchette rapporte qu’un sondage publié par le Congrès du travail du Canada révèle qu'un adulte sur cinq soit 4,4 millions de Canadien-nes - veut se rendre à Québec pour manifester contre la négociation d'un accord de libre-échange du type de l'ALENA pour toutes les Amériques. Si vous faites partie des personnes pour qui ce ne sera pas possible, vous pouvez quand même participer à la Marche des peuples des Amériques du 21 avril. À partir du 20 avril, les internautes du monde entier sont invité-es à appuyer les manifestant-es qui se battent afin que les droits des personnes aient préséance sur les droits des transnationales. Allez dans le site de la Marche des peuples à www.marchedespeuples.org et inscrivez-vous afin de contribuer à ce combat qui nous concerne toutes et tous. Faites circuler cette information dans vos réseaux!
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